Table des matières
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La qualité et l’utilité des données découlant du suivi ou de l’évaluation d’une intervention de l’OIM dépendent des phases de planification de la collecte de données, de conception, de mise en œuvre, de gestion et d’analyse des processus correspondants. Il est important de bien comprendre chacune de ces phases, ainsi que leurs corrélations, afin de recueillir des données pertinentes et de qualité pouvant éclairer les prises de décision et l'apprentissage fondés sur des éléments factuels. Le présent chapitre examine les méthodologies de planification, de conception et d'utilisation des divers outils de collecte de données à des fins de suivi et d'évaluation. Il s’intéresse en outre à la gestion et à l'analyse des données recueillies et à la manière de présenter les constatations.

Aperçu du chapitre 4

An overview of chapter 4

Ce chapitre présente les principes méthodologiques de base nécessaires à la collecte et à l'analyse des données. Des questions et des aspects spécifiques concernant les différences entre les méthodologies sont abordées tout au long du chapitre. La connaissance des principes méthodologiques fondamentaux permet de fixer des normes et de garantir une cohérence sous l’angle de la méthodologie, de la qualité des données et de l’établissemet des rapports dans l’ensemble de l'Organisation. Elle renforce la solidité et la rigueur des produits de suivi et d’évaluation de l'OIM et facilite la comparaison des résultats ainsi que leur agrégation.

S’il est nécessaire d’obtenir des données tant pour le suivi que pour l’évaluation, il est important de noter que les méthodologies peuvent varier en fonction des besoins d’information respectifs1 . La méthodologie suivie peut, par la suite, déterminer la finalité de la collecte de données, qui dépendra de la disponibilité des données, du contexte local, des ressources et du temps à disposition, ainsi que d'autres variables.

Le présent chapitre se borne à traiter des concepts qui permettront aux utilisateurs d’acquérir une large compréhension des méthodologies de collecte et d’analyse des données de suivi et d’évaluation. Des liens vers des ressources additionnelles figurent à la fin de chaque section.

Les praticiens du suivi et de l’évaluation connaîtront les méthodologies de suivi et d’évaluation, et sauront notamment comment sélectionner, concevoir et mettre en œuvre des méthodes utiles à leur travail. Ils posséderont en outre les connaissances nécessaires pour effectuer des choix éclairés.

  • 1Voir le chapitre 1 sur les fonctions afférentes au suivi et à l’évaluation et ce qui les distingue.
Normes professionnelles et directives éthiques

Aux différentes phases du suivi ou de l’évaluation, y compris lors de la collecte et de l’utilisation des données, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent observer des comportements éthiques qui les protègent contre toutes pressions internes et externes visant à une modification des constatations avant leur publication ou à une utilisation inappropriée 2

Comportement éthique

L’éthique s’entend d’un ensemble de valeurs et de croyances fondées sur ce qu’une personne considère comme juste, faux, bien et mal et qui influencent les décisions que les personnes prennent. Ces valeurs peuvent être dictées par l’organisation, mais aussi par les lois du pays où travaillent les praticiens du suivi et de l’évaluation, ou encore par ce que les personnes jugent conforme à l’éthique dans un contexte donné.

RESSOURCES

Les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent également agir conformément aux sources suivantes :

Ressource de l’OIM 

Autre ressource 

Groupe des Nations Unies pour l’évaluation (GNUE)

 

  • 3L’OIM est membre du GNUE, ce qui l’oblige à se conformer aux normes et règles professionnelles ainsi qu’aux directives éthiques établies.
    Évaluation et politique

    Les données recueillies constituent une importante source d'informations pour les décideurs au sujet de l'intervention visée par le suivi et/ou l’évaluation. Alors que les évaluations positives peuvent permettre d’obtenir davantage de financements, de développer un projet pilote ou d’améliorer la réputation, l'identification de problèmes graves peut, pour sa part, conduire à des situations difficiles où la crédibilité du travail réalisé est en jeu. Il est fondamental de comprendre et de gérer les situations et les influences politiques afin de préserver l'intégrité du travail de suivi et d'évaluation. Il est par ailleurs essentiel d’appliquer des méthodologies bien définies et solides pour la collecte et l'analyse des données ..4

    Directives et principes éthiques

    Lors de la planification, de la conception, de la mise en œuvre, de la gestion et de l’établissement de rapports sur les activités de suivi et d'évaluation, les praticiens du suivi et de l'évaluation doivent s'assurer que leur travail est éclairé par des directives éthiques, notamment les suivantes :

     

     

    Certains des principes éthiques communs énoncés dans les documents ci-dessus « doivent être appliqués dans le respect total des droits de l’homme, de la protection et de la confidentialité des données, des questions relatives à l’égalité entre les sexes, de l’appartenance ethnique, de l’âge, de l’orientation sexuelle, de la langue, du handicap et d’autres considérations lors de la conception et de la réalisation de l’évaluation »5 Ils peuvent être résumés comme suit :

    Monitoring and evaluation ethical principles

    L’adhésion à des principes éthiques communs contribue également à garantir que les informations recueillies sont exactes, pertinentes, actuelles et utilisées de manière responsable (voir le chapitre 2 et l’annexe 2.1 : Liste de vérification pour un suivi et/ou une évaluation éthique).

    • L’indépendance suppose aussi d’éviter tout conflit d’intérêts et d’être capable de conserver une indépendance de jugement et de ne pas se laisser influencer par les pressions exercées par l’une ou l’autre partie en vue de modifier les constatations de l’évaluation.
    RESSOURCES

    Ressource de l’OIM

    Autres ressources

    Buchanan-Smith, M., J. Cosgrave et A. Warner

    Hidden FieldFitzpatrick, J.L., J.R. Sanders and B.R. Worthen

    • 2004   Programme Evaluation: Alternative Approaches and Practical Guidelines. Third edition. Pearson Education Inc., New York.

    House, E.R.

    • 1995   Principled evaluation: A critique of the AEA Guiding Principles. New Directions for Programme Evaluation, 66:27–34.

    Hidden FieldMorra Imas, L.G. and R.C. Rist

    Morris, M. and R. Cohn

    • 1993   Programme evaluators and ethical challenges: A national survey. Evaluation Review, 17:621–642.

    Thomson, S., A. Ansoms and J. Murison (eds.)

    • 2013  Emotional and Ethical Challenges for Field Research in Africa: The Story behind the Findings. Palgrave Macmillan, Chippenham and Eastbourne.
      Planification et conception des outils de collecte de données

      Une planification et une conception rigoureuses de la collecte de données peuvent permettre d’améliorer la qualité de l'approche et des méthodes en matière de collecte de données et, par conséquent, la qualité des données recueillies. Il est impératif d'identifier l'approche envisagée pour effectuer le suivi ou l'évaluation d'une intervention et d'établir ensuite un plan de collecte de données. Le choix d'une approche appropriée permettra en outre d’évaluer correctement les questions de suivi ou d'évaluation qui orientent tout examen, en tenant compte du contexte précis, des contraintes existantes, de l'accès, du calendrier, du budget et de la disponibilité des données.

      INFORMATION -Gouvernance des données sur la migration de l’OIM

      De quoi s’agit-il ? 

      La gouvernance des données s’entend du cadre utilisé par l’OIM pour gérer les structures, les politiques, les principes fondamentaux et la qualité organisationnels de façon que les données et les informations sur la migration soient précises et sans risque. Elle énonce des normes et des responsabilités et garantit que l’utilisation des données et des informations sur la migration soit optimale pour l’OIM, tout en gérant le coût et la qualité du traitement des informations. La gouvernance des données impose une utilisation cohérente, intégrée et rigoureuse des données sur la migration au sein de l’OIM.

      En quoi cela est-il pertinent pour l’action de l’OIM ?

      La gouvernance des données permet à l’OIM de considérer les données comme un atout dans chacune de ses interventions et, surtout, elle constitue le fondement sur lequel peuvent s’appuyer toutes les intiatives menées par l’OIM. Il est important de garder à l’esprit le cycle de vie des données sur la migration tout au long du cycle de projet. Ce cycle de vie comprend la planification et la conception, la saisie et le traitement, l’organisation, le stockage et la protection, l’utilisation, le suivi et l’examen, et éventuellement l’amélioration des données ou leur élimination.

      Notions essentielles à prendre en compte : 

      • Gestionnaire de données 
      • Rôles et responsabilités 
      • Qualité des données 
      • Classification des données à des fins de sécurité et de respect de la vie privée 
      • Traitement des données, y compris leur collecte et leur utilisation

      Ä Pour plus de détails sur les informations relatives à la gouvernance des données sur la migration au sein de l’OIM, voir l’annexe 4.1. Gouvernance des données sur la migration de l’OIM et suivi et évaluation.

      Planification de la collecte de données

      Lors de la planification de la collecte des données, la prise en compte de certains aspects fondamentaux permet de garantir la validité et la fiabilité des données qui seront recueillies et analysées. Ces aspects sont les suivants : finalité de la collecte de données, méthodologie de la collecte de données, ressources pour la collecte de données et calendrier de la collecte de données. Une approche mixte de la collecte de données associant des méthodes qualitatives et quantitatives peut être envisagée à cet égard

      Figure 4.2. Aspects fondamentaux à prendre en compte lors de la planification de la collecte de données

      Figure 4.2. Key considerations when planning for data collection

      Finalité de la 
      collecte de 
      données

      Quelques questions à poser :

      • Les données sont-elles recueillies à des fins de suivi ou d’évaluation ?
      • Quels sont les principaux besoins d’information ?
      • Quels sont les objectifs, effets direct, produits et activités sur lesquels porte le suivi ou l’évaluation ?
      • Quels sont les résultats escomptés (intermédiaires et à long terme) ?
      • À quels besoins d’information des parties prenantes les données répondront-elles ?
      Méthodologie 
      et méthodes 
      de collecte 
      de données 

      Divers aspects doivent être pris en compte, tels que l’identification de la source de données, la périodicité de la collecte de données, comment les données seront mesurées, les noms et le nombre de personnes qui se chargeront de la collecte de données et, enfin, le choix de la méthodologie appropriée pour concevoir le ou les bon(s) outil(s) de collecte des données.

      Quelques questions à poser :

      • Quels sont les critères et questions auxquels les outils de collecte de données doivent répondre ?
      • De quel type de données a-t-on besoin pour répondre aux besoins d’information ?
      • De multiples sources de données sont-elles nécessaires/utilisées pour répondre aux besoins d’information ?
      • Quels types de données existent déjà ?
      • Quelles données sont manquantes ?
      • Les mesures utilisées pour recueillir des données sont-elles valides et fiables ?
      • Une approche structurée ou semi-structurée sera-t-elle utilisée pour collecter les données ?
      • Quelle est la méthode d’échantillonnage nécessaire pour suivre les progrès accomplis ou pour répondre aux questions d’évaluation ?
      Ressources 
      pour la collecte 
      de données

      Les ressources permettront de mettre en œuvre les choix effectués.

      Quelques questions à poser :

      • • Existe-t-il suffisamment de ressources, notamment sur le plan des effectifs et du budget, pour assurer la collecte de données sur une base régulière ?
      • Qui est responsable de la collecte de données ? Des agents de recensement externes devront-ils être recrutés ?
      • Comment les agents de recensement devront-ils se rendre sur les sites de collecte de données ? Quels sont les coûts y afférents ?
      • La collecte et l’analyse de données engendrent-elles des coûts additionnels ?
      Calendrier 
      pour la collecte 
      de données 

      Le calendrier peut influencer la disponibilité des ressources, ainsi que la pertinence des données (éviter les données obsolètes).

      Quelques questions à poser :

      • À quel stade du cycle de mise en œuvre les données seront-elles reueillies ?
      • Combien de temps la collecte de données est-elle censée durer ?
      • Les données seront-elles recueillies en temps voulu afin de refléter une situation actuelle ?

      Identifier la finalité de la collecte de données 

      La finalité de la collecte de données vise à répondre aux différents besoins d’information. Les besoins d’information peuvent différer selon qu’il s’agit d’un suivi ou d’une évaluation.

      La collecte de données à des fins de suivi, qui a lieu pendant la mise en œuvre, contribue aux besoins d'information afférents à la mise en œuvre au moyen d’outils de collecte de données conçus pour recueillir des données qui permettent de mesurer les progrès accomplis en vue de l'obtention des résultats par rapport à des indicateurs prédéfinis. Les données recueillies à des fins d’évaluation servent à évaluer les résultats de l'intervention et les changements qu'elle a pu susciter à un niveau plus large au moyen d’outils de collecte de données conçus pour répondre aux questions d'évaluation figurant dans le mandat de l’évaluation , la matrice ou le rapport initial (voir également le chapitre 5, Planification de l’évaluation).

      Les processus de planification et de conception des outils destinés à la collecte de données de suivi et d’évaluation peuvent être similaires, car les données recueillies pour le suivi peuvent également être utilisées pour l'évaluation, ce qui permettra de répondre aux divers besoins d'information de l'une ou l'autre de ces activités. Une première étape de la planification consiste à déteminer si la collecte de données est destinée au suivi ou à l'évaluation, ce qui influencera ensuite le choix d'une méthodologie et d'outils appropriés pour la collecte et l'analyse des données. Les tableaux suivants montrent comment certaines questions peuvent déterminer le type de données à recueillir pour, respectivement, le suivi et l'évaluation.

       

      Figure 4.4. Evaluation and vertical logic Evaluation and the vertical log

      Source: Adapté de IFRC, 2011.

      RESSOURCES

      Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR)

        Sources de données

        Dans le Manuel des projets de l’OIM il est précisé que les sources de données indiquent où et comment les informations seront recueillies en vue de mesurer les indicateurs choisis.6

        En général, il existe deux sources de données qui peuvent être utilisées à des fins de suivi et/ou d'évaluation :

        • a) Les données primaires, qui sont les données que les praticiens du suivi et de l’évaluation recueillent eux-mêmes au moyen de divers instruments, tels que les entretiens avec des personnes sources, les enquêtes, les discussions en groupe et les observations.
        • b) Les données secondaires, qui sont les données obtenues auprès d’autres sources préexistantes, telles que le recensement national ou les données d’enquêtes réalisées par des partenaires, des donateurs ou le gouvernement.

        Sources_of_data

        • Lorsque l’OIM travaille avec des partenaires d’exécution qu’elle gère directement, les données recueillies sont considérées comme des données primaires directement recueillies par l’OIM.

         

        INFORMATION - Disponibilité et qualité des données secondaires

        Il est important d'évaluer la disponibilité et la qualité des données secondaires, car cela permet aux praticiens du suivi et de l’évaluation de cibler leurs efforts de collecte de données additionnelles. Par exemple, il est important de vérifier si des données de référence (telles que les données de recensement) sont disponibles et, dans l'affirmative, d’évaluer leur qualité. Si ce n'est pas le cas, ou si les données sont de mauvaise qualité, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent alors planifier la collecte de données de référence.

          Étude documentaire

          Au moment de choisir les sources de données, il est utile de commencer par une étude documentaire pour mieux évaluer le type de données à utiliser. Pour le suivi, cela correspond aux informations de la colonne « Source et méthode de collecte de données » de la matrice des résultats et du cadre de suivi des résultats de l'OIM (voir le chapitre 3). Pour l'évaluation, le type de données à utiliser sera précisé dans le mandat de l'évaluation, le rapport initial et/ou la matrice d'évaluation, et peut englober les données issues du suivi.

          L’étude documentaire se concentre généralement sur l'analyse des sources existantes de données primaires et secondaires pertinentes. Elle peut être structurée ou non. Les études documentaires structurées utilisent une structure formelle pour l'analyse des documents, tandis que les études documentaires non structurées correspondent à une lecture de fond. Des conseils détaillés sur la façon de procéder à une étude documentaire sont fournis à l’annexe 4.2. Comment procéder à une étude documentaire.

            Type de mesure

            Lors de la planification de la collecte et de l'analyse des données, le fait de connaître le type de mesure, c'est-à-dire la manière dont les données seront mesurées, peut influencer le choix de la méthodologie appropriée. Cet aspect revêt une importance particulière pour la conception d'outils de collecte de données tels que les enquêtes.

            Questions à prendre en considération
            rule
            • Que voulez-vous mesurer ? 
            • Dans quel but cette mesure est-elle réalisée ? 
            • Comment allez-vous procéder pour effectuer 
            • cette mesure ?

            Les mesures des indicateurs identifiés dans la matrice des résultats ou la matrice d'évaluation peuvent inclure des variables catégorielles (qualitatives) et/ou numériques (quantitatives). Une variable est une caractéristique ou un attribut qui peut prendre différentes valeurs et peut être mesuré pour chaque unité d'un échantillon ou d'une population (voir la section « Échantillonnage »).

            • Les variables catégorielles sont des types de données qualitatives pouvant être divisées en groupes ou en catégories7 . Ces groupes peuvent être constitués d'étiquettes alphabétiques (telles que le sexe, la couleur des cheveux ou la religion) ou numériques (telles que femme = 1, homme = 0), ou d'étiquettes binaires (par exemple, oui ou non) qui ne contiennent pas d'informations autres que les fréquences relatives à l'appartenance au groupe8 .
            • Les variables numériques (également appelées variables quantitatives) sont utilisées pour mesurer des éléments objectifs pouvant être exprimés en termes numériques, tels que des chiffres absolus. Par exemple, le nombre de personnes ayant reçu une formation, ventilé par sexe, un pourcentage, un taux ou un rapport

            Lors de la conception des indicateurs, il est de la plus haute importance d’établir des liens logiques entre ces derniers et les résultats de l’intervention et de déterminer comment ils permettront de mesurer les résultats.

            • 7Les variables catégorielles peuvent être classées en trois catégories : nominales, dichotomiques (binaires) et ordinales
            • 8Pour plus d’informations, voir Laerd Statistics, s.d. concernant les différents types de variables
            EXEMPLE
            Effet direct A Les migrants font valoir leurs droits en recourant à des moyens légaux. Que voulez-vous mesurer ?
            Indicateur pour l’effet direct A Nombre de migrants qui saisissent la justice pour faire valoir leurs droits de l’homme.

            Quel est la finalité de la mesure ?

            • Évaluer les progrès accomplis en vue de l’obtention de l’effet direct.
            Méthode potentielle pour recueillir des informations Demander aux bénéficiaires s’ils ont ou non saisi la justice au cours des dernières années pour faire valoir leurs droits de l’homme et, dans l’affirmative, combien de fois9

            Comment allez-vous procéder ?

            • En réalisant à une enquête
            • 9Aux fins des Lignes directrices de l’OIM relatives au suivi et à l’évaluation, l’OIM utilise la définition des bénéficiaires et des personnes auxquelles l’Organisation tente de prêter assistance proposée par le CAD de l’OCDE, à savoir : les « individus, les groupes ou les organisations qui bénéficient de l’intervention de développement, directement ou non, intentionnellement ou non. D’autres termes peuvent être employés, comme « détenteurs de droits » ou « personnes affectées ». Voir OCDE, 2019, p. 7. L’expression bénéficiaire(s) ou personnes auxquelles tente de prêter assistance sera régulièrement employée tout au long des Lignes directrices de l’OIM relatives au suivi et à l’évaluation et se réfère à la définition mentionnée ci-dessus, y compris lorsqu’il est question du contexte humanitaire.
              Qualité de la mesure

              Toute mesure destinée à être utilisée doit être pertinente, crédible, valide, fiable et d’un bon rapport coût/ efficacité. La qualité des indicateurs est déterminée par quatre facteurs principaux :

              a) La qualité du lien logique entre l’indicateur et ce qui est mesuré (par exemple, l’objectif, l’effet direct, le produit et/ou l’impact d’une intervention)

              • Qu’est-ce qui est mesuré et pourquoi ? Quels sont les indicateurs potentiels ?
              • Pourquoi le ou les indicateur(s) permettent-ils de mesurer l’objectif, l’effet direct, le produit et/ ou l’impact ?
              • Comment l’indicateur permet-il de mesurer l’objectif, l’effet direct, le produit et/ou l’impact ?

              b) La qualité de la mesure

              • Les indicateurs mesurent-ils ce qu’ils sont censés mesurer (validité) ?
              • Les indicateurs donnent-ils les mêmes résultats lorsque les mesures sont répétées (fiabilité) ?

              c) La qualité de la mise en œuvre

              • Les coûts financiers liés à la mesure des indicateurs valent-ils la peine d’être engagés au regard des informations à recueillir (rapport coût/efficacité) ?
              • Les outils de collecte de données sont-ils les plus appropriés compte tenu des indicateurs établis pour mesurer les objectifs, les effets directs, les produits et/ou l’impact de l’intervention (pertinence) ? Des ressources limitées (temps, personnel et budget) peuvent souvent entraver l’utilisation des outils de collecte de données les plus appropriés.

              d) La qualité de la reconnaissance accordée aux résultats des mesures et à leur interprétation

              Dans quelle mesure les résultats des mesures et leur interprétation sont-ils acceptés en tant que fondement des décisions prises par les parties en présence (crédibilité) ?

              Le tableau 4.1 présente une liste de vérification permettant de garantir des mesures de qualité. 

              Tableau 4.1. Liste de vérification concernant la mesure de la qualité 
              Critères Liste de vérification concernant la réflexion
              Pertinence L’indicateur mesure-t-il ce qui importe réellement et non pas ce qui est le plus facilement mesurable ?  
              Crédibilité L’indicateur fournira-t-il des informations crédibles sur la situation réelle ?  
              Validité Le contenu de la mesure semble-t-il mesurer ce qu’il est supposé mesurer ? La mesure va-t-elle permettre de refléter correctement ce que vous voulez mesurer ?  
              Fiabilité Obtiendra-t-on les mêmes résultats si les données relatives à la mesure sont recueillies de la même manière, à partir de la même source et en utilisant les mêmes règles décisionnelles à chaque fois ?  
              Rapport coût/ efficacité Quels sont les coûts associés à la collecte et à l’analyse des données ? La mesure présente-t-elle un bon rapport coût/efficacité ?  

              Source: Adapté de Morra Imas et Rist, 2009, p. 293.

               

              RESSOURCES

              Ressources de l’OIM 

              Autres ressources

              Laerd Statistics

              Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

              Stockmann, R. (ed.)

              • 2011 A Practitioner Handbook on Evaluation. Edward Elgar, Cheltenham et Northampton.
                Niveaux de mesure

                Les valeurs que prend une variable forment une échelle de mesure qui est utilisée pour catégoriser et/ou quantifier les indicateurs. Il peut s'agir d'échelles nominales, ordinales, d'intervalle ou de rapport. Les niveaux de mesure utilisés déterminent le type de techniques d'analyse des données qui peuvent ou non être appliquées.

                Niveaux de mesure
                Levels of measurement
                Échelles nominales
                Les échelles nominales consistent à attribuer des catégories non hiérarchiques qui représentent davantage la qualité que la quantité. Les valeurs qui peuvent être attribuées aux catégories ne sont que descriptives (elles n'ont pas de valeur numérique inhérente quant à leur importance). Une mesure effectuée à partir d'une échelle nominale peut aider à déterminer si les unités observées sont différentes, mais elle ne permet pas d’identifier la direction ni l’ampleur de cette différence. Les échelles nominales sont utilisées à des fins de classification/regroupement.
                EXEMPLE - Question

                Type de site (sélectionner une option)

                a) Communautés d’accueil

                b) Installation collective/centre

                c) Centre de transition

                d) Camp/Site e) Autre (préciser) :_____________________

                 

                Échelles ordinales

                Les échelles ordinales sont une forme ordonnée de mesure qui est constituée de catégories hiérarchisées. Cependant, les différences entre les catégories ne sont pas significatives. Chaque valeur de l'échelle ordinale a une signification unique et une relation ordonnée avec toutes les autres valeurs de l'échelle. Une mesure effectuée à partir d’une échelle ordinale peut aider à déterminer si les unités observées sont différentes les unes des autres et à identifier la direction de cette différence. Une échelle ordinale est utilisée à des fins de comparaison/tri.

                EXEMPLE- Question

                À quelle fréquence interagissez-vous avec la population locale ?

                a) Tous les jours (5)

                b) Plusieurs fois par semaine (4)

                c) Plusieurs fois par mois (3)

                d) Plusieurs fois par an (2)

                e) Pas du tout (1)

                 

                • Étant donné que les échelles ordinales ressemblent beaucoup aux échelles d'intervalle, des scores numériques (comme dans l'exemple ci-dessus) sont souvent attribués aux catégories. L'attribution de scores numériques permet d'utiliser des techniques d'analyse de données quantitatives plus puissantes que celles qui seraient autrement possibles avec des données non numériques.

                 

                Échelles d’intervalle

                Les échelles d'intervalle sont constituées de données numériques qui n'ont pas de vrai point zéro, les différences entre chaque intervalle étant les mêmes quel que soit l'endroit où l’on se place sur l'échelle. Une mesure effectuée à partir d’une échelle d'intervalle peut aider à déterminer à la fois l’ampleur et la direction de la différence entre les unités. Cependant, comme il n'y a pas de véritable point zéro, il n'est pas possible de dire combien de fois un score est plus élevé qu’un autre (par exemple, un score de 8 sur l'échelle ci-dessous n'est pas deux fois plus élevé qu'un score de 4). Les échelles d'intervalle sont utilisées pour évaluer le degré de différence entre les valeurs.

                EXEMPLE- Question

                Comment évalueriez-vous votre situation financière actuelle par rapport à votre situation financière avant votre départ ?

                Question

                 

                Échelles de rappor

                Les échelles de rapport sont constituées de données numériques ayant un véritable point zéro significatif (c'est-à-dire que quelque chose n'existe pas), et elles ne comportant pas de nombres négatifs. À l’instar des échelles d'intervalle, les échelles de rapport déterminent à la fois l’ampleur absolue (c'est à-dire la mesure de l’écart par rapport au véritable point zéro) et la direction de la différence entre les unités. Cette mesure permet également de décrire la différence entre les unités sous l’angle des rapports, ce qui n'est pas possible avec les échelles d'intervalle. Les échelles de rapport sont donc utilisées pour évaluer la quantité absolue d'une variable et pour comparer des mesures sous l’angle des rapports.

                EXEMPLE- Question

                Quels ont été vos revenus le mois dernier ? _________________ 

                • Note: un revenu annuel de 20 000 dollars É.-U. est 4 fois plus élevé qu’un revenu annuel de 5 000 dollars É.-U.
                Tableau 4.2. Récapitulatif des échelles de mesure 
                Échelle Valeurs Type Ce qu’elle indique Exemples
                Nominale Discrète

                Catégorielle

                •  Les valeurs n’ont pas d’ordre
                •  Fréquence
                •  Mode
                • • Sexe : Homme (1), Femme (2) État civil : Marié(e) (4), Célibataire (3), Divorcé(e) (2), veuf(ve) (1)
                Ordinale Discrète Catégorielle
                • L’ordre des valeurs est connu
                • Fréquence de distribution
                • Mode
                • Médiane
                • Moyenne*
                • L’assistance reçue était appropriée et fournie en temps voulu.
                • Complètement d’accord (4), D’accord (3), Pas d’accord (2), Pas du tout d’accord (1)
                D’intervalle Continue Numérique
                • L’ordre des valeurs est connu
                • Fréquence de distribution
                • Mode
                • Médiane
                • Moyenne
                • Quantifier la différence entre chaque valeur
                • Permet d’ajouter ou de soustraire des valeurs
                • Pas de vrai point zéro
                • Score attribué à l’état de santé mentale
                • Orientation politique
                De rapport Continue Numérique
                • L’ordre des valeurs est connu
                • Fréquence de distribution
                • Mode
                • Médiane
                • Moyenne
                • Quantifier la différence entre chaque valeur
                • Permet d’ajouter ou de soustraire des valeurs
                • Permet de multiplier ou de diviser les valeurs
                • Possède un vrai point zéro
                • Distance parcourue depuis le point de départ jusqu’à la destination
                • Revenu
                * Les échelles ordinales sont souvent traitées de manière quantitative en attribuant des scores aux différentes catégories puis en utilisant des résumés numériques, tels que la moyenne ou l’écart type.

                La fonction la plus importante de tout indicateur est d'assurer la meilleure répartition possible des caractéristiques mesurées sur l'échelle de mesure. Cette répartition des caractéristiques « et leur dispersion statistique mesurable (variance) sur l'échelle constituent les principales connaissances acquises grâce à l'indicateur (les variables) »10

                • 10Stockmann, A Practitioner Handbook on Evaluation, p. 204
                  Échantillonnage

                  Au moment de planifier la collecte de données et que l'on réfléchit au type de données qui seront recueillies, il est important d’analyser le public cible auprès duquel les données seront recueillies. Il est essentiel de déterminer la taille de l’échantillon et la stratégie d’échantillonnage en vue de sélectionner un échantillon représentatif de personnes interrogées, car cela a des conséquences budgétaires.

                  S'il est parfois faisable d'inclure l'ensemble de la population dans le processus de collecte de données, il arrive aussi que cela ne soit pas le cas ni nécessaire en raison de contraintes liées au temps, aux ressources et au contexte. Dans ces conditions, un échantillon doit être sélectionné.

                  INFORMATION

                  Une population, généralement désignée par la lettre N, est constituée des membres d’un groupe particulier. Par exemple, pour connaître l'âge moyen des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays vivant dans un camp de personnes déplacées dans la ville X, l’ensemble des personnes déplacées vivant dans ce camp sera considéré comme étant la population.

                  Parce que les ressources disponibles ne permettront peut-être pas de recueillir des informations auprès de toutes les personnes déplacées vivant dans le camp situé dans la ville X, un échantillon de cette population devra être sélectionné. Cette sélection est généralement désignée par la lettre minuscule n. Un échantillon désigne un ensemble d'observations tirées d'une population. Il s’agit d’une partie de la population qui est utilisée pour faire des déductions sur l’ensemble de la population/est représentative de l’ensemble de la population.

                  Illustration of population (N) versus sample (n)

                   

                  L'échantillonnage est le processus consistant à sélectionner des unités au sein d’une population (c'est-à-dire un échantillon) dans le but de décrire ou de faire des déductions sur cette population (c'est-à-dire estimer quelles sont les caractéristiques de la population sur la base des résultats de l'échantillon).

                  Questions à se poser lors de l’échantillonnage
                  Muestreo
                  • Qui seront les personnes interrogées pour la collecte de données ?
                  • Auprès de combien de personnes des données seront-elles recueillies ?
                  • Pourquoi est-il préférable de recueillir des données auprès du groupe A plutôt que du groupe B ?
                  • Combien de réponses faut-il recueillir pour que les résultats soient fiables, valides et représentatifs d’une population ou d’un groupe plus large ?
                  • Quelle est la quantité de données qu’il faut recueilir pour pouvoir réaliser une analyse approfondie ?
                  • Est-il suffisant de discuter des résultats d’une activité particulière avec uniquement quelques bénéficiaires, ou faut-il inclure toute la population cible ?
                  • Quel est l'équilibre idéal entre les informations que les participants peuvent fournir et le nombre de participants requis jusqu'à ce que les informations nécessaires soient rassemblées ?

                  L'échantillonnage s'applique aux méthodes de suivi/d’évaluation tant qualitatives que quantitatives. Alors que l'échantillonnage aléatoire (également appelé échantillonnage probabiliste) est souvent appliqué lorsque des outils de collecte de données essentiellement quantitatives sont utilisés à des fins de suivi/d’évaluation, l'échantillonnage non aléatoire (également appelé échantillonnage non probabiliste ou dirigé) tend à être appliqué dans le cadre d’un travail de suivi/évaluation qui s’appuie principalement sur des données qualitatives11

                  Une sélection appropriée, idéalement aléatoire, d’un échantillon peut réduire les risques de biais dans les données, et améliorer ainsi la mesure dans laquelle les données recueillies reflètent la situation réelle d'une intervention. On entend par biais tout processus, à n'importe quel stade de la conception, de la planification, de la mise en œuvre, de l'analyse et de la communication des données, qui génère des résultats ou des conclusions qui diffèrent systématiquement de la vérité12 . Pour plus d'informations sur les types de biais, voir l'annexe 4.3. Types de biais.

                  EXAMPLE

                  Le pays Y abrite un site qui accueille 1 536 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ; il s’agit de la population totale (N).

                  L’OIM met en œuvre diverses activités aux côtés d’autres acteurs humanitaires en vue de répondre aux besoins des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays qui sont accueillies dans ce site. Vous souhaitez procéder à un suivi/une évaluation de ces activités. Plus particulièrement, vous essayez de recueillir les points de vue d’un bénéficiaire ordinaire de l’intervention.

                  En raison de contraintes de temps et de budget, il est impossible d’interroger chacune des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays bénéficiant des services de l'OIM. Par conséquent, vous sélectionnez un échantillon (n) qui représente l'opinion générale des 1 536 bénéficiaires concernés. Compte tenu des ressources disponibles, il a été décidé que l’échantillon représentatif de la population cible serait composé de 300 personnes.

                  Figure 4.6. Illustration of example

                  Échantillonnage aléatoire

                  L'échantillonnage aléatoire est une méthode d'échantillonnage utilisée lorsqu'il est nécessaire d’interroger un grand nombre de personnes et que les résultats de l'échantillon sont généralisés à l’ensemble de la population cible. En d'autres termes, pour s'assurer que l'échantillon représente réellement la population cible dans son ensemble et qu'il ne reflète pas uniquement les points de vue d'un très petit groupe au sein de l'échantillon, des individus représentatifs sont sélectionnés de façon aléatoire. L'échantillonnage aléatoire est une méthode efficace qui permet d’éviter les biais d'échantillonnage.

                  Un véritable échantillonnage aléatoire nécessite une base d’échantillonnage, c'est-à-dire une liste de l'ensemble de la population cible à partir de laquelle l'échantillon peut être sélectionné. Cette méthode est souvent difficile à appliquer. C'est pourquoi il existe d'autres techniques d'échantillonnage aléatoire qui ne nécessitent pas de disposer d’une base d’échantillonnage complète (échantillonnage aléatoire systématique, stratifié et par grappes).

                  Tableau 4.3. Récapitulatif des différents types d’échantillonnage aléatoire
                  Types 
                  d’échantillonnage 
                  aléatoire
                  Définition Champ 
                  d’application
                  Avantages Inconvénients

                  Échantillonnage 
                  aléatoire simple

                  L’échantillonnage aléatoire simple est une technique selon laquelle chaque membre de la population a la même probabilité d’être sélectionné en tant que sujet. Lorsque la population cible est de petite taille, homogène et facilement accessible Haut degré de représentativité de la population cible
                  • Coûteux en temps et en argent
                  • Nécessite une base d’échantillonnage
                  • Les résultats peuvent fortement varier si la population cible est très hétérogène
                  • Difficile à appliquer pour des populations importantes/ dispersées
                  • De petites sous populations présentant un intérêt risquent de ne pas être représentées en nombre suffisant au Échantillonnage aléatoire sein de l’échantillon

                   

                  Échantillonnage aléatoire 
                  systématique
                  L’échantillonnage aléatoire systématique est une technique qui consiste à sélectionner de façon aléatoire un nombre vers le début de la liste de la base d’échantillonnage, puis à sauter quelques nombres et à sélectionner le nombre suivant et ainsi de suite. Le nombre de noms sautés à chaque étape dépend de la taille souhaitée de l’échantillon.

                  Échantillonnage aléatoire stratifié 

                  L’échantillonnage aléatoire stratifié consiste à diviser la base d’échantillonnage en deux ou plusieurs strates (sous-populations) en fonction de caractéristiques significatives, telles que le type de migrant ou le sexe. Les participants sont ensuite sélectionnés de façon aléatoire au sein de ces strates. Lorsque la population est hétérogène et englobe plusieurs sous populations différentes, dont certaines présentent un intérêt dans le cadre du suivi/ évaluation Haut degré de représentativité des sous populations présentes au sein de la population cible
                  • Coûteux en temps et en argent
                  • Plus complexe que l’échantillonnage aléatoire simple ou systématique
                  • Les strates doivent être soigneusement définies

                  Échantillonnage 
                  aléatoire par grappes

                  L’échantillonnage aléatoire par grappes consiste à diviser la population en plusieurs grappes (par exemple, les quartiers d’une ville) et à sélectionner ensuite un échantillon aléatoire simple de ces grappes. Les unités au sein de chaque grappe constituent l’échantillon. Lorsque non seulement la population cible, mais aussi la taille souhaitée de l’échantillon sont importantes
                  • Facile et pratique
                  • Permet de sélectionner un échantillon aléatoire lorsque les bases d’échantillonnage de la population cible sont très localisées
                  • Les grappes peuvent ne pas être représentatives de la population cible
                  • Des sous populations importantes peuvent être laissées de côté
                  • Analyse statistique plus compliquée

                  Échantillonnage aléatoire 
                  à plusieurs degrés 

                  L’échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés combine de façon séquentielle deux ou plusieurs techniques d’échantillonnage aléatoire (par exemple, en commençant par un échantillonnage aléatoire par grappes, suivi d’un échantillonnage aléatoire simple ou d’un échantillonnage aléatoire stratifié). Lorsqu’il n’existe pas de base d’échantillonnage et que celle-ci est inappropriée
                  • Randomisations multiples
                  • Permet de sélectionner un échantillon aléatoire lorsque les listes de la population cible sont très localisées
                  • Peut être moins coûteux mais plus complexe que l’échantillonnage par grappes

                   

                  Échantillonnage non aléatoire/dirigé

                  Figure 4.7. Échantillon non aléatoire 
                  Non-random sample

                  L’échantillonnage non aléatoire est utilisé quand :

                  • Il n’est pas nécessaire d’interroger un grand nombre de personnes ;
                  • La recherche est exploratoire ;
                  • Des méthodes qualitatives sont utilisées ;
                  • L’accès est difficile ;
                  • La population est très dispersée.

                  Un échantillonnage non aléatoire/dirigé est indiqué quand : l’étude porte sur un petit échantillon « n » ; la recherche est exploratoire ; des méthodes qualitatives sont utilisées ; l’accès est difficile ; ou la population est très dispersée. Pour savoir plus précisément quand un échantillonnage non aléatoire est approprié, voir Patton (2011) et Daniel (2012). La technique d’échantillonnage choisie dépendra des besoins d’information, de la méthodologie (quantitative ou qualitative) et des outils de collecte de données qui seront nécessaires.

                  Tableau 4.4. Récapitulatif des types de techniques les plus courantes d’échantillonnage
                  non aléatoire/dirigé 
                  Types 
                  d’échantillonnage 
                  non aléatoire 
                  Définition Champ 
                  d’application
                  Avantages Inconvénients
                  Échantillonnage 
                  dirigé
                  L’échantillonnage dirigé consiste à sélectionner des individus au sein de la population cible en fonction d’une série de critères. Lorsque l’échantillon doit répondre à une finalité particulière
                  • Garantit un équilibre sur le plan de la taille des groupes lorsque plusieurs groupes doivent être sélectionnés
                  • Garantit que l’échantillon répond à des critères précis
                  • L’échantillon n’est pas facilement défendable comme étant représentatif de la population cible en raison du biais potentiellement induit par le chercheur
                  Échantillonnage 
                  en boule 
                  de neige
                  L’échantillonnage en boule de neige consiste à entrer en contact avec un individu de la population cible, qui donne ensuite les noms d’autres personnes pertinentes à contacter au sein de la population cible. Lorsqu’il est difficile d’entrer en contacts avec des membres de la population cible
                  • Permet d’inclure des individus issus de groupes pour lesquels il n’existe pas de base d’échantillonnage ni de grappes identifiables
                  • Difficile de savoir si l’échantillon est représentatif de la population cible
                  Échantillonnage 
                  par quotas
                  L’échantillonnage par quotas consiste à sélectionner directement des individus appartenant à certaines catégories ou sous-populations de manière directement proportionnelle à leur présence au sein de la population cible. Lorsque des strates sont présentes au sein de la population cible mais qu’il est impossible de procéder à un échantillonnage stratifié
                  • Garantit la sélection d’un nombre suffisant d’individus présentant les caractéristiques recherchées au sein de la population cible
                  • Nécessite une bonne connaissance de la population cible
                  • L’échantillon par quotas peut ne pas être représentatif
                  Échantillonnage 
                  de commodité
                  L’échantillonnage de commodité consiste à interroger une série d’individus de la population cible simplement parce qu’ils sont disponibles. Lorsque des individus de la population cible sont faciles à interroger
                  • Méthode facile et peu coûteuse permettant d’assurer un nombre suffisant de personnes interrogées dans le cadre d’un exercice de suivi/évaluation
                  • Échantillon probablement non représentatif
                  • Ne peut pas être généralisé à l’ensemble de la population cible

                  Remarque : Le tableau ci-dessus présente les types les plus courants d’échantillonnage non aléatoire/dirigé, mais d’autres types d’échantillonnage non aléatoire/dirigé figurent dans Patton, 2015.

                   

                  Limites de l’échantillonnage non aléatoire/dirigé 

                  L'utilisation d'échantillons non aléatoires/dirigés, en particulier les échantillons de commodité et les échantillons 
                  en boule de neige, présente plusieurs limites. Premièrement, il n'est pas possible de faire des généralisations 
                  s’appliquant à l'ensemble de la population cible. Deuxièmement, les tests statistiques pour faire des déductions 
                  ne peuvent pas être appliqués aux données quantitatives. Enfin, les échantillons non aléatoires peuvent être 
                  sujets à divers biais qui sont réduits quand l'échantillon est sélectionné de façon aléatoire. S'ils utilisent un 
                  échantillon non aléatoire, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent se poser la question suivante : « Y 
                  a-t-il un élément de cet échantillon particulier qui pourrait différer de la population dans son ensemble ? ». Si la 
                  réponse est affirmative, il se peut que l'échantillon ne soit pas suffisamment représentatif de certains groupes 
                  de la population. Une présentation des caractéristiques démographiques de l'échantillon peut donner une idée 
                  de sa représentativité par rapport à la population cible dont l'échantillon a été tiré. 

                   

                  Tableau 4.5. Différences entre l’échantillonnage non aléatoire/dirigé et l’échantillonnage aléatoire
                  Échantillonnage non aléatoire/dirigé Échantillonnage aléatoire
                  • La sélection de l’échantillon est fondée sur le jugement subjectif du chercheur
                  • L’échantillon est sélectionné de façon aléatoire
                  • Méthode subjective
                  • Méthode objective
                  • Déduction analytique
                  • Déduction statistique
                  • Tous les membres de la population n’ont pas la même probabilité d’être sélectionnés
                  • Tous les membres de la population n’ont pas la même probabilité d’être sélectionnés
                  • Les biais d’échantillonnage risquent de ne pas être pris en compte
                  • Utile pour limiter les biais d’échantillonnage
                  • Utile quand la population présente des caractéristiques similaires
                  • Utile lorsque la population est hétérogène
                  • L’échantillon ne représente pas fidèlement la population
                  • Utile pour obtenir un échantillon fidèle
                  • Il est facile de trouver des personnes interrogées appropriées
                  • Il peut être difficile de trouver des personnes interrogées appropriées
                  • Constatations préliminaires
                  • Constatations définitives

                  Source: Adapté de Sheppard, 2020.

                   

                  CONSEIL

                  Quelle que soit l’approche ou la technique d’échantillonnage que vous décidez d’utiliser, il est important de savoir exactement quels sont les critères de sélection de l’échantillon, les procédures et les limites correspondantes.

                  RESSOURCES

                  Des ressources relatives à l’échantillonnage aléatoire et à l’échantillonnage non aléatoire/dirigé sont présentées à l’ ’annexe 4.4. Appliquer les divers types d’échantillonnage. 

                  Daniel, J.

                  • 2012   Sampling Essentials: Practical Guidelines for Making Sampling Choices. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                  Lærd Dissertation

                  Patton, M.Q

                  • 2015   Qualitative Research and Evaluation Methods. Fourth edition. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                  Sackett, D.L.

                  Sheppard, V.

                  Stockmann, R. (ed.)

                  • 2011    A Practitioner Handbook on Evaluation. Edward Elgar, Cheltenham and Northampton

                  Trochim, W.M.K.

                    Déterminer la taille de l’échantillon

                    Déterminer la taille de l’échantillon

                    La taille de l'échantillon est déterminée par ce qui doit être mesuré, le but visé et la façon dont la mesure sera réalisée. La taille de l'échantillon doit également garantir, avec le plus haut niveau de confiance possible, qu'un changement ou une différence observée entre les groupes résulte de l'intervention et n’est pas le fruit du hasard. Cependant, tel n’est pas toujours le cas quand on utilise un échantillonnage non aléatoire/dirigé.

                    Déterminer la taille de l’échantillon : échantillonnage 

                    Quand il faut interroger un grand nombre de personnes, la taille appropriée de l'échantillon est déterminée ecompte tenu du niveau de confiance et de l'erreur d'échantillonnage.

                    Tableau 4.6. Niveau de confiance et erreur d’échantillonnage
                    Niveau de confiance Erreur d’échantillonnage 

                    Quel niveau de confiance la personne qui recueille les données doit-elle avoir dans les résultats de l'échantillon et dans la fidélité avec laquelle ils rendent compte de l'ensemble de la population ?

                    En général, le niveau de confiance est fixé à 95 %, ce qui signifie qu’il y a un risque de 5 % que les résultats ne reflètent pas exactement l’ensemble de la population

                    En d’autres termes, si une enquête est menée et qu’elle est reproduite plusieurs fois, les résultats correspondront 95 % du temps à ceux de la population réelle.

                    • Pour un niveau de confiance de 99 %, la taille de l’échantillon doit être plus importante que pour atteindre un niveau de confiance de 90 %.

                    Augmenter le niveau de confiance nécessite d’augmenter la taille de l’échantillon.

                    Pour les besoins de la collecte de données, il est important de déterminer le degré de précision que doivent avoir les estimations. C’est ce qu’on appelle l’erreur d’échantillonnage ou la marge d’erreur.

                    L’erreur d’échantillonnage ou la marge d’erreur correspond à l’estimation de l’erreur qui apparaît lorsque les données sont recueillies auprès d’un échantillon, et non auprès de l’ensemble de la population.

                    Une erreur d’échantillonnage ou une marge d’erreur survient lorsqu’un échantillon sélectionné ne représente pas l’ensemble de la population.

                     

                    EXEMPLE - Niveau de confiance et erreur d’échantillonnage

                    L'OIM met actuellement en œuvre un projet sur les moyens de subsistance dans la région M du pays Y. Un sondage est effectué dans la région M, qui révèle que 62 % des personnes sont satisfaites des activités organisées au titre de ce projet et que 38% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de l'assistance fournie.

                    Le chargé du suivi et de l’évaluation responsable de la collecte des données dans ce cas a décidé que l'erreur d'échantillonnage pour le sondage est de +/- 3 points de pourcentage. Cela signifie que si tous les habitants de la région M étaient interrogés, entre 59 (62 -3) et 65 (62 +3) % seraient satisfaits, et entre 35 (38 -3) et 41 (38 +3) % ne seraient pas satisfaits de l'assistance fournie au niveau de confiance de 95 %. Les points de plus ou moins 3 % sont appelés intervalle de confiance, c'est-à-dire la fourchette dans laquelle se situe la valeur réelle de la population avec une probabilité donnée (c'est-à-dire un niveau de confiance de 95 %). En d'autres termes, les +/- 3 points de pourcentage constituent l'intervalle de confiance et représentent la largeur du niveau de confiance, qui en dit plus quant à l'incertitude ou la certitude que nous avons concernant la valeur réelle au sein de la population. Lorsqu’on regroupe l'intervalle de confiance et le niveau de confiance, on obtient un écart en points de pourcentage.

                    RESSOURCES -Calculateur en ligne pour déterminer la taille d’un échantillon

                    Un certain nombre d'outils sont disponibles en ligne pour aider à calculer la taille de l'échantillon nécessaire pour un niveau de confiance et une marge d'erreur donnés. L’un d’eux est le Survey System Sample Size Calculator ou le Population Proportion – Sample Size Calculator.

                    EXEMPLE- Comment calculer la taille d’un échantillon en utilisant un calculateur en ligne

                    Le site de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays situé dans le pays Y abrite 1 536 personnes déplacées. Vous souhaitez vous assurer que l'échantillon que vous sélectionnez est suffisant. Vous décidez qu'un niveau de confiance de 95 % dans les résultats de l'échantillon avec une marge d'erreur de 5 % est acceptable. Le degré d’exactitude et de précision souhaité pour la population concernée vous indique que vous avez besoin d'un échantillon de 307 personnes déplacées pour pouvoir généraliser les résultats à l'ensemble de la population de personnes déplacées présentes sur le site.

                    calculate the sample size using an online calculator

                     

                    • Pour une étude nécessitant un petit nombre de participants, la sélection de petits échantillons aléatoires peut donner des estimations très trompeuses concernant la population cible. Par conséquent, l'échantillonnage non aléatoire est,dans ce cas, plus approprié.

                    Déterminer la taille de l’échantillon : échantillonnage non aléatoire/dirigé

                    Dans le cas d'un échantillonnage non aléatoire/dirigé, la saturation des données permet de savoir si un échantillon était suffisant ou non. Une fois ce point atteint, il n'est plus nécessaire de collecter d'autres données. Cependant, en raison du peu d'indications sur le nombre d'entretiens nécessaires pour atteindre la saturation, ce point peut parfois être difficile à identifier.

                    Les questions suivantes peuvent aider à déterminer le nombre de personnes à inclure dans l'échantillon pour atteindre aussi bien l’objectif de saturation des données que de crédibilité :

                    • Tous les segments de la population doivent-ils être inclus dans l’échantillon ?
                    • Des personnes avec des points de vue divers doivent-elles être incluses dans l’échantillon ?
                    • Les résultats doivent-ils faire l’objet d’une triangulation (voir la section « Triangulation ») ?
                      Méthodes, approches et outils pour le suivi et l’évaluation

                      Une fois que la collecte de données a été planifiée et que les sources de données et l’échantillon ont été définis, il faut se concentrer sur les approches et méthodes relatives à la conception des outils de collecte des données. Les indicateurs figurant dans la matrice des résultats, ainsi que les critères d’évaluation et les questions connexes, détermineront l’approche et les outils qui seront utilisés pour recueillir les données nécessaires pour suivre les progrès ou évaluer l’intervention.

                      Les contraintes de temps et de budget, ainsi que les difficultés éthiques et logistiques détermineront le choix de l’approche et des outils utilisés pour la collecte des données. Un recours à de multiples outils pour recueillir des informations, également appelé triangulation des sources, peut permettre d’augmenter le degré de précision des informations collectées au sujet de l’intervention. Par exemple, si l’intervention est gérée à distance en raison de la difficulté d’accès et qu’elle doit être effectuée par des équipes de collecte de données, la triangulation des informations à distance constitue un mécanisme essentiel de contrôle de la qualité.

                      Bien qu’il soit idéalement conseillé de procéder à une triangulation des informations, cela peut également se révéler très coûteux. En général, les praticiens du suivi et de l’évaluation utilisent une combinaison d'enquêtes, d'entretiens, de discussions en groupe et/ou d'observations. Les études fondées sur le recours à un type d’outil seulement sont plus vulnérables aux biais associés à la méthode choisie.

                      Les méthodes et approches de collecte de données sont des procédures systématiques qui sont utiles pour appuyer le processus de conception des outils de collecte de données. Aux fins du suivi et de l’évaluation, l’on utilise en général une combinaison de méthodes et d’approches de collecte de données qualitatives et quantitatives. Bien qu’il existe de multiples définitions pour ces concepts, l’on peut considérer que les méthodes et approches quantitatives sont fondées sur des données numériques pouvant être analysées à l’aide d’outils statistiques. Elles visent à identifier précisément ce qui se passe, où, quand, à quelle fréquence et pendant combien de temps, et peuvent fournir des faits objectifs et concrets, mais elles ne permettent pas d’expliquer pourquoi quelque chose se produit. Les méthodes et approches qualitatives sont fondées sur des données à caractère descriptif, plutôt que sur des données pouvant être mesurées ou comptées. Les méthodes de recherche qualitatives peuvent employer des termes descriptifs pouvant être analysés en vue d’identifier des schémas ou des significations, et cherchent donc à déterminer pourquoi ou comment quelque chose se produit.

                      Le tableau ci-dessous donne un aperçu des cas où il convient d'utiliser une approche quantitative et/ou qualitative, ainsi que des outils correspondants permettant de recueillir des données de suivi et/ou d'évaluation :

                        Tableau 4.7. Différences entre l’approche quantitative et l’approche qualitative pour le suivi et l’évaluation
                        Approche quantitative Approche qualitative

                      Quoi

                      • Structurée
                      • Renforce la fiabilité
                      • Plus difficile à élaborer
                      • Plus facile à analyser
                      • Moins structurée
                      • Renforce la validité
                      • Plus facile à élaborer
                      • Peut fournir des « données riches » mais nécessite plus de travail de collecte et d’analyse

                      Pourquoi

                      • Compter des éléments pour expliquer ce qui est observé
                      • Généraliser à l’ensemble de la population cible
                      • Faire des prévisions/établir un lien de causalité
                      • Savoir ce qu’on veut mesurer
                      • Obtenir une description complète et détaillée de ce qui est observé
                      • Comprendre ce qui est observé
                      • Obtenir des informations descriptives ou approfondies
                      • Vous n’êtes pas certain de ce que vous êtes capable de mesurer
                      • Parvenir à une compréhension des connaissances plus approfondies

                      Outils

                      • Enquêtes
                      • Entretiens
                      • Observations
                      • Enquêtes
                      •  Entretiens
                      • Discussions en groupe
                      • Études de cas
                      • Observations

                      Échantillon

                      • Grand échantillon (n) représentatif de la population cible
                      • Personnes interrogées sélectionnées sur la base d’une forme d’échantillonnage aléatoire
                      • Petit échantillon (n) qui n’est pas représentatif de la population cible
                      • Personnes interrogées généralement sélectionnées en fonction de leur expérience

                      Produit

                      Données numériques

                      Mots et images

                      Analyse

                      Statistique

                      Interprétative

                      Source: Adapté de Morra-Imas et Rist, 2009.

                       

                       

                      Le graphique ci-dessous donne un aperçu des méthodes de collecte de données utilisées tant pour le suivi que pour l’évaluation.

                      Méthodes de collecte de données fréquemment utilisées

                      Enquêtes

                      surveys

                       Entretiens

                      Interviews

                      Discussions en groupe

                      Focus group  discussions

                      Études de cas

                      Case studies

                      Observation

                      Observation

                       

                      Autres méthodes de collecte de données

                      Réflexion collective

                      Forces, faiblesses, possibilités et menaces (SWOT) Visualisation des aspirations Théâtre et jeux de rôles

                      Photographies et vidéos

                            Cartographie établie grâce à un système d’information géographique (SIG)    
                      Enquêtes

                      Surveys

                      Les enquêtes sont une technique courante de collecte de données. Elles permettent de recueillir des informations ciblées auprès d’un échantillon de la population cible aux fins d’un projet, un programme ou d’une politique, notamment des données relatives aux perceptions, aux opinions et aux idées. Si les enquêtes peuvent également être utilisées pour mesurer un comportement visé, elles offrent toujours une latitude d’interprétation, et les données recueillies peuvent être moins « factuelles », dans la mesure où ce que les personnes déclarent faire ou avoir l’intention de faire peut ne pas correspondre à ce qu'elles font en réalité.

                      En général, une enquête est menée auprès d'un échantillon relativement important, sélectionné de manière aléatoire, de sorte que les résultats obtenus représentent la population cible dans son ensemble (voir la section relative à l'échantillonnage). Le format de l'enquête peut être structuré ou semi-structuré, selon la finalité de la collecte de données (voir le tableau 4.8), et les enquêtes peuvent être mises en œuvre de manière ponctuelle (transversales) ou être échelonnées dans le temps (longitudinales).

                      Les enquêtes transversales sont utilisées pour recueillir des informations sur la population cible à un moment précis, par exemple à la fin d'un projet. Ce format d'enquête peut être utilisé pour déterminer la relation entre deux facteurs, par exemple pour savoir quel impact un projet axé sur les moyens de subsistance a eu sur le niveau de connaissances de la personne interrogée pour créer une activité génératrice de revenus.

                      Les enquêtes longitudinales permettent de recueillir des données sur une période donnée, et donc d'analyser les changements survenus au sein de la population cible au fil du temps ainsi que l’évolution de la relation entre les facteurs au fil du temps. Il existe différents types d'enquêtes longitudinales, telles que les études par panel et les études de cohortes.13

                      Tableau 4.8. Différences entre les enquêtes structurées et les enquêtes semi-structurées
                      Structurées Semi-structurées

                      Contenu

                      • Questions fermées avec une série préétablie de possibilités de réponse.
                      • Les mêmes questions sont posées à chaque personne interrogée, de la même manière et avec les mêmes possibilités de réponse.

                      Contenu

                      • Combinaison de questions ouvertes et fermées avec quelques séries préétablies de possibilités de réponse.
                      •  Les mêmes questions sont posées de la même manière à chaque personne interrogée. Toutefois, pour les questions ouvertes, il n’y a pas de série préétablie de possibilités de réponse.

                      Finalité

                      Agréger les données et faire des comparaisons entre les groupes et/ou au fil du temps, sur des questions que l’on comprend déjà parfaitement.

                      Finalité

                      Acquérir une compréhension approfondie des questions faisant l’objet du suivi et/ou de l’évaluation.

                      • 13Les études par panel et les études de cohortes sont des approches en matière de conception d’études longitudinales. Les études de cohortes suivent des personnes identifiées en fonction de certaines caractéristiques spécifiques au cours d'une période définie, tandis que les études par panel visent à couvrir l'ensemble de la population (Lugtig et Smith, 2019).
                      RESSOURCES

                      Pour de plus amples informations sur les différents types d’enquêtes longitudinales, leur conception et leur mise en œuvre, se référer aux sources suivantes :

                      Ressource de l’OIM

                      2019a   Formulaire d'évaluation post-formation (en anglais) (lien interne uniquement).

                      Autres ressources 

                      Lugtig, P. et P.A. Smith

                      Lynn, P. (ed.)

                      • 2009    Methodology of Longitudinal Surveys. Wiley, West Sussex.

                      Morra-Imas, L.G. et R.C. Rist

                      (Ces ressources peuvent être adaptées selon que de besoin).

                       

                      Les enquêtes peuvent revêtir diverses formes, telles que des entretiens en personne, des entretiens téléphoniques, ou des questionnaires sur papier ou en ligne exigeant des réponses écrites.

                      o design and implement a survey

                      Pour de plus amples informations sur les modalités de conception et de mise en œuvre d’une enquête, voir l’annexe 4.5. Conception et mise en œuvre d’une enquête, et l’annexe 4.6. Exemple d’enquête.

                        Entretiens

                        Interviews are a qualitative research technique used to shed light on subjectively lived experiences of, and viewpoints from, the respondents’ perspective on a given issue, or sets of issues, that are being monitored or evaluated for a given intervention. Interviews provide opportunities for mutual discovery, understanding, reflection and explanation. Interviews are of three types: (a) structured; (b) semi-structured; and (c) unstructured. Table 4.9 provides an overview of each interview approach, when to use it and some examples.

                          Table 4.9. Types of interviews  
                          Confidence level Sampling error Unstructured
                        What is it?
                        • Mostly closed-ended questions.
                        • All respondents are asked the same questions in the same order.
                        • No probing beyond the set of questions.
                        • A mixture of closed- and open-ended questions.
                        • Can leave certain questions out, mix the order of questions or ask certain standard questions in different ways depending on the context.
                        •  Allows for probes and clarifications beyond the initial pre-established set of questions.
                        • No predetermined questions and response options.
                        • Open conversation guided by a central topic area or theme (such as respondent’s life) and lets the respondent guide the interview.
                        • Allows for probes and clarifications.
                        When to use it?

                        When there is already a thorough understanding about one or more complex issues being monitored/evaluated.

                        When comparable data is desired/needed.

                        • To obtain an in-depth understanding about one or more complex issues being monitored and/or evaluated.
                        • When there is less need for comparable data.
                        INFORMATION- Formuler des questions d’entretien

                        Les questions d’entretien de qualité doivent présenter les caractéristiques suivantes :

                        • Être simples et claires, sans sigles, abréviations ni jargon.
                        • Ne pas être doubles, c’est-à-dire ne pas porter sur plus d’un sujet tout en ne permettant qu’une seule réponse.
                        • Favoriser des réponses ouvertes et détaillées. Si elles appellent des réponses de type « oui/non », elles doivent être suivies de demandes d'explications complémentaires : « Pourquoi ? », « De quelle manière ? », ou être reformulées afin d’encourager une réponse plus détaillée.
                        • Être directes (pas de double négation), neutres et non-suggestives.
                        • Ne pas présenter de caractère menaçant ou embarrassant pour la personne interrogée.
                        • Être accompagnées de questions exploratoires appropriées14

                         

                        • 14Les questions exploratoires sont des questions réactives posées en vue de clarifier ce qui a été dit par la personne interrogée. L'objectif est d'obtenir des clarifications, des précisions ou une compréhension approfondie au sujet du ou des points visés par le suivi ou l'évaluation. Pour plus d'informations, voir l' 'annexe 4.7. Structure des entretiens et questions d’entretien.

                        Pour en savoir davantage asur les entretiens et consulter des exemples de structures d’entretien et de questions exploratoires, voir l’annexe 4.7. Structure des entretiens et questions d’entretien (exemples dans toute l’annexe) ainsi que l’annexe 4.8. Exemple d’entretien

                          Discussions en groupe

                          Les groupes de discussion sont une autre technique de recherche qualitative, qui revêt la forme d’une discussion planifiée entre un nombre limité de personnes, avec un modérateur et, si possible, des personnes chargées de prendre des notes, ainsi que des observateurs si l’on souhaite également utiliser des observations.15 Cette technique vise à recueillir diverses idées et perceptions sur un sujet de recherche dans un cadre et ouvert permettant l'expression de différents points de vue, sans pressions en vue de parvenir à un consensus. Les groupes de discussion sont également utilisés pour acquérir une compréhension approfondie d'un sujet ou d'une question, ce que ne permet généralement pas une enquête. Par exemple, une enquête pourra indiquer que 63 % de la population préfère l'activité Y, alors qu’un groupe de discussion pourra expliquer les raisons de cette préférence. Les groupes de discussion peuvent également aider à vérifier l’existence d’un biais de désirabilité sociale, qui désigne la tendance des personnes interrogées à répondre ce qu'elles pensent que l'enquêteur veut entendre plutôt que d’exprimer leur réelle opinion. Une discussion en groupe peut, par exemple, révéler que les participants préfèrent en réalité l'activité Z, et non l'activité Y comme le suggéraient leurs réponses à l'enquête. Cependant, les groupes de discussion sont moins propices à l’expression de récits individuels détaillés sur le sujet ou la question étudiée. Si ce type de données est nécessaire, il faudra plutôt se tourner vers des entretiens. Si une même personne répond trop souvent aux questions posées lors de la discussion de groupe, il est important de s’assurer si ce comportement intimide les autres participants et d’inviter les autres personnes à participer. Il est également important de comprendre qui est cette personne. Par exemple, il pourrait s’agir d’un dirigeant politique qui tente d'imposer des réponses au groupe.

                          focus group discussions

                          Pour en savoir plus sur les discussions en groupe, voir l'annexe 4.9. Préparer, mener et animer une discussion en groupe et l'annexe 4.10. Exemple de l’OIM − Guide de discussion en groupe.

                          • 15En général, les discussions en groupe ne doivent pas compter plus de 15 participants. Pour un plus grand nombre de participants, des techniques d'entretien avec des groupes communautaires pourront être utilisées.
                            Étude de cas

                            L’étude de cas est une méthode de collecte de données qualitative qui est utilisée pour analyser des situations réelles et déterminer si les constatations tirées du cas étudié peuvent illustrer des aspects de l'intervention visés par le suivi et/ou l’évaluation. Il s'agit d’un examen détaillé de cas effectué pour obtenir des informations approfondies, dans le but de comprendre les dynamiques opérationnelles, les activités, les produits, les effets directs et les interactions d'une intervention.

                            Les études de cas supposent une analyse contextuelle détaillée d'un nombre limité d'événements ou de situations et de leurs relations. Elles servent de base à l’application d’idées et au développement des méthodes. Les données recueillies sur la base d'une étude de cas peuvent aider à comprendre une question ou un objet complexe et consolider les connaissances dont on dispose déjà.

                            Une étude de cas est utile pour analyser les facteurs qui contribuent aux produits et aux effets directs. Cependant, cette méthode de collecte de données peut nécessiter beaucoup de temps et des ressources considérables, et les informations qu’elle permet d’obtenir peuvent être difficiles à analyser et à extrapoler.

                            RESSOURCES

                            Pour de plus amples informations sur les études de cas et la façon de les mener, se référer aux sources suivantes :

                            Gerring, J.

                            Neuman, W.L.

                              Observation

                              L'observation est une technique de recherche que les praticiens du suivi et de l’évaluation peuvent utiliser pour mieux comprendre le comportement des participants, ainsi que l’environnement physique dans lequel un projet, un programme ou une politique est mis en œuvre. Observer signifie regarder les individus et les environnements dans lesquels ils évoluent, et relever leurs comportements et interactions en mobilisant les cinq sens : la vue, le toucher, le goût, l’ouïe et l’odorat.

                              Les observations doivent être utilisées dans les cas suivants :

                              • Pour recueillir des données sur les comportements individuels ou sur les interactions entre les personnes et leur environnement ;
                              • Lorsqu’il est nécessaire de connaître un environnement physique ;
                              • Lorsqu’il n’est pas possible de recueillir des données à partir d’entretiens ou d’enquêtes.16

                              L’approche suivie pour mener des observations peut être structurée, semi-structurée ou non structurée

                                Tableau 4.10. Aperçu des méthodes d’observation 
                                Structurée Semi-structurée Non structurée
                              Quoi

                              S’intéresser à un comportement, un objet ou un événement précis

                              S’intéresser à un comportement, un objet ou un événement précis, voir comment il survient ou en quoi il consiste, et quelles sont les autres questions particulières en jeu

                              S’intéresser à la façon dont les choses sont faites et aux questions qui se posent sans se limiter à un comportement, un objet ou un évènement précis
                              Pourquoi

                              Recueillir des informations sur l’ampleur de comportements ou événements particuliers, ainsi que des informations sur la fréquence, l’intensité et la durée de ces comportements

                              Recueillir des informations sur l’ampleur et les raisons de comportements ou événements particuliers sans avoir de critères préétablis, tels que la fréquence, l’intensité ou la durée Observer et comprendre des comportement et des événements dans leur contexte physique et socioculturel sans intention ou critères préétablis
                              Comment Une série de questions fermées et/ou une liste de vérification faisant fonction d’aide-mémoire et d’outil pour consigner les observations Une série de questions fermées et ouvertes et/ou une liste de vérification Une série de questions ouvertes et/ou de points auxquels des réponses seront apportées/qui seront examinés sur la base des observations

                              Pour de plus amples informations, conseils et exemples concernant les observations ainsi que leur planification et leur réalisation, voir l’annexe 4.11. Exemples, planification et réalisation d’observations.

                               

                                Méthodes additionnelles de collecte de données pour le suivi et l’évaluation
                                Méthodes additionnelles de collecte de données17
                                Méthode Définition
                                Réflexion collective

                                La réflexion collective consiste à faire émerger rapidement des idées d’un groupe sans aborder un débat détaillé et approfondi. Un tel exercice permet de réfléchir de manière critique et créative et de ne pas se contenter de produire une liste d’options, de réponses ou d’intérêts. Du point de vue du suivi et de l’évaluation, cette méthode est souvent une première étape dans une animation et sera suivie par l’application d’autres méthodes.

                                Théâtre et jeux de rôle

                                Le théâtre et les jeux de rôle sont utilisés pour encourager les groupes à jouer des scènes de leur vie qui permettent de comprendre leurs points de vue, leurs problèmes et leurs questions sur une intervention du projet, dont on pourra ensuite discuter. La dramatisation aide également un groupe à définir les indicateurs qui lui seraient utiles pour assurer le suivi ou l’évaluation et à repérer les changements découlant d’une intervention du projet.

                                Visualisation des aspirations La méthode de la visualisation des aspirations a pour but de comprendre les aspirations ou l’idéal commun des participants concernant l'avenir d'une intervention, au moyen d'une discussion ciblée. Il s'agit d'une bonne méthode pour définir les indicateurs, comprendre si les principales parties prenantes jugent que leurs conditions de vie s’améliorent ou non et aider les différents acteurs concernés à réfléchir à la pertinence des activités d’un projet en se fondant sur leur manière de concevoir le développement.
                                Cartographie SIG L'utilisation d'un système d’information géographique informatisé qui représente des coordonnées géographiques très précises sur une carte peut aider à présenter des informations relatives à l’évolution des indicateurs géographiques, sociaux ou de développement. Du point de vue du suivi et de l’évaluation, un SIG peut aider à analyser des données complexes collectées à travers d’autres méthodes, dans la mesure où les diverses couches thématiques d'informations spatiales peuvent être superposées en vue d’examiner plus facilement les rapports entre les divers thèmes.
                                Photographies et vidéos Cette méthode de collecte de données permet de suivre l’évolution d’une situation à partir d’une série de photographies ou de séquences vidéo. Du point de vue du suivi et de l'évaluation, cette méthode peut être orientée sur des indicateurs de performance ou des problèmes spécifiques ou peut être de nature plus large si nécessaire. Il est par exemple possible de demander aux parties prenantes de documenter/évaluer les changements selon leur point de vue.
                                Analyse SWOT Une analyse SWOT vise à identifier les forces, les faiblesses, les possibilités et les menaces concernant une intervention ou un groupe et de voir comment ces différents éléments évoluent dans le temps. Du point de vue du suivi et de l’évaluation, cette méthode est utile pour effectuer une évaluation qualitative, par exemple, des services fournis par le projet et des liens existant entre les différentes parties prenantes.

                                 

                                • 17Les informations figurant dans le tableau sont adaptées de IFAD, 2002
                                INFORMATION- Méthodes d’évaluation des impacts

                                Les évaluations d'impact visent à identifier un contrefactuel acceptable et à déterminer avec certitude si l'impact peut être attribué à une intervention18 .Plus précisément, cela peut se faire en évaluant la situation des bénéficiaires « avant et après » et « avec ou sans » l'intervention. En comparant les scénarios « avant et après » et/ou « avec ou sans », les différences/changements observés peuvent alors être attribués à l'intervention, avec néanmoins quelques réserves car cela n'est pas toujours évident. En effet, l'attribution de l’impact à l’intervention peut s’avérer plus complexe à évaluer et il ne suffit pas toujours de répondre aux questions posées par les scénarios ci-dessus.

                                La première étape d’une évaluation d’impact consiste généralement à déterminer la taille de l’échantillon et la stratégie d’échantillonnage pour sélectionner un échantillon représentatif du groupe de traitement (participant à l’intervention) et du groupe de comparaison (ne participant pas à l’intervention). La constitution d’un bon échantillon représentatif dépend de divers facteurs.

                                S'il existe diverses conceptions de l’évaluation d'impact, il existe également diverses méthodes applicables dans le cadre de ces conceptions.19 Afin de répondre aux questions d'évaluation spécifiques, les méthodes sont flexibles et peuvent être utilisées selon différentes combinaisons dans le cadre des conceptions de l’évaluation d'impact. Il existe trois types de conceptions de l’évaluation d’impact, à savoir la conception expérimentale, quasi expérimentale et non expérimentale.

                                Méthodes expérimentales

                                Les méthodes expérimentales, également appelées « essais comparatifs aléatoires », font appel à des techniques de randomisation au début de l’intervention pour échantillonner les groupes de traitement et de contrôle.20 While there are different methods to randomize a population, a general requirement is that the two groups remain as similar as possible in terms of socioeconomic characteristics and that their size should be broadly equivalent. Ensuring these makes them comparable and maximizes the statistical degree of precision of the impact on the target group21

                                Compte tenu de l’approche rigoureuse suivie pour sélectionner les groupes de traitement et de contrôle et de la fréquence des collectes des données primaires pour générer les ensembles de données nécessaires, les méthodes expérimentales sont considérées comme les méthodes d’évaluation les plus fiables pour évaluer un impact et l’attribuer à une intervention. Cependant, elles impliquent des coûts et des délais et peuvent soulever des questions d’éthique (compte tenu de l’exclusion intentionnelle d’un groupe de personnes des avantages du projet) auxquelles il faudra réfléchir dès le départ. Plusieurs méthodes permettent de sélectionner les participants de manière relativement équitable. On pourra par exemple recourir à une loterie, échelonner le programme ou alterner les participants à l’intervention pour veiller à ce que tout le monde en bénéficie.

                                Méthodes quasi expérimentales

                                Les conceptions quasi expérimentales s identifient un groupe de comparaison aussi semblable que possible au groupe expérimental sur le plan des caractéristiques présentes avant l’intervention, avec pour principale différence que la conception quasi expérimentale ne prévoit pas de répartition aléatoire22 Les principales approches quasi expérimentales sont les suivantes : avant et après, différence simple, double différence (divergence dans la différence), régression à variables multiple, appariement sur les scores de propension et régression sur la discontinuité (voir le tableau 4.10 pour les définitions).23

                                Méthodes non expérimentales

                                Dans les méthodes non expérimentales utilisées pour les évaluations de l’impact a posteriori, les participants ainsi que les groupes de comparaison ne sont pas sélectionnés de manière aléatoire avant l'intervention, mais le groupe de comparaison est reconstitué après coup, c'est-à-dire au moment de l'évaluation. Pour déterminer les changements a posteriori qui peuvent résulter de l'intervention, les évaluations d'impact qui utilisent des méthodes non expérimentales procèdent à au moins deux analyses complémentaires : « avant et après » et « avec ou sans ».

                                Les méthodes non expérimentales sont souvent envisagées si la décision d’effectuer une évaluation d'impact est prise après que l'intervention a eu lieu.24

                                Diverses méthodes sont utilisées dans les méthodes quasi expérimentales pour s’assurer que le groupe expérimental et le groupe de comparaison sont aussi semblables que possible et pour minimiser les biais de sélection. Elles incluent l'appariement sur les scores (de propension), la méthode de la régression sur la discontinuité, la méthode de la divergence dans la différence et les variables instrumentales 25 Une description des différentes techniques est donnée dans le tableau suivant.

                                 

                                Tableau 4.11. Méthodes quasi expérimentales et non expérimentales

                                Méthodologie Description Qui fait partie 
                                du groupe de 
                                comparaison ?
                                Hypothèses 
                                requises
                                Données
                                requises
                                Avant et après Mesure comment la situation des participants au programme s’est améliorée (ou a changé) au fils du temps. Les participants au programme eux-mêmes − avant de participer au programme. Le programme a été le seul facteur ayant influé sur les changements dans l’effet direct mesuré au fil du temps. Données avant et après pour les participants au programme.
                                Différence simple Mesure la différence entre les participants au programme et les non participants après l’achèvement du programme. Personnes n’ayant pas participé au programme (quelle que soit la raison), mais pour qui des données ont été recueillies après le programme Les non-participants sont identiques aux participants à l’exception de la participation au programme et ils avaient les mêmes chances d’entrer dans le programme avant son démarrage. Données « après » sur la situation avant et après pour les participants au programme et les non participants.
                                Divergence dans 
                                la différence
                                Mesure l’amélioration (le changement) au fil du temps des participants au programme par rapport aux non participants. Personnes n’ayant pas participé au programme (quelle que soit la raison), mais pour qui des données ont été recueillies avant et après le programme Si le programme n’existait pas, les deux groupes auraient eu des trajectoires identiques au cours de cette période. Données avant et après pour les participants au programme et pour les non participants.
                                Régression à variable multiple Les personnes traitées sont comparées à celles qui ne l’ont pas été, et d’autres facteurs qui pourraient expliquer les différences dans les effetsdirects sont « neutralisés ». Personnes n’ayant pas participé au programme (quelle que soit la raison), mais pour qui des données ont été recueillies avant et après le programme. Dans ce cas, les données n’incluent pas seulement les indicateurs des effets directs, mais aussi d’autres variables « explicatives » Les facteurs qui ont été exclus (parce qu’ils ne sont pas observables ou n’ont pas été mesurés) ne faussent pas les résultats, car soit ils ne sont pas corrélés avec l’effet direct, soit ils ne sont pas différents entre les participants et les non participants Résultats et « variables de contrôle » pour les participants et les non participants.
                                Appariement statistique Les personnes du groupe de contrôle sont comparées à des personnes similaires du groupe expérimental. Correspondance exacte: Pour chaque participant, au moins un non-participant qui est identique pour certaines caractéristiques. Appariement sur les scores de propension: les non-participants qui présentent un mélange de caractéristiques prédisant qu’ils seraient susceptibles de participer en tant que participants. Les facteurs qui ont été exclus (parce qu’ils ne sont pas observables ou n’ont pas été mesurés) ne faussent pas les résultats, car soit ils ne sont pas corrélés avec l’effet direct, soit ils ne sont pas différents entre les participants et les non participants Effets directs et « variables d’appariement » pour les participants et les non participants.
                                Méthode de la régression 
                                sur la discontinuité
                                Les personnes sont classées en fonction de critères précis, mesurables. Une limite d’inclusion détermine si une personne est admissible à participer. Les participants sont ensuite comparés aux non-participants, et le critère d’admissibilité est neutralisé. Personnes qui sont proches de la limite d’inclusion, mais tombent du « mauvais » côté et ne bénéficient donc pas du programme. Après avoir neutralisé les critères (et d’autres mesures retenues), les différences restantes entre les personnes directement au-dessous et au-dessus de la valeur limite ne sont pas statistiquement significatives et ne fausseront pas les résultats. Pour ce faire, la condition nécessaire mais suffisante est que les critères d’inclusion soient scrupuleusement respectés. Effets directs et mesures sur les critères (et tous les autres contrôles).
                                Variables instrumentales La participation peut être prédite par un facteur incident (presque aléatoire), ou variable « instrumentale », qui est non corrélé avec l’effet direct, mis à part le fait qu’il prédit la participation (et que la participation influe sur l’effet direct). Personnes dont on a prédit, à cause de ce facteur quasi aléatoire, qu’elles ne participeraient pas et qui (peut-être de ce fait) n’ont pas participé. Si ce n’était pas pour la capacité de la variable instrumentale à prédire la participation, cet « instrument » n’aurait pas d’incidence sur l’effet direct ou ne serait pas corrélé à celui-ci Effets directs, « l’instrument » et d’autres variables de contrôle
                                Évaluation aléatoire Méthode expérimentale permettant de mesurer un lien de causalité entre deux variables. Les participants sont affectés aux groupes de contrôle de manière aléatoire. La randomisation a « marché ». Autrement dit, les deux groupes sont statistiquement identiques (au regard des facteurs observés et non observés) Données sur les effets directs pour le groupe de contrôle et le groupe expérimental. Les variables de contrôle peuvent aider à absorber la variance et améliorer la « puissance ».

                                Source: FIDA , 2015.

                                 

                                RESSOURCES

                                 

                                BetterEvaluation

                                Département de la santé et des services sociaux des États-Unis, Centers for Disease Control and Protection (CDC)

                                Fonds international de développement agricole (FIDA

                                Gertler, P.J., S. Martinez, P. Premand, L.B. Rawlings et C.M.J. Vermeersch

                                Groupe des Nations Unies pour l’évaluation (GNUE)

                                Leeuw, F. et J. Vaessen 

                                White, H. et D. Raitzer 

                                White, H. et S. Sabarwal 

                                White, H., S. Sabarwal et T. de Hoop

                                 

                                  Collecte et gestion des données
                                  Collecte des données

                                  Une fois que la conception du suivi et de l’évaluation a été identifiée et que la ou les méthode(s) et outils ont été élaborés, la collecte de données peut commencer. Il est recommandé d'organiser une formation sur la méthodologie avec la ou les équipe(s) de collecte de données. Cette formation doit porter de façon détaillée sur chacun des outils de collecte de données qui seront utilisés, et comporter des exercices pratiques sur la façon de les mettre en œuvre.

                                  Un guide de la collecte de données contenant des instructions claires à l'usage des agents de recensement est un outil de référence utile, pendant et après la formation, pour la collecte de données proprement dite. L’exemple ci-dessous présente un extrait d'une enquête figurant dans un guide de la collecte de données. En vous conformant à ces étapes, vous aurez la garantie que les données recueillies sont exactes et qu’elles comportent un nombre minimum d'erreurs. Dans certains cas, toutefois, il n'est pas possible d'organiser une formation complète faute de temps et de ressources, si bien qu’il peut être important d’élaborer un guide de la collecte de données.

                                  EXEMPLE- Extrait d’un guide de la collecte de données

                                  Section 1 : Situation économique

                                  Cette section s’intéresse à la situation économique/financière de la personne interrogée.

                                  1. Avez-vous une source régulière de revenus ? Oui Non

                                  Objectif: : Savoir si la personne interrogée a ou non des rentrées d’argent régulières. Parmi les sources de revenu possibles, il convient de citer l’emploi, une petite entreprise, ou la participation à un groupe de crédit et d’épargne.

                                  Instructions: Lisez d’abord la question et les possibilités de réponse à voix haute, puis entourez la réponse de la personne interrogée (oui ou non).

                                  a) (Si la réponse à la question no 1 est OUI) Quel a été votre revenu mensuel moyen au cours des six derniers mois ? ____________________________

                                  Instructions:s : Lisez d’abord la question à voix haute puis notez le revenu moyen mensuel de la personne interrogée dans l’espace prévu à cet effet à côté de la question. Cette question ne doit être posée que si la personne interrogée a répondu « oui » à la question no 1
                                  b) (Si la réponse à la question n°1 est NON) Quel a été votre revenu le mois dernier ? _________________________________
                                  Instructions: Lisez d’abord la question à voix haute, puis notez le montant du revenu de la personne interrogée dans l’espace prévu à cet effet à côté de la question. Cette question ne doit être posée que si la personne interrogée a répondu « non » à la question no 1.
                                  2. A quelle fréquence recevez-vous un soutien financier de la part d’un tiers ? Toujours Très souvent Rarement Jamais

                                  Objectif :Savoir à quelle fréquence la personne interrogée reçoit un soutien financier d’un tiers, qu’il s’agisse d’une personne ou d’une organisation.

                                  Instructions:Lisez d’abord la question et les possibilités de réponse à vois haute, puis entourez la réponse de la personne interrogée (une des quatre possibilités proposées à côté de la question).Chaque équipe de collecte de données doit avoir un supérieur hiérarchique chargé de superviser la collecte de données et de vérifier la présence d’erreurs éventuelles. Pendant la collecte de données, il est impératif que ce supérieur hiérarchique effectue régulièrement les contrôles suivants :

                                  • Manque-t-il des formulaires ?
                                  • Y a-t-il des formulaires en double pour une même personne interrogée ?
                                  • Y a-t-il des encadrés ou des espaces de réponse laissés vides ?
                                  • Plus d’une possibilité de réponse a-t-elle été sélectionnée pour les questions fermées avec une seule réponse possible ?
                                  • Des valeurs correctes ont-elles été inscrites dans les mauvaises cases ?
                                  • Les réponses sont-elles lisibles ?
                                  • Y a-t-il des erreurs d’écriture ?
                                  • Y a-t-il des réponses qui se situent en dehors de la fourchette attendue (aberrations)

                                  Ces vérifications permettent de réduire le nombre d’erreurs dans les données recueillies.

                                    Saisie des données

                                    Les données recueillies doivent ensuite être transférées dans une application informatique, telle que Microsoft Word ou Excel. La conversion des données en format électronique facilitera leur nettoyage et leur analyse. Pour les données quantitatives, la première étape de la saisie consiste à créer le(s) fichier(s) de données afin d'assurer un transfert sans heurts entre une feuille de calcul et un logiciel statistique, tel que SPSS ou Stata, pour procéder aux analyses statistiques.

                                    Comment structurer une feuille de calcul contenant des données
                                    • Structure des données pour les données transversales : Tableau composé de chiffres et de texte dans lequel chaque ligne correspond à un sujet individuel (ou unité d'analyse), et chaque colonne correspond à une variable ou mesure différente. Il y a une saisie (ligne) par sujet.
                                    •  Structure des données pour les données longitudinales : Les données peuvent être structurées dans un format large de fichier de données ou un format long de fichier de données. Dans le format large (voir le tableau 4.12), les réponses répétées d'un sujet figurent sur une seule ligne, et chaque réponse figure dans une colonne distincte. Dans le format long (voir le tableau 4.13), chaque ligne correspond à un point temporel par sujet, de sorte que pour chaque sujet des données figureront sur plusieurs lignes. Les variables qui ne changent pas avec le temps conserveront la même valeur pour toutes les lignes.
                                    Tableau 4.12. Exemple de format large de fichier de données 
                                      Identifiant Âge Revenu 2015 Revenu 2016 Revenu 2017
                                    1 067 43 30 000 30 000 32 000
                                    2 135 37 28 000 31 000 30 000

                                     

                                    Tableau 4.13. Exemple de format long de fichier de données
                                      Identifiant Âge Revenu Année
                                    1 067 43 30 000 2015
                                    2 067 43 30 000 2016
                                    3 067 43 32 000 2017
                                    4 135 37 28 000 2015
                                    5 135 37 31 000 2016
                                    6 135 37 30 000 2017

                                    Pour les données qualitatives, la première étape du processus de saisie des données consiste à transférer toutes les notes des entretiens, des discussions en groupe et des observations dans un document Word afin de procéder à une analyse de contenu à l'aide de logiciels d’analyse de données qualitatives, tels que NVivo ou MAXQDA.

                                    Une autre composante de la saisie des données consiste à attribuer à chaque sujet (ou unité d'analyse) un identifiant (ID) unique (par exemple : 01, 02, 03, etc.), à moins que cela ne soit directement fait pendant le processus de collecte de données. Pour ce faire, il faut créer un fichier distinct où l’on apparie les informations d'identification de chaque sujet (unité d'analyse) à son identifiant unique. L'attribution d'un identifiant unique à chaque personne interrogée garantit que les données demeureront anonymes dans le cas où elles seraient divulguées à d'autres parties.

                                      Nettoyage des données

                                      Une fois que les données ont été transférées du support utilisé pour consigner les informations vers une application informatique (Word ou Excel), elles doivent être examinées afin de détecter la présence d’erreurs. Après quoi, toute erreur doit être diagnostiquée et traitée.

                                      Des erreurs de données peuvent se produire à différentes étapes de la conception, de la mise en œuvre et de l'analyse des données (voir la figure 4.8) :

                                      • Lors de la conception des outils de collecte de données (par exemple, stratégies d’échantillonnage inappropriées, mesures invalides, biais, etc.) ;
                                      •  Lors de la collecte ou de la saisie des données ;
                                      • Lors de la transformation, de l’extraction ou du transfert des données ;
                                      •  Lors de l’étude ou de l’analyse des données ;
                                      •  Lors de la soumission du projet de rapport pour examen par les pairs26

                                      Figure 4.8. Sources d’erreur

                                       

                                      Principales erreurs à rechercher lors de la vérification des données27
                                      • Erreurs orthographiques et de mise en forme : Les variables catégorielles sont-elles écrites de manière incorrecte ? Les formats de date sont-ils cohérents ?
                                      • Absence de données : Certaines questions obtiennent-elles moins de réponses que les questions voisines?
                                      • Données excessives : Existe-t-il des doublons ? Existe-t-il plus de réponses que celles prévues à l’origine ?
                                      •  Aberrations/incohérences : Existe-t-il des valeurs qui s’éloignent tellement de la distribution normale qu'elles semblent potentiellement erronées ?
                                      • Schémas étranges : Y a-t-il des schémas qui suggèrent qu’il y a eu tromperie et que les réponses ne sont pas honnêtes (c'est-à-dire plusieurs questionnaires comportant exactement les mêmes réponses) ?
                                      • Résultats de l’analyse suspects : les réponses à certaines questions semblent-elles contre-intuitives ou extrêmement improbables ?
                                      Tableau 4.14. Méthodes de vérification des données 
                                      Données quantitatives Données quantitatives
                                      • • Parcourir les tableaux de données après le tri
                                      •  Calculer des statistiques récapitulatives
                                      • Lorsqu’on en a le temps, valider la saisie des données
                                      • Créer des distributions de fréquence et des tabulations croisées
                                      • Analyser de manière graphique les distributions de données à l'aide de diagrammes en boîte, d'histogrammes et de diagrammes de dispersion un utilisant des logiciels d'analyse visuelle tels que Tableau desktop
                                      • Détecter les aberrations*
                                      • • Vérifier les fautes de frappe
                                      • Comparer les données avec les hypothèses ou les critères
                                      • Compter les mots et les phrases
                                      • Créer des distributions de fréquence et des tabulations croisées
                                      En fonction du nombre d'outils de collecte de données utilisés et de la quantité de données collectées, il peut être nécessaire de recruter et de former des personnes chargées de la saisie (et du nettoyage) des données.

                                       

                                      *  HCR, 2015

                                        Diagnostic

                                        Une fois les données suspectes identifiées, l'étape suivante consiste à examiner toutes les réponses données par une personne interrogée afin de déterminer si les données font sens compte tenu du contexte dans lequel elles ont été recueillies. À l’issue de cet examen, il existe plusieurs diagnostics possibles pour chaque point de données suspect identifié :

                                        • Le point de données est manquant. Les données manquantes peuvent résulter de réponses omises par les personnes interrogées (absence de réponse), de questions sautées par l’enquêteur (saisie ou saut de questions erronés) ou par les agents de saisie des données, ou encore d'abandons (pour les recherches longitudinales).
                                        •  Le point de données est une vraie valeur extrême. Les vraies valeurs extrêmes sont des réponses qui semblent élevées mais qui peuvent en réalité être justifiées par d'autres réponses.
                                        • Le point de données est une vraie valeur normale. Les vraies valeurs normales constituent des réponses valides.
                                        • Le point de données est une erreur. Les erreurs peuvent être des fautes de frappe ou des réponses inappropriées (les questions posées ont été mal comprises par les personnes interrogées). Parfois, les erreurs peuvent être rapidement identifiées, lorsqu'il existe des seuils prédéfinis parce que les valeurs sont logiquement ou biologiquement impossibles. Tel est le cas, par exemple, quand un échantillon ne comprend que des personnes âgées de 18 à 35 ans mais que, dans l’enquête, il est indiqué qu’une personne interrogée a 80 ans, ce qui n’est pas possible28

                                         

                                        • 28 Ibid.
                                          Traitement

                                          Une fois que les observations problématiques ont été identifiées, il faut les traiter avant de procéder à l’analyse des données. Voici quelques-unes des principales approches permettant de traiter les erreurs de données :

                                          • Laisser les données inchangées. Cette approche est la plus conservatrice, car elle suppose d’accepter les données erronées comme s’il s’agissait de réponses valides sans effectuer aucun changement. Pour les études portant sur un large échantillon, laisser une réponse erronée n’a pas nécessairement de conséquences pour l’analyse. Cependant, pour les études portant sur un petit échantillon, la décision de laisser les données telles quelles peut être plus problématique.
                                          • Corriger les données, sans toutefois modifier l’intention de la personne interrogée ou le sens que celle-ci a voulu donner.
                                          •  Supprimer les données. Il est important de se rappeler que l’exclusion de données peut donner l'impression que les données ont été « sélectionnées » pour obtenir les résultats souhaités. Un autre possibilité consiste à créer une variable binaire (1 = enregistrement suspect ; 0 = enregistrement non suspect) et à l’utiliser comme un filtre d'enregistrement dans des tableaux croisés dynamiques ou dans le filtrage des tableaux afin de comprendre l'impact de données potentiellement erronées sur les résultats finaux.
                                          • Mesurer à nouveau les valeurs suspectes ou erronées si le temps et les ressources le permettent.29
                                          Règles générales de décision30
                                          • Si la personne chargée de la saisie des données a saisi des valeurs différentes de celles de l'enquête, la valeur doit être modifiée pour correspondre à celle qui figure dans le formulaire d'enquête.
                                          • Lorsque les valeurs des variables sont absurdes et qu'il n'y a pas d'erreur de saisie des données ni de notes permettant de savoir d'où vient l'erreur, la valeur doit être laissée telle quelle. Tout changement aura pour effet de biaiser les données.
                                          • Lorsque des cases sont vides pour des questions qui nécessitaient une réponse, ou si des valeurs erronées ne peuvent être corrigées, celles-ci peuvent alors être supprimées du fichier de données.
                                          • Lorsqu'il reste des valeurs suspectes et de vraies valeurs extrêmes après la phase de diagnostic, il faut examiner l'influence de ces points de données, tant individuellement que collectivement, sur les résultats avant de décider s’il y a lieu de laisser ou non les données inchangées.
                                          • Tout point de données retiré de l'ensemble de données doit être signalé comme « exclu de l'analyse » dans le chapitre du rapport final consacré à la méthodologie.

                                           

                                            Données manquantes

                                            Les valeurs manquantes appellent une attention particulière car elles ne peuvent être simplement ignorées. La première étape consiste à décider quelles cellules vides doivent être remplies de zéros (parce qu'elles représentent une observation négative ; par exemple « non », « absent » et « option non choisie ») et lesquelles doivent être laissées vides (si l'on utilise des cellules vides pour indiquer une valeur manquante ou non applicable). Les cellules vides peuvent également être remplacées par des codes de valeur manquante. Par exemple, 96 (je ne sais pas), 97 (refus de répondre), 98 (sauter la question/sans objet) et 99 (vide/manquant).

                                            Si la proportion de données manquantes ou incomplètes est importante pour une catégorie de données, cela pose un problème grave pour le suivi et l’évaluation. Dès qu’on sait qu’il manque un ensemble de données, il est important de savoir si les données manquantes sont aléatoires ou si elles varient de manière systématique, et de déterminer l'ampleur du problème. Les valeurs manquantes aléatoires peuvent être dues au fait que le sujet a omis de répondre à certaines questions par inadvertance. L’enquête peut être trop complexe et/ou longue, ou l'enquêteur peut être fatigué et/ou distrait et avoir manqué une question. Les valeurs manquantes aléatoires peuvent également provenir d'erreurs de saisie des données. S'il n'y a qu'un petit nombre de valeurs manquantes au sein de l'ensemble de données (habituellement, moins de 5 %), il est extrêmement probable qu'il s'agisse de valeurs manquantes aléatoires. Les valeurs manquantes non aléatoires peuvent être dues au fait que la personne source a délibérément omis de répondre à certaines questions (question prêtant à confusion ou sensible, absence de choix appropriés tels que « sans opinion » ou « ne s’applique pas »). 

                                            L’option par défaut pour traiter les données manquantes consiste à les filtrer et à les exclure de l'analyse :

                                            (a) Suppression par liste/par cas : Les cas pour lesquels il manque des valeurs concernant la ou les variable(s) analysée(s) sont exclus. Si l’on analyse une seule variable, la suppression par liste consiste simplement à analyser les données existantes. Si l’on analyse plusieurs variables, la suppression par liste élimine les cas pour lesquels il manque une valeur concernant l'une des variables. L'inconvénient est que cela engendre une perte de données, car toutes les données concernant les cas qui auront répondu à certaines questions et pas à d'autres (les données manquantes) sont supprimées.

                                            (b) Suppression par paire : Toutes les données disponibles sont incluses. Contrairement à la suppression par liste, qui consiste à supprimer les cas (sujets) pour lesquels il manque des valeurs concernant l’une quelconque des variables analysées, la suppression par paire ne supprime de l'analyse que les valeurs manquantes spécifiques (et non pas le cas entier). En d'autres termes, toutes les données disponibles sont incluses. Si vous effectuez une corrélation entre plusieurs variables, cette technique permet d'effectuer une corrélation bivariée entre tous les points de données disponibles et d'ignorer uniquement les valeurs manquantes potentielles correspondant à certaines variables. Dans ce cas, la suppression par paire donnera des tailles d'échantillon différentes pour chaque corrélation effectuée. La suppression par paire est utile lorsqu’on travaille sur un échantillon de petite taille ou que les valeurs manquantes sont importantes. En effet, si l’on ne dispose déjà que d’un petit nombre de valeurs au départ, il n’est pas judicieux d’en éliminer encore davantage en appliquant une suppression par liste.

                                            Remarque :La suppression signifie l'exclusion dans le cadre d'une procédure statistique, et non la suppression (des variables ou des cas) de l'ensemble de données.

                                            (c) Suppression de tous les cas présentant des valeurs manquantes : Seuls les cas dont les données sont complètes sont retenus. Cette approche réduit la taille de l'échantillon de données, ce qui entraîne une perte de puissance statistique et une augmentation de l'erreur d'estimation (intervalles de confiance plus larges). Cela ne pose pas de problème pour les grands ensembles de données mais constitue un grand inconvénient lorsqu’on travaille avec de petits ensembles de données. Les résultats peuvent également être bisaisés si les sujets présentant des valeurs manquantes sont différents des sujets sans valeurs manquantes (c'est-à-dire non aléatoires), ce qui engendre un échantillon non représentatif. 

                                            (d) Imputation (remplacer les valeurs manquantes) :Tous les cas sont préservés grâce au remplacement des données manquantes par une valeur probable fondée sur d’autres informations disponibles (telles que la moyenne ou la médiane des observations concernant la variable pour laquelle la valeur est manquante). Une fois que toutes les données manquantes ont été imputées, l’ensemble de données peut être analysé à l’aide des techniques standard applicables aux données complètes. Il existe des méthodes d’imputation plus sophistiquées, qui s’appuient sur des équations visant à prédire les valeurs des données manquantes sur la base d’un certain nombre de variables pour lesquelles les données sont disponibles. Toute méthode d’imputation peut donner lieu à des estimations biaisées. Une présentation détaillée des aspects techniques, de la pertinence et de la validité de chaque technique dépasse le cadre du présent document. En fin de compte, le choix de la bonne technique dépend des aspects suivants : i) la quantité de données manquantes (et les raisons de ce manque) ; ii) les schémas, le caractère aléatoire et la distribution des valeurs manquantes ; et iii) les effets produits par les données manquantes et la façon dont les données seront utilisées dans l'analyse. Il est fortement recommandé de faire appel à un statisticien dans des cas où les praticiens du suivi et de l’évaluation sont confrontés à un petit ensemble de données présentant une grande quantité de valeurs manquantes.

                                            En pratique, dans des cas de suivi et d’évaluation sans grandes ressources statistiques, créer une copie de la variable et remplacer les valeurs manquantes par la moyenne ou la médiane peut être souvent suffisant et préférable à la perte de cas due à des méthodes de suppression.

                                              Recoder et créer de nouvelles variables

                                              Au cours du processus de nettoyage des données, il peut être nécessaire de recoder certaines variables et d’en créer de nouvelles afin de répondre aux besoins analytiques de l’exercice de suivi et d’évaluation. Les variables peuvent être recodées à différents niveaux, comme suit :

                                              • Mise en forme : date (jour, mois et année), préfixes pour permettre un meilleur tri dans les tableaux et des arrondis (pour les variables continues).
                                              • Syntaxe : Traduction, style et simplification.
                                              • Recodage d’une variable catégorielle (par exemple, appartenance ethnique, profession, catégorie « autre », et corrections orthographiques).
                                              • Recodage d’une variable continue (telle que l’âge) en variable catégorielle (telle qu’un groupe d’âge).
                                              • Combiner les valeurs d’une variable en un plus petit nombre de catégories (par exemple, regrouper tous les problèmes causés par des difficultés d’accès).
                                              • Combiner plusieurs variables pour en créer une nouvelle (par exemple, créer un indice basé sur un ensemble de variables).
                                              • Définir une condition sur la base de certaines valeurs seuil (par exemple, population « à risque » contre « population à haut risque »).
                                              • Changer un niveau de mesure (par exemple, passer d’une échelle d’intervalle à une échelle ordinale).
                                              • Une distinction doit être faite entre les valeurs (sur le plan conceptuel).

                                              Les variables catégorielles peuvent être recodées de trois façons :

                                              (a) Décomposer une variable catégorielle en un plus petit nombre de catégories en combinant des catégories qui vont logiquement ensemble ou éliminer les catégories présentant un petit nombre d’observations ;

                                              (b) Diviser une variable catégorielle en plusieurs variables avec moins de catégories ;

                                              (c) Combiner plusieurs variables catégorielles en un moins grand nombre de variables avec plus de catégories.

                                              Principes relatifs à la réduction des données
                                              • Les variables ordinales doivent être décomposées de façon à préserver l’ordre des catégories.
                                              • Ne combiner que les catégories qui vont ensemble.
                                              • La façon dont les catégories sont décomposées peut facilement influer sur le niveau de signification des tests statistiques. Les catégories doivent être décomposées à priori afin d’éviter tout soupçon de manipulation des données en vue d’obtenir un résultat particulier.
                                              • Ne pas trop simplifier les données. La réduction excessive du nombre de catégories peut réduire la puissance statistique et rendre les relations entre les données ambiguës. De manière générale, toutes les catégories contenant 10 % ou plus des données (ou 5 cas pour des échantillons de très petite taille) doivent être conservées intactes.
                                              CONSEIL - Conseils pour un recodage efficace
                                              • Utiliser des noms distincts et faciles à retenir pour les variables.
                                              • Faire attention aux valeurs manquantes. Lorsque le recodage est fait, le nombre de cas présentant des données manquantes doit être le même qu’avant le recodage.
                                              • Utiliser des graphiques pour s’assurer que le recodage a été correctement réalisé.
                                              • Utiliser les codes attribués aux variables de façon cohérente. Par exemple, avec des variables dichotomiques « oui/non », toujours utiliser 0 = non et 1 = oui. Pour une variable qui peut avoir plus d’une seule valeur, toujours faire du 0 la catégorie de référence.
                                              • Conserver en permanence une trace de tout le recodage effectué.
                                                Documenter le changement

                                                Two good data management practices are transparency and the proper documentation of all the procedures followed, including the data cleaning process.

                                                Documenting errors, changes and additions is essential to the following:

                                                • Determining and maintaining data quality;
                                                • Avoiding duplication of error checking by different data entry staff;
                                                • Knowing what and by whom data quality checks have been carried out;
                                                • Recovering data cleaning errors;
                                                • Informing data users of the changes made to the last version of the data accessed.

                                                To keep track of all the changes made to the data, a change log can be created. By keeping track of all the modifications made, it will be possible to roll back to the original values, when necessary. The following are some of the fields that are included in a change log:

                                                • Table (if using multiple tables)
                                                • Column, row
                                                • Date changed
                                                • Changed by
                                                • Old value
                                                • New value
                                                • Comments
                                                RESSOURCES

                                                Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)

                                                Ruel, E., W.E. Wagner III and B.J. Gillespie

                                                • 2016a  Chapter 12: Data entry. In: The Practice of Survey Research: Theory and Applications. SAGE Publications, Thousand Oaks, California, pp. 195–207.
                                                • 2016b  Chapter 13: Data cleaning. In: The Practice of Survey Research: Theory and Applications. SAGE Publications, Thousand Oaks, California, pp. 208–237.
                                                  Analyser les données

                                                  Une fois les données recueillies et nettoyées, elles sont prêtes à être analysées. L'analyse des données permet de savoir si, comment et pourquoi l'intervention faisant l’objet du suivi et/ou de l’évaluation est en voie d'atteindre, ou a atteint, les objectifs fixés. Cette partie du chapitre est consacrée à l’analyse des données qualitatives et quantitatives à des fins de suivi et d’évaluation et à la triangulation des sources de données. Des exemples seront également fournis.

                                                  Analyse des données qualitatives

                                                  L'analyse des données qualitatives est un processus visant à réduire et à donner un sens à de grandes quantités d'informations qualitatives − provenant très souvent de sources multiples, telles que des notes de discussions de groupe, des notes d'entretiens individuels et des observations − afin de dégager des thèmes et schémas pertinents qui répondent aux questions de suivi et d’évaluation posées. L’analyse des données qualitatives se concentre sur la parole des personnes interrogées, le contexte dans lequel les données ont été recueillies, la cohérence et les contradictions des points de vue des personnes interrogées, la fréquence et l'intensité des commentaires des participants, leur spécificité, ainsi que les thèmes et schémas qui se dégagent. Par exemple, dans le cadre du suivi d'un projet en cours, il est décidé d’organiser dix groupes de discussion avec un nombre restreint de bénéficiaires. Que faire une fois que toutes les notes des discussions ont été recueillies ? Faut-il analyser les données de manière ad hoc ou systématique, c'est-à-dire, mettre en évidence les informations pertinentes ou les coder ?

                                                  Les codes sont des mots ou de courtes phrases qui rendent compte d’un « attribut récapitulatif, saillant, essentiel et/ou évocateur pour [...] des données linguistiques ou visuelles ».Saldana, 2009, p. 3. . Le codage est le processus qui consiste à étiqueter comme « appartenant à » ou comme représentatif d’un certain type de phénomènes qui peuvent être un concept, une croyance, une action, un thème, une pratique culturelle ou une relation. Le codage peut être réalisé manuellement, avec du papier et des surligneurs, ou par ordinateur dans un document Word, sur une feuille de calcul Excel ou à l’aide d’un logiciel d'analyse de données qualitatives comme NVivo.

                                                  Pour commencer à coder des données manuellement, rassemblez les exemplaires papier de toutes les données, annotez le texte à l'aide de stylos, de crayons, de surligneurs et de marqueurs et, enfin, coupez, collez, découpez, regroupez et associez les données. Il est conseillé de laisser de grandes marges et des espaces vides pour les annotations.

                                                  EXAMPLE

                                                  Figure 4.9. Exemple de codage manuel et d’annotations dans la marge

                                                  Figure 4.9. Example of manual coding and marginal remarks

                                                  Source: Center for Evaluation and Research, s.d

                                                  Étant donné que la plupart des praticiens du suivi et de l’évaluation ont accès à des programmes de traitement de texte et à des tableurs, ceux-ci sont couramment utilisés pour l'analyse des données qualitatives (voir la figure 4.10 qui illustre le codage dans un document Word).

                                                  EXAMPLE

                                                  Figure 4.10. Exemple de codage dans un document Word

                                                  Figure 4.10. Exemple de codage dans un document Word

                                                  Source: Ng, s.d.

                                                   

                                                   

                                                  Figure 4.11. Exemple de codage dans un tableur

                                                  Figure 4.11. Example of coding in a spreadsheet

                                                  Source: AccountingWEB, 2017.

                                                  Lorsqu’on doit analyser de grandes quantités de données, par exemple vingt transcriptions d'entretiens ou plus, il est possible d'acheter une licence pour un logiciel d'analyse de données qualitatives tel que NVivo cPour une présentation de NVivo et un guide d'introduction à la configuration et au codage avec ce logiciel, veuillez consulter le Guide de démarrage rapide de QSR International (2014).

                                                  Pour savoir comment analyser des données qualitatives, voir l’annexe 4.12. Étapes à suivre pour l’analyse des données qualitatives.

                                                    Analyse des données quantitatives

                                                    Une fois que les données quantitatives ont été saisies dans une feuille de calcul, elles sont prêtes à être utilisées pour générer des informations permettant de répondre aux questions de suivi ou d'évaluation. Les statistiques aident à transformer les données quantitatives en informations utiles pour faciliter la prise de décisions, par exemple en résumant les données et en décrivant les schémas, les relations et les liens. Les statistiques peuvent être descriptives ou inférentielles. Comme leur nom l'indique, les statistiques descriptives fournissent des informations qui permettent de décrire les données et de les résumer. Les représentations graphiques sous forme d'histogrammes, de diagrammes circulaires et de diagrammes à barres sont quelques autres méthodes de statistiques descriptives. De la sorte, il est possible de comparer rapidement différents ensembles de données et de repérer les valeurs les plus petites et les plus grandes, les tendances ou les changements sur une période donnée. Les statistiques inférentielles utilisent des données tirées d'un échantillon de la population pour faire des généralisations sur cette population.

                                                    Etant donné que la plupart des statistiques utilisées dans les exercices de suivi et d’évaluation sont descriptives, des outils et des exemples portant sur la façon ces statistiques sont calculées sont proposés ci-après.

                                                    Comme cela a déjà été mentionné dans la section sur les mesures, les données sont recueillies auprès d'unités, qui peuvent être, par exemple, des individus, des ménages, des écoles ou des communautés. Les différentes mesures, questions ou éléments d'information qui sont recueillis auprès de ces unités sont les variables. Il existe deux types de variables, les variables numériques quantitatives (quantitatives) et les variables catégorielles. Alors que les variables catégorielles sont constituées d'un groupe de catégories (sexe, homme/ femme, etc.), les variables numériques sont des nombres, tels que le nombre de participants à une formation.

                                                    Two types of variables

                                                     

                                                    Les groupes de données catégorielles sont toutes les unités comprises dans les différentes catégories, qui peuvent être résumées en déterminant combien de fois une catégorie se produit. Par exemple, le nombre de femmes dans une communauté, qui peut être décrit comme la fréquence des femmes au dans la communauté. Ces informations sont présentées à l'aide d'un tableau de fréquence. Celui-ci indique combien d'individus de la communauté appartiennent à chacune des catégories (hommes/femmes). Cette information peut également être représentée sous forme de pourcentage ou de proportion du total.

                                                    Des tables de fréquence peuvent être utilisées pour présenter les constatations dans un rapport, ou peuvent être converties en graphiques pour une présentation plus visuelle. Une proportion indique la fréquence relative de chaque catégorie ; elle est calculée en divisant chaque fréquence par le nombre total.

                                                    Les pourcentages sont calculés en multipliant la proportion par 100. Les proportions et les pourcentages peuvent être plus faciles à comprendre et à interpréter que l'examen des données de fréquence brutes, et sont souvent intégrés dans une table de fréquence (voir le tableau 4.15).

                                                    EXAMPLE

                                                     Table 4.15. Table de fréquence

                                                    Question 32. Pourcentage de parents ayant fait enregistrer la naissance de leurs enfants au registre des naissances et des décès
                                                    Réponse Fréquence Proportion Pourcentage
                                                    Avaient déjà fait enregistrer leurs enfants avant le projet 32 0.25  25% 
                                                    Ont enregistré leurs enfants après le projet 0.02 1.6%
                                                    N’ont pas d’enfant ou n’ont pas répondu 94  0.73 73.4%
                                                    Total 128 1.00 100%

                                                     

                                                    Source: Évaluation interne du projet de l’OIM intitulé Appui technique au Gouvernement du Ghana aux fins de lutte contre la traite des enfants et d’autres atteintes à la protection de l’enfance dans le Ketu sud, les districts nord et sud de Tongu de la région de la Volta.

                                                     

                                                      Analyse des variables numériques

                                                      Le centre et la dispersion des données sont deux statistiques descriptives couramment utilisées. Alors que le centre décrit une valeur typique, la dispersion décrit la distance d'un point de données par rapport au centre des données.

                                                      Analysis of numerical variables

                                                      Les statistiques les plus couramment utilisées pour décrire le centre sont la moyenne et la médiane. La médiane correspond à la valeur centrale d'un ensemble de données. Autrement dit, la moitié des données sont supérieures à la médiane, et l'autre moitié lui sont inférieures. La moyenne est calculée en additionnant toutes les valeurs, puis en les divisant par le nombre total de valeurs.

                                                      The most common statics used to describe the center are the mean and the median

                                                       

                                                      EXAMPLE

                                                      Une enquête est menée auprès de 25 jeunes (âgés de 18 à 25 ans) qui participent à un projet faisant l'objet d'un suivi. L’âge des participants fait partie des données enregistrées. Chaque chiffre correspond à l'âge d'un individu, les âges étant classés dans l'ordre.

                                                      A survey is conducted of 25 youth

                                                      La moyenne et la médiane pourraient être différentes pour cet ensemble de données. Pour calculer la médiane, classez les jeunes par ordre d'âge, puis trouvez le point médian. Dans cet exemple, 21 ans est l'âge médian des jeunes ; 12 jeunes ont moins de 21 ans et 11 jeunes ont plus de 21 ans. Pour calculer la moyenne, additionnez tous les âges, puis divisez par le nombre total de jeunes. Dans cet exemple, 21 ans est également l'âge moyen des jeunes interrogés. L'intervalle des données de l'exemple serait de 7 ans (minimum = 18, maximum = 25).

                                                      D’autres statistiques permettant de décrire la dispersion sont l’écart interquartile et l’écart type.

                                                      • L'écart interquartile est la différence entre le quartile supérieur et le quartile inférieur des données. Un quart (ou 25 %) des données se situe au-dessus du quartile supérieur, et un quart des données se situe au- dessous du quartile inférieur
                                                      • L'écart-type montre la différence moyenne entre chaque point de données individuel (ou l'âge du jeune dans l'exemple ci-dessus) et l'âge moyen. Si tous les points de données sont proches de la moyenne, l'écart-type est faible, ce qui montre qu'il y a peu de différence entre les valeurs. Un écart type important indique une plus large dispersion des données.

                                                      Pour de plus amples informations sur la façon de calculer des statistiques descriptives en utilisant Microsoft Excel, voir l’annexe  4.13. Calculer des statistiques descriptives

                                                       

                                                        Triangulation des sources de données

                                                        La triangulation est le processus qui consiste à comparer différentes sources de données et méthodes afin de corroborer les constatatins et de contrebalancer toute faiblesse dans les données par les forces d’autres données.

                                                        La triangulation peut renforcer la validité et la fiabilité des observations existantes sur une question donnée. Comparer et rapprocher différentes constatations et points de vue sur une même situation et/ou un même phénomène est un moyen efficace de déceler des incohérences dans les données et d'identifier des domaines à approfondir. Lorsque les constatations convergent, cela peut conduire à de nouvelles conclusions crédibles sur une question et permettre de l'envisager sous de nouveaux angles.

                                                        Bien qu'il n'existe pas de règles fixes pour l'analyse des données par triangulation, ce processus sarticule autour de plusieurs activités fondamentales :

                                                        • Évaluer les données de manière critique. Par exemple, donner la priorité aux constatations les plus pertinentes par rapport à l’objectif ou aux objectifs de la triangulation, identifier la façon dont les constatations tirées de différentes sources sont corrélées entre elles, et mettre en évidence toute lacune éventuelle en matière de données.
                                                        • Identifier les tendances éventuelles et déterminer si elles sont fondées sur une seule ou sur plusieurs sources de données.
                                                        • Formuler des hypothèses de travail afférentes à l’objectif ou aux objectifs de la triangulation des données. Par exemple, si l’objectif est de savoir si certains comportements changent parmi les bénéficiaires et si ces changements peuvent être directement reliés à l’intervention, des hypothèses fondées sur les données disponibles doivent être formulées en lien avec cet objectif. Les hypothèses peuvent être favorables à l’objectif. Par exemple, une hypothèse favorable pourrait être « la fourniture d’un soutien psychosocial a permis de réduire les signes de symptômes de stress post-traumatique parmi les bénéficiaires ».
                                                        • Confirmer ou réfuter des hypothèses. Il s’agit d’une étape cruciale de la triangulation, au cours de laquelle de nouvelles idées, angles d’approche et explications sont susceptibles d’émerger. C’est également à ce stade que les lacunes dans les données sont identifiées, ce qui peut conduire à chercher des données additionnelles. S’il n’existe pas de données additionnelles, il peut être nécessaire de modifier ou d’écarter une hypothèse. Toute hypothèse ayant été modifiée doit ensuite être confirmée à nouveau.
                                                        • Utiliser la convergence des données qui confirment ou infirment l’hypothèse pour tirer des conclusions motivées de l’exercice de triangulation. Les conclusions doivent être reliées aussi étroitement que possible aux objectifs annoncés de la triangulation. La clé de ce processus consiste à présenter les arguments les plus solides en faveur d'une hypothèse ou d'un objectif, au regard des preuves existantes. Voici quelques questions qu'il peut être utile de se poser au cours de ce processus :
                                                          • Quelles hypothèses sont étayées par les données les plus rigoureuses ?
                                                          • Quelles hypothèses sont étayées par des sources indépendantes ?
                                                          • Quelles hypothèses sont étayées par des données aussi bien quantitatives que qualitatives ?
                                                          • Les données disponibles présentent-elles des biais ou des limites importantes ?
                                                          • Existe-t-il d'autres explications possibles qui ne sont pas couvertes par les hypothèses ?
                                                          • Quel est votre degré de confiance dans les conclusions ?
                                                          • La conclusion est-elle exploitable (c'est-à-dire conduit-elle à une amélioration particulière de l’intervention) ?
                                                        • Documenter soigneusement et rigoureusement les conclusions avant de les diffuser. 
                                                        RESOURCES

                                                        AccountingWEB

                                                        Bazeley, P. et K. Jackson

                                                        • 2013   Qualitative Data Analysis with NVivo. SAGE Publications Ltd., Londres.

                                                        Center for Evaluation et Research

                                                        Ng, Y.-L.

                                                        QSR International

                                                        Saldana, J.

                                                        • 2009   The Coding Manual for Qualitative Researchers. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                        Tracy, S.

                                                        • 2013   Qualitative Research Methods: Collecting Evidence, Crafting Analysis, Communicating Impact. Wiley-Blackwell, West Sussex.
                                                          Présentation des constatations

                                                          Les efforts de suivi et d’évaluation visent à générer et à mettre à disposition des informations pertinentes pour la prise de décisions et pour la gestion de l'intervention visée par le suivi ou l’évaluation. Toutes les visualisations des données doivent proposer une synthèse des données recueillies et communiquer les résultats obtenus de manière simple et intuitive pour le lecteur. La dernière partie du présent chapitre portera sur les différents types de techniques et d'outils permettant de visualiser les données, en fonction de ce qu'elles montrent et de ce que l’on veut transmettre au lecteur. Des exemples seront également fournis.

                                                          Comment visualiser les constatations

                                                          Étape 1 : Identifier l’objectif de la visualisation des données

                                                          Avant que les praticiens du suivi et de l’évaluation ne commencent à concevoir une visualisation des données, les questions suivantes doivent être posées :

                                                          • Qu’est-ce que les données présentées visent à transmettre ? 
                                                          • Comment la visualisation va-t-elle inciter le public à agir en fonction des informations présentées ou le convaincre d’agir ainsi ?
                                                          • Quel est le message que le public doit retenir ?

                                                          Il est important d’être au clair sur les objectifs visés par la présentation visuelle des données, afin de la concevoir comme il se doit. Une étape cruciale du processus consiste à bien définir le message que l’on souhaite transmettre, et le graphique doit bien mettre en évidence de quelle organisation ou intervention il s’agit, et quelles sont les actions mises en œuvre.

                                                          Étape 2 : Connaître le public

                                                          Connaître le public suppose de s’interroger sur ce qu’il sait déjà, sur les informations additionnelles qu’il souhaite recevoir, sur ce qu’il souhaite apprendre et sur le degré de précision dont il a besoin pour comprendre le message transmis.

                                                          Étape 3: Réfléchir à la façon de visualiser le récit

                                                          Une fois que les données reueillies ont été nettoyées et analysées, une idée plus précise des constatations à présenter doit émerger. Le tableau 4.15 offre un aperçu des principales techniques de visualisation à utiliser en fonction de ce que les données révèlent.

                                                           

                                                          Tableau 4.16. Synthèse des différentes techniques de visualisation et de leur utilisation possible
                                                          Ce que les données 
                                                          montrent
                                                          Technique de visualisation appropriée
                                                          Synthèse Tableau de synthèse 
                                                          Faits et chiffres  Les icones et images attirent l’attention sur les valeurs des données
                                                          Comparaison, classement et distribution Les diagrammes à barres et les cartes thermiques utilisent des formes et des couleurs pour représenter des valeurs numériques.
                                                          Proportion ou partie d’un tout Les diagrammes circulaires ou en anneau, les diagrammes à barres empilées et les cartes arborescentes montrent la distribution au sein d'un groupe.
                                                          Changement au fil du temps Graphiques linéaires pour les analyses de séries chronologiques avec des courbes de tendance optionnelles.
                                                          Relations et tendances Les diagrammes de dispersion et les graphiques à bulles peuvent aider à mettre des corrélations en évidence.
                                                          Analyse de texte Nuages de mots permettant de présenter visuellement les termes qui reviennent le plus souvent dans un ensemble de données qualitatives.

                                                          Source: Carrington et Handley, 2017.

                                                          Pour de plus amples informations sur chacun des types de visualisation des données, voir l’annexe 4.14. Types de visualisation.

                                                           

                                                          RESSOURCES

                                                          Carrington, O. et S. Handley

                                                          • 2017    Data visualization: What’s it all about? New Philanthropy Capital (NPC) ) Briefing, août. Londres.
                                                            Annexes
                                                            Gouvernance des données sur la migration de l’OIM et suivi et évaluation

                                                            De quoi s’agit-il ? 

                                                            La gouvernance des données représente le cadre utilisé par l'OIM pour gérer les structures, les politiques, les principes fondamentaux et la qualité institutionnels qui garantiront l'accès à des informations exactes. Elle fixe des normes, des responsabilités et des attributions et veille à ce qu’il soit fait un usage optimal pour l’OIM de l’utilisation des données et des informations sur la migration, tout en gérant le coût et la qualité du traitement de l'information. La gouvernance des données assure l'utilisation cohérente, intégrée et disciplinée des données sur la migration par l'OIM.

                                                            En quoi est-elle pertinente pour l’action de l’OIM ? 

                                                            La gouvernance des données permet de considérer les données comme un atout pour chaque intervention menée par l'OIM et, surtout, elle constitue le fondement sur lequel toutes les initiatives de l'OIM peuvent s’appuyer. Il ne peut y avoir de programmes fondés sur des éléments factuels que si les données montrent quel est le problème et comment le résoudre. Cela signifie qu'il faut être capable de mesurer ce que l'on ne connaît pas, et de savoir ce qui est disponible et avec quoi il est possible de travailler.

                                                            Le cycle de vie des données sur la migration tout au long du cycle de projet comprend la planification et la conception, la saisie et l’élaboration, l'organisation, le stockage et la protection, l'utilisation, le suivi, l'examen et, finalement, l'amélioration des données ou leur élimination

                                                            Éléments auxquels il faut prêter attention :

                                                            a) Gestionnaire des données : Lors de la phase de mise en œuvre de l’intervention, les données à recueillir relèvent d’un gestionnaire des données clairement établi. S’il s’agit d’un projet mis en œuvre au niveau du bureau extérieur, le chef de mission sera le gestionnaire des données. Si l’intervention couvre plusieurs pays, le gestionnaire des données sera probablement le directeur régional. S’il s’agit d’un projet mondial, il faudra déterminer à quel domaine thématique le projet , et le chef de la division concernée sera alors le gestionnaire des données. Lorsque les données sont transversales, le gestionnaire des données sera probablement le chef de département.

                                                            b) Rôles et responsabilités : Tous les membres du personnel travaillant sur le projet doivent connaître leurs rôles et responsabilités concernant les données. Ils ne doivent avoir accès qu’aux données dont ils ont besoin pour leur travail.

                                                            c) Qualité des données : Les données doivent être exactes, valides, fiables, actuelles, pertinentes et complètes.

                                                            d) Classification des données pour garantir la sécurité et le respect de la vie privée : Le niveau de risque associé à la collecte de données doit être déterminé et classifié en conséquence, afin que les données puissent être stockées avec des contrôles d’accès rigoureux.

                                                            e) Traitement des données, y compris leur collecte et leur utilisation : Des outils permettant de recueillir uniquement les données nécessaires à la finalité de leur utilisation doivent être élaborés.

                                                              Comment mener un examen documentaire

                                                              Étapes de l’examen documentaire

                                                              Étape 1 : Identifier toutes les sources possibles.

                                                              Étape 2 : Catégoriser les documents.

                                                              Étant donné que certains documents seront plus pertinents que d’autres, le même poids ou la même attention ne doivent pas être accordés à tous les documents. Afin de faciliter l’examen documentaire, les documents disponibles peuvent être catégorisés en différents niveaux :

                                                              • Le niveau I correspond aux documents portant spécifiquement sur l’objet du suivi ou de l’évaluation, tels que les rapports de situation, d’étape et de suivi, ou les propositions de projet ;
                                                              • Le niveau II correspond à des documents d’information, tels que la couverture médiatique ou les rapports d’autres organismes ;
                                                              • Le niveau III correspond à des documents qui ne sont pas directement liés au projet.

                                                              Étape 3 : Décider de l’approche à suivre (structurée ou non structurée).

                                                              Souvent, faute de temps, les activités de suivi et d'évaluation se limitent aux documents du niveau I et, en partie, à ceux du niveau II pour lesquels une approche non structurée est appropriée. Pour inclure l'intégralité des documents des niveaux II et III dans l’examen documentaire, il faut adopter une approche structurée, comme suit :

                                                              • Formulaire d'examen structuré pour y consigner les commentaires portant sur les documents parcourus ;
                                                              • Rubrique permettant de noter les différentes parties des documents, par exemple en utilisant une échelle de quatre points pour subdiviser les documents comme suit :
                                                                • Parties ne portant pas du tout sur le sujet concerné.
                                                                • Parties traitant du sujet concerné de façon mineure.
                                                                •  Parties traitant du sujet de façon significative.
                                                                •  Parties portant essentiellement sur le sujet concerné.
                                                              • Indexation et recherche de documents aux fins de l’analyse de contenu.
                                                              RESOURCES

                                                              Informations additionnelles et exemples pratiques sur la façon de procéder à un examen documentaire 

                                                              Buchanan-Smith, M., J. Cosgrave and A. Warner

                                                                Types de biais

                                                                L'exactitude des données recueillies et des conclusions tirées dépend des praticiens du suivi et de l’évaluation et des personnes interrogées, ainsi que de la manière dont ils abordent et respectent les différentes étapes des processus de collecte, d'analyse et d’établissement de rapports. Aucune étude ne peut être entièrement exempte de biais. C'est pourquoi il est important d'être transparent au sujet des biais éventuels dans les données recueillies et d’en faire mention dans les rapports de suivi/d’évaluation. Une déclaration sur les biais potentiels indiquant les mesures prises pour les contrôler doit figurer dans tous les rapports de suivi et d’évaluation.

                                                                Biais introduit par la personne interrogée

                                                                Biais de non-réponse : Ce biais se produit lorsque les personnes sélectionnées refusent de participer à l'enquête ou qu’elles ne sont pas en mesure d’y participer. Par conséquent, les données recueillies diffèreront significativement de celles de la population cible. Pour éviter cela, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent s'assurer que l'échantillon sélectionné est représentatif de la population cible ou ajuster l'échantillon si ce biais devient trop important.

                                                                Biais d’acquiescement : Ce biais se produit lorsqu'une personne interrogée a tendance à être d'accord et à réagir positivement face à tout ce que l’enquêteur lui demande. Pour éviter ce phénomène, les questions qui suggèrent une réponse positive doivent être reformulées afin de savoir quel est le véritable point de vue de la personne interrogée sur la ou les question(s) abordée(s).32

                                                                Biais de désirabilité sociale : Ce biais est introduit par des réponses formulées d’une façon qui, selon les personnes interrogées, leur permettra d'être acceptées et appréciées. Pour éviter cela, il est possible de recourir à des questions indirectes consistant à demander ce qu’un tiers pense et ressent et comment il se comporterait. Une telle approche permet aux personnes interrogées de projeter leurs propres ressentis sur d’autres personnes, tout en fournissant des réponses honnêtes et représentatives33

                                                                Biais d’accoutumance : Ce biais se produit survient lorsque la personne interrogée donne la même réponse à toutes les questions formulées de manière similaire. Pour éviter cela, les questions doivent être formulées ou reformulées différemment et proposer diveses possibilités de réponse.34

                                                                Biais de financement : Étant donné que les personnes interrogées savent généralement quelle est l'organisation qui finance l'intervention, leurs sentiments et leurs opinions à son égard peuvent biaiser leurs réponses. Par exemple, les personnes interrogées peuvent dépeindre une situation désastreuse dans l'espoir d'obtenir un nouveau financement de la part de l'organisation. Ce biais peut être plus difficile à gérer, mais la même approche peut être utilisée que pour le biais d’acquiescement35

                                                                Biais d’attrition/mortalité : Lorsque les personnes interrogées cessent de participer à l'étude, l'échantillon sélectionné peut ne plus être représentatif de la population cible. L'échantillon doit alors être réajusté.

                                                                Biais de sélection : Ce biais désigne une altération des données imputable à la manière dont celles-ci ont été recueillies. Une forme courante de biais de sélection est l’autosélection, qui consiste à se porter volontaire pour participer à l'étude. Le biais provient donc ici du fait que les participants sont susceptibles de répondre différemment que les personnes qui ne se sont pas portées volontaires.

                                                                Biais de rappel : Ce biais se produit lorsque des personnes interrogées éprouvent des difficultés à se souvenir de certaines informations, si bien que les données recueillies sont inexactes. Il est possible de minimiser ce biais en reliant les questions à des événements clés que les personnes interrogées connaissent bien et qui peuvent les aider à se souvenir des informations pertinentes.

                                                                Biais introduit par l’évaluateur ou le chercheur 

                                                                Biais de confirmation : Ce type de biais se produit lorsqu'un praticien du suivi et de l’évaluation formule une hypothèse ou une conviction a sujet de l'intervention visée par le suivi ou l’évaluation et qu’il utilise les informations fournies par les personnes interrogées pour confirmer cette hypothèse ou cette conviction. Le biais de confirmation peut également se produire à la phase d'analyse, où les évaluateurs/chercheurs peuvent avoir tendance à se souvenir davantage des éléments qui étayent leurs hypothèses et qui en réfutent d'autres. Pour minimiser le biais de confirmation, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent régulièrement réévaluer les impressions des personnes interrogées et remettre en question les postulats et hypothèses préexistants.

                                                                Biais induit par l’ordre des questions : Ce biais se produit lorsqu'une question influence les réponses apportées aux questions suivantes. Les mots et les idées contenus dans les questions conditionnent les personnes interrogées, influençant ainsi leurs idées, leurs sentiments et leurs attitudes lors des questions suivantes. Bien que ce type de biais soit parfois inévitable, il peut être réduit en posant des questions générales avant de passer aux questions particulières, en commençant par des questions neutres avant de poser des questions dirigées, et en abordant les aspects positifs avant les aspects négatifs

                                                                Questions suggestives et biais de formulation : Ce type de biais se produit lorsque les praticiens du suivi et de l’évaluation développent la réponse d'une personne interrogée dans le but de confirmer une hypothèse, d’établir un lien ou de surévaluer leur compréhension de la personne interrogée. Pour minimiser ce biais, les praticiens doivent poser des questions en reprenant les termes des personnes interrogées et éviter de résumer avec leurs propres mots ce que les personnes ont exprimé.

                                                                Biais de publication : Ce biais se produit lorsque les résultats négatifs sont moins susceptibles d'être soumis et/ou publiés que les résultats positifs. « La plupart des évaluations sont commandées par des organismes ou des donateurs directement intéressés par les résultats obtenus. Il est donc possible que la structure d'incitation tende vers des constatations plus positives, même lorsque des consultants externes sont engagés pour effectuer l'évaluation »36

                                                                 

                                                                RESSOURCES

                                                                Références et lectures complémentaires concernant les biais

                                                                Bernard, H.R.

                                                                • 2012   Social Research Methods: Qualitative and Quantitative Approaches. Second edition. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                Creswell, J.W.

                                                                • 2014   Research Design: Qualitative, Quantitative, and Mixed Methods Approaches. Fourth edition. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                Hunter, J.E. and F.L. Schmidt

                                                                • 2004   Methods of Meta-Analysis: Correcting Error and Bias in Research Findings. Second edition. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                Keppel, G.

                                                                • 1991   Design and Analysis: A Researcher's Handbook. Third edition. Prentice-Hall, Inc., New York.

                                                                Neuman, W.L.

                                                                • 2006   Social Research Methods: Qualitative and Quantitative Approaches. Sixth edition. Pearson/Allyn and Bacon, Boston.

                                                                Punch, K.F.

                                                                • 2013   Introduction to Social Research: Quantitative and Qualitative Approaches. SAGE Publications, London.

                                                                Sarniak, R.

                                                                  Appliquer les divers types d’échantillonnage

                                                                  Échantillonnage aléatoire 

                                                                  Échantillonnage aléatoire simple 

                                                                  Les échantillons aléatoires sont des échantillons pour lesquels chaque unité de la population ciblée aux fins du suivi et/ou de l’évaluation a la même probabilité d'être sélectionnée. Il s’agit d’une approche équitable permettant de limiter le biais de sélection, qui nuit à l'exactitude des prévisions au sujet de la population cible (voir la section « Biais »).

                                                                  Idéalement, un échantillon doit être représentatif de l'ensemble de la population cible. Afin de sélectionner un échantillon aléatoire, une base d’échantillonnage est nécessaire. Chaque unité se voit attribuer un numéro d'identification unique. Après quoi, à l'aide d'une table ou d'un générateur de nombres aléatoires, un certain nombre d'unités est sélectionné de façon aléatoire.

                                                                  Exemple : Le site X du pays Y abrite 1 536 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Ce nombre étant composé de quatre chiffres, on attribue à chaque individu de la population un nombre à quatre chiffres en commençant par 0001, 0002, 0003, 0004 et ainsi de suite. Ensuite, en partant de n'importe quel point de la table de nombres aléatoires, choisissez des nombres successifs à quatre chiffres jusqu'à arriver à 300 nombres distincts compris entre 0001 et 1 536, ou générez 300 nombres aléatoires compris entre 0001 et 1 536 à l'aide d'un logiciel tel que Microsoft Excel (voir l’exemple ci-après).

                                                                  Comment sélectionner un échantillon aléatoire de 300 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à partir d’une population totale de 1 536 personnes en utilisant Microsoft Excel

                                                                  Étape 1 : Cliquez sur la cellule A1, tapez RANDBETWEEN(0001,1536) puis appuyez sur la touche Enter.

                                                                  Step 1

                                                                  Étape 2 : Pour générer, par exemple,ne liste de 300 nombres aléatoires, sélectionnez la cellule A1, cliquez sur le coin inférieur droit de la cellule A1 et glissez vers le bas jusqu’à la cellule A300.

                                                                  step2step3

                                                                   

                                                                  Échantillonnage aléatoire systématique

                                                                  L’échantillonnage aléatoire systématique est une technique consistant à sélectionner de façon aléatoire un numéro proche du début de la liste de la base d’échantillonnage, puis à sauter plusieurs numéros, à sélectionner un nouveau numéro, à sauter plusieurs autres numéros, puis à sélectionner le nom suivant et ainsi de suite. Le nombre de noms sautés à chaque étape dépendra de la taille de l'échantillon souhaité.

                                                                  Comment sélectionner un échantillon aléatoire systématique 

                                                                  Étape I : Estimer le nombre d’unités présentes dans la population (par exemple, 1 536 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sur le site X).

                                                                  Étape 2 : Déterminer la taille de l’échantillon (par exemple, 300 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays).

                                                                  Étape 3 : Diviser le résultat obtenu à l’étape 1 par le résultat obtenu à l’étape 2 (k=N/n) afin d’obtenir le nombre de numéros à sauter. Exemple : k = k = 1 536/300 = 5,12

                                                                  Étape 4 : Sélectionner un sujet de façon aléatoire à partir du premier numéro K de la base d’échantillonnage (par exemple, le cinquième numéro).

                                                                  Étape 5 : Sélectionner chaque numéro K apparaissant après celui-ci jusqu’à ce que l’échantillon requis soit sélectionné.

                                                                  En raison de la part laissée au hasard dans le cadre d’un échantillonnage aléatoire simple, il est possible de ne  pas obtenir une bonne représentation des sous-groupes présents au sein d'une population. Afin de résoudre ce problème, il existe plusieurs autres techniques d'échantillonnage aléatoire.

                                                                  Échantillonnage aléatoire stratifié 

                                                                  L'échantillonnage aléatoire stratifié, également appelé échantillonnage avec probabilité proportionnelle à la taille ou échantillonnage par quotas, est une technique qui consiste à diviser la base d’échantillonnage en deux ou plusieurs strates (sous-populations) selon des caractéristiques significatives, telles que le type de migrant ou le sexe, parmi lesquelles les participants sont ensuite sélectionnés de manière aléatoire. Un échantillon aléatoire simple est ensuite sélectionné au sein de chaque strate. Lorsqu'on utilise la même fraction d'échantillonnage au sein des strates, on procède alors à un échantillonnage aléatoire stratifié proportionnel. Lorsqu'on utilise des fractions d'échantillonnage différentes au sein des strates, on utilise un échantillonnage aléatoire stratifié disproportionné. Cette technique est utile lorsque le projet, le programme ou la politique cible plusieurs groupes différents que l’on souhaite comparer.

                                                                  Exemple : Parmi les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays présentes sur le site du pays Y, combien sont des enfants, des jeunes, des jeunes adultes, des adultes et des personnes âgées ? Si les enfants, les jeunes et les personnes âgées ne représentent qu'une faible proportion de la population totale du site, il est possible qu’un échantillon aléatoire simple ne comporte pas de proportion suffisante d'entre eux pour permettre une analyse pertinente.

                                                                  Comment sélectionner un échantillon aléatoire stratifié

                                                                  Étape 1 : Diviser la population en différentes strates présentant un intérêt pour l’étude. Par exemple, sur les 1 536 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, il y a 142 enfants (0-12 ans), 157 jeunes (13-25 ans), 413 jeunes adultes (26-34), 701 adultes (35-60 ans) et 123 personnes âgées (60 ans et plus).

                                                                  Étape 2 : Sélectionner un échantillon aléatoire simple au sein de chaque strate. Exemple : 142/1 536 = .092 * 142 = 13,12

                                                                  Sélectionner un échantillon aléatoire simple de 13 individus dans la strate des enfants.

                                                                  • Remarque : Le nombre d’unités sélectionnées dans chaque strate doit être équivalent à la proportion que représente la strate en question par rapport à la population totale.

                                                                  Les techniques d’échantillonnage aléatoire simple, systématique et stratifié nécessitent toutes une base d’échantillonnage, ce qui est très difficile à obtenir lorsqu’il s’agit d’individus ou de familles. Lorsqu’il n’existe pas de base d’échantillonnage ou lorsque les unités figurant sur la liste sont si dispersées que cela serait trop coûteux en temps et en argent de procéder à un échantillonnage aléatoire simple, l’échantillonnage par grappes constitue alors une alternative intéressante.

                                                                  Échantillonnage aléatoire par grappes

                                                                  L'échantillonnage aléatoire par grappes consiste à diviser la population en plusieurs groupes ou « grappes », puis à sélectionner un échantillon aléatoire simple au sein de ces grappes. Les unités présentes dans les grappes sélectionnées constituent l'échantillon. Contrairement à l'échantillonnage aléatoire stratifié, l'échantillonnage aléatoire par grappes utilise le système des grappes pour identifier les unités, et non pour les comparer. L'inconvénient de cette approche est que les grappes sélectionnées peuvent présenter d’importantes différences par rapport à celles qui ne sont pas comprises dans l'échantillon, ce qui fausse l'exactitude des déductions faites au sujet de la population cible.

                                                                  Comment sélectionner un échantillon aléatoire par grappes 

                                                                  Étape 1 : Identifier la population ciblée (par exemple, les 1 536 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays présentes sur le site X dans le pays Y).

                                                                  Étape 2 : Diviser la population en un grand nombre de groupes ou grappes (il existe 10 zones dans le camp abritant chacune quelque 150 personnes déplacées à l’intérieure de leur propre pays, dont deux font l’objet d’un échantillonnage aléatoire).

                                                                  Étape 3 : Sélectionner un échantillon aléatoire simple au sein des grappes (par exemple, procéder à un échantillonnage aléatoire sur deux des dix zones pour arriver à un échantillon total d’environ 300 personnes).

                                                                  Échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés

                                                                  L'échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés est une technique qui combine deux ou plusieurs méthodes d'échantillonnage aléatoire de manière séquentielle. Le processus commence généralement par la sélection d'un échantillon aléatoire par grappes, suivie d'un échantillonnage aléatoire simple ou d'un échantillonnage aléatoire stratifié. L'échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés peut également combiner des techniques d'échantillonnage aléatoire et non aléatoire.

                                                                  Exemple : Dans le pays Z, il y a sept sites de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Afin d'évaluer le soutien apporté par l'OIM aux personnes vivant dans ces sites, sélectionnez deux des sept sites en fonction d'une série de critères. Dans chacun des deux sites, il y a huit zones abritant chacune environ 60 personnes déplacées. Sélectionnez de façon aléatoire deux zones pour chacun des deux sites, ce qui donne un échantillon total de 240 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

                                                                  Échantillonnage non aléatoire 

                                                                  Échantillonnage dirigé

                                                                  On parle d'échantillonnage dirigé lorsqu'un échantillon est sélectionné selon un ensemble de critères prédéterminés, censés fournir les données nécessaires au suivi ou à l'évaluation du projet, du programme ou de la politique visés. Contrairement à l'échantillonnage aléatoire, cette technique est principalement utilisée pour un nombre limité de personnes qui possèdent les informations requises et lorsqu’on dispose de peu de temps et de ressources pour recueillir ces informations. Dans des situations d'urgence, par exemple dans le cas de sociétés touchées par un conflit, cette approche peut être appropriée dans la mesure où la sélection d'un échantillon aléatoire pourrait risquer d’aggraver les tensions existantes.

                                                                  Contrairement à l'échantillonnage aléatoire, l'échantillonnage dirigé est délibérément biaisé afin de sélectionner les cas les plus appropriés sous l’angle des questions de suivi ou d’évaluation. Si cette technique d'échantillonnage est appliquée, il est donc nécessaire d'être transparent et rigoureux lors de la sélection de l'échantillon, afin de contrôler et d'identifier tout biais potentiel dans les données qui devra être pris en compte lors de l’interprétation des résultats. Pour en savoir plus sur la façon de sélectionner les échantillons dirigés, voir le Guide de l'évaluation de l'action humanitaire de Buchanan-Smith et al. (2016).

                                                                  Échantillonnage en boule de neige

                                                                  L'échantillonnage en boule de neige est une autre forme d'échantillonnage dirigé, qui est utilisée lorsqu'on ne sait pas qui, quoi ou combien de points de vue inclure. Commencez par un entretien, puis demandez à la personne interrogée d'identifier d'autres personnes susceptibles d’être interrogées. Ce processus est reproduit jusqu'à ce qu'on atteigne un point de saturation. La saturation est le moment du processus de collecte des données où plus aucune information nouvelle ou pertinente permettant de répondre aux questions de suivi ou d’évaluation n’émerge. L'échantillonnage en boule de neige est particulièrement utile lorsqu’on vise des populations inaccessibles ou difficiles à localiser.

                                                                  Lorsqu’une technique d’échantillonnage dirigé est utilisée, il convient d’inclure différents points de vue dans l’échantillon afin de garantir la crédibilité des contatations. Autrement dit, il faut procéder à une triangulation des sources de données. Par exemple, il est nécessaire de tenir compte des rôles, de la problématique femmeshommes, de l’appartenance ethnique, de la religion, de l'emplacement géographique et d'autres facteurs importants pour le problème traité par le projet, le programme ou la politique examinés, afin de refléter divers points de vue au sein de l'échantillon. Lorsque cela n'est pas possible, il faut être transparent quant aux points de vue qui ont été inclus et ceux qui ne l'ont pas été, et de le mentionner dans le rapport de suivi ou d’évaluation.

                                                                  Échantillonnage par quotas 

                                                                  L'échantillonnage par quotas, qui est une autre technique d'échantillonnage dirigé, consiste à sélectionner de façon aléatoire un nombre précis de différents types d'unités dans une population, conforméement à un quota préétabli. L'échantillonnage par quotas peut être proportionnel (pour représenter les principales caractéristiques de la population cible en échantillonnant une quantité proportionnelle de chacune d'entre elles) ou non proportionnel (pour définir le nombre minimum d'unités échantillonnées dans chaque catégorie sans chercher à avoir des nombres correspondant aux proportions présentes au sein de la population cible). Par exemple, dans le site de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, il est possible de sélectionner 150 femmes et 150 hommes à interroger (n = 300, proportionnel) ou 200 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, 50 migrants de retour et 50 réfugiés (n = 300, non-proportionnel).

                                                                  Échantillonnage de commodité 

                                                                  Les échantillons de commodité sont sélectionnés en fonction de la disponibilité ou de l'autosélection des participants (c'est-à-dire des volontaires) et/ou pour des raisons de commodité. Bien que cette technique ne soit ni dirigée ni stratégique, elle reste largement utilisée car elle est peu coûteuse et est simple et pratique. Par exemple, il suffit d'arriver sur le lieu d’un projet et d'interroger le personnel de projet disponible le jour de la visite ainsi que les bénéficiaires rencontrés en parcourant le site. Cependant, cette technique d'échantillonnage est également la moins fiable des approches d'échantillonnage non aléatoire présentées plus haut, car les personnes les plus disponibles sont surreprésentées, de sorte que la variabilité existant au sein de la population cible est sous-estimée. Si cette technique est utilisée, l'utilisation de quotas peut permettre d’obtenir un échantillon plus inclusif. Par exemple, assurez-vous d'échantillonner un nombre égal d'hommes et de femmes et de faire en sorte qu’un entretien sur deux soit réalisé avec une femme.

                                                                  RESSOURCES

                                                                  Références et lectures complémentaires au sujet de l’échantillonnage

                                                                  Buchanan-Smith, M., J. Cosgrave et A. Warner

                                                                  Daniel, J.

                                                                  • 2012    Sampling Essentials: Practical Guidelines for Making Sampling Choices. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                  Hand, D.J.

                                                                  • 2008    Statistics: A Very Short Introduction. Oxford University Press, New York.
                                                                  Magnani, R.
                                                                  • 1999   Sampling Guide. Food Security and Nutrition Monitoring (IMPACT) Project, International Science and Technology Institute for the U.S. Agency for International Development. Arlington, Virginie, janvier.

                                                                  Morra-Imas, L.G. et R.C. Rist

                                                                  National Audit Office, United Kingdom

                                                                  • 2000   A Practical Guide to Sampling. Statistical and Technical Team.

                                                                  Sackett, D.L.

                                                                  Stockmann, R. (ed.)

                                                                  • 2011    A Practitioner Handbook on Evaluation. Edward Elgar, Cheltenham and Northampton.

                                                                  Trochim, W.M.K.

                                                                  Wholey, J.S., H.P. Hatry and K.E. Newcomer (eds.)

                                                                  • 2010   Handbook of Practical Program Evaluation. Troisième édition. Jossey-Bass, San Francisco, Californie.
                                                                   
                                                                    Conception et mise en œuvre d’une enquête

                                                                    Format et types de questions et possibilités de réponse 

                                                                    Le format des questions d'enquête peut être fermé ou ouvert. Nombre d’enquêtes ont tendance à comprendre un mélange de ces deux types de questions. Les questions fermées peuvent appeler une réponse simple ou proposer des possibilitésde réponses. Les formats les plus courants de questions fermées prévoient des possibilités de réponse qui sont :

                                                                    • Dichotomiques

                                                                      Exemple : Vos enfants vont-ils à l’école ? □ Oui □ Non

                                                                    • Ordonnées

                                                                      Exemple : Quelle est la fréquence des distributions de denrées alimentaires (ou d’espèces/coupons) sur le site ?

                                                                      □ Tous les jours □ Deux fois par semaine □ Une fois par semaine □ Toutes les deux semaines□ Toutes les deux semaines □Une fois par mois □ Irrégulière □ Jamais 
                                                                      □ Pas de réponse, pourquoi ? _______________

                                                                    • Non ordonnées 

                                                                      Example: Raison du déplacement

                                                                      □ Conflit □ Innondation □ Incendie □ Sécheresse □ Glissement de terrain □ Autre

                                                                    • À compléter

                                                                      Exemple : Combien gagnez-vous par jour ? ____

                                                                    Pour plus d’informations et des exemples relatifs aux différents formats de questions fermées, voir le chapitre « Survey design » de David et Sutton dans Social Research (2011).

                                                                    À l’inverse, les questions ouvertes permettent aux personnes interrogées de répondre avec leurs propres mots. Par exemple, « Pourquoi avez-vous choisi précisément ce pays de destination ? ».

                                                                    Il existe six types de questions pouvant être utilisés pour concevoir une enquête37

                                                                    a)  Les questions relatives au comportement ou à l’expérience, qui cherchent à savoir ce que font ou souhaitent faire les personnes interrogées, comment elles se comportent ou agissent, ce qu’elles vivent ou éprouvent, comment elles réagissent ou, simplement, ce qui se produit dans le contexte dans lequel le projet, le programme ou la politique sont mis en œuvre. Exemple : Avezvous l’intention de vous installer ailleurs ?

                                                                    b)  Les questions relatives à l’opinion ou aux valeurs, qui s’intéressent aux idées, réactions, impressions, attitudes et points de vue des personnes interrogées au sujet des activités/problèmes faisant l’objet du suivi ou de l’évaluation.

                                                                    Exemple:

                                                                    Comment décririez-vous l’accès de votre ménage aux services publics, tels que l’éducation, l’hébergement, la santé et d’autres services dans la zone où vous résidez actuellement ?

                                                                        □ Excellent: nous ne rencontrons pas le moindre problème

                                                                        □ Bon: l’accès est bon mais nous rencontrons quelques retards mineurs

                                                                        □ Neutre.

                                                                        □ Mauvais : nous rencontrons des retards et des problèmes.

                                                                        □ Très mauvais : il y a des retards et des interdictions d’accès de la part de la communauté et des autorités locales.

                                                                    c) Les questions relatives aux sentiments, qui portent sur les émotions ou les réactions d’ordre émotionnel des personnes interrogées concernant une expérience, une pensée ou un problème en particulier.

                                                                    Exemple :

                                                                    Considérez-vous que vous êtes intégré(e) au niveau local ?

                                                                        □ Oui  □ Partiellement intégré(e)  □ Non  □ Je ne sais pas

                                                                    d)  Les questions relatives aux connaissances, qui s’intéressent aux connaissances de la personne interrogée au sujet d’une question précise. Exemple : Dans votre méange, combien de personnes souffrent d’une maladie chronique ?

                                                                    e)  Les questions sensorielles, qui s’intéressent à ce que la personne interrogée voit, entend, touche, goûte et sent. Exemple : L’éclairage est-il suffisant sur le site pendant la nuit ?

                                                                    f)  Les questions contextuelles/démographiques, qui visent à recueillir des informations biographiques ou historiques auprès des personnes interrogées. Exemple: 
                                                                    Sexe : □ Homme □ Femme 

                                                                    Lors de l’élaboration des questions d’enquête, il est important d’éviter les questions ambiguës, doubles, suggestives ou comportant une double négation. Une question ambiguë signifie que le répondant peut interpréter la question de diverses manières car les termes ou les phrases employés sont vagues. Une question double consiste à poser une question sur deux problématiques différentes en même temps. L’emploi des termes « et » ou « ou » peut indiquer qu’il s’agit d’une question double. Une question suggestive consiste à suggérer une certaine réponse à la personne interrogée. L’emploi de doubles négations dans une question induit une confusion inutile et augmente ainsi le risque de recueillir des données non fiables. En évitant ces erreurs, on s’assure que les données recueillies sont valides et fiables.

                                                                    Exemple de questions ambiguës :

                                                                    a) Mauvais : Seriez-vous prêt à vous réinstaller ? □ Oui □ Non

                                                                    Bon : Seriez-vous prêt à vous réinstaller (choisissez une possibilité):

                                                                    □ Dans le même État 
                                                                    □ En dehors de l’État (précisez) : __________ 
                                                                    □ Dans le même pays 
                                                                    □ En dehors du pays (précisez) : _____
                                                                    □ Pas de réinstallation 
                                                                    □ Je ne sais pas 

                                                                    (b) Mauvais : Comment avez-vous entendu parler du projet ? (Question double, qui prévoit deux possibilités de réponse en une)

                                                                    □ Un ami ou un parent 
                                                                    □ Un journal 
                                                                    □ La télévision ou la radio 
                                                                    □ Votre conjoint 
                                                                    □ Au travail 
                                                                     

                                                                    Bon : Comment avez-vous entendu parler du projet ?

                                                                    □ Un ami 
                                                                    □ Un parent 
                                                                    □ Par les médias

                                                                    Exemple de questions doubles :

                                                                    Mauvais : Comment évaluez-vous les services sanitaires et éducatifs disponibles sur le site ? 
                                                                    □ Excellents
                                                                    □ Bons 
                                                                    □ Corrects 
                                                                    □ Mauvais 

                                                                    Bon : Comment évaluez-vous les services sanitaires disponibles sur le site ?

                                                                    □ Excellents
                                                                    □ Bons 
                                                                    □ Corrects 
                                                                    □ Mauvais 

                                                                    Comment évaluez-vous les services éducatifs disponibles sur le site ?

                                                                    □ Excellents
                                                                    □ Bons 
                                                                    □ Corrects 
                                                                    □ Mauvais

                                                                     

                                                                    Exemple de questions suggestives :

                                                                    Mauvais : L’activité X a rassemblé davantage de participants que toute autre activité du projet. Avez vous participé à cette activité ?

                                                                    □ Oui □ Non

                                                                    Bon : Avez-vous participé à l’activité X ?

                                                                    □ Oui □ Non

                                                                     

                                                                    Exemple de questions comportant une double négation :

                                                                    Mauvais : Que pensez-vous de l’affirmation suivante ? « Nous ne devons pas réduire les dépenses militaires ».

                                                                    □ Tout à fait d’accord 
                                                                    □ D’accord 
                                                                    □ Pas d’accord 
                                                                    □ Pas du tout d’accord 

                                                                    Bon : Que pensez-vous de l’affirmation suivante ? « Nous devons réduire les dépenses militaires ».

                                                                    □ Tout à fait d’accord 
                                                                    □ D’accord 
                                                                    □ Pas d’accord 
                                                                    □ Pas du tout d’accord 

                                                                     

                                                                    Ordre des questions

                                                                    L’ordre dans lequel les questions d’une enquête sont posées peut influer sur la qualité des réponses données, ainsi que sur le fait que la personne interrogée ira ou non jusqu’au bout de l’enquête. Par exemple, si l’enquête commence par des questions très sensibles, il est possible que la personne interrogée fournisse des informations inexactes, qu’elle saute des questions ou qu’elle abandonne l’enquête. Voici quelques conseils à suivre concernant l’ordre des questions d’enquête :

                                                                    • Commencer avec des questions qui intéressent directement la personne interrogée.
                                                                    • Poser des questions sur le présent avant de poser des questions sur le passé ou le futur.
                                                                    • Répartir les questions factuelles dans l’enquête car elles ont tendance à démobiliser les personnes interrogées.
                                                                    • Commencer avec des questions plus faciles et poser les questions plus difficiles ou sensibles vers la fin.
                                                                    • Placer les questions personnelles/démographiques à la fin car certaines personnes interrogées peuvent ne pas se sentir à l’aise pour poursuivre l’enquête si certaines questions personnelles leur sont posées dès le début de l’enquête.
                                                                    • Regrouper les questions similaires ou corrélées.
                                                                    • Veiller à ce que les questions suivent un cheminement logique.
                                                                    • Poser les questions les plus importantes aux deux tiers de l’enquête.
                                                                    • Classez les questions par ordre de priorité, en laissant de côté celles qui ne sont pas prioritaires.

                                                                     

                                                                    • 37Patton, 1987. Il existe d’autres type ou catégories de questions utilisées pour les entretiens et qui sont exposées plus en détail à l annexe 4.7.
                                                                    RESSOURCES

                                                                    Références et lectures complémentaires sur le format et les types de question et les possibilités de réponse

                                                                    Bradburn, N.M., B. Wansink et S. Sudman

                                                                    • 2004 Asking Questions: The Definitive Guide to Questionnaire Design – For Market Research, Political Polls, and Social and Health Questionnaires. Edition révisée. Jossey-Bass, San Francisco, Californie.

                                                                    Cowles, E.L. et E. Nelson

                                                                    • 2015 An Introduction to Survey Research. Business Expert Press, New York.

                                                                    David, M. et C.D. Sutton

                                                                    • 2011 Survey design. In: Social Research: An Introduction. Second edition. SAGE Publications, Londres, pp. 239-270.

                                                                    Fowler Jr., F.J.

                                                                    • 2006 Improving Survey Questions: Design and Evaluation. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                    Morra-Imas, L.G. et R.C. Rist

                                                                    Patton, M.Q.

                                                                    • 1987 How to Use Qualitative Methods in Evaluation. SAGE Publications, California.

                                                                    Programme international de formation à l'évaluation du développement (IPDET), Banque mondiale et Université de Carleton

                                                                    Structure

                                                                    Tout comme l'ordre des questions, la structure de l'enquête est également importante pour recueillir des données de qualité (en particulier dans le cas des enquêtes auto-administrées). Voici quelques uns des principaux points à inclure dans une enquête :

                                                                    • Titre, date et numéro d’identification de la personne interrogée ;
                                                                    • Informations de contact et de retour ;
                                                                    • Déclaration liminaire/lettre d’introduction indiquant la finalité de l’enquête et la façon dont celle-ci sera utilisée ;
                                                                    • Limiter le nombre de rubriques pour les sujets abordés dans l’enquête ;
                                                                    • Veiller à ce que les questions soient simples, claires et concises ;
                                                                    • Les questions et les propositions de réponse doivent être présentées et formulées de façon cohérente ;
                                                                    • Toutes les questions doivent être numérotées ;
                                                                    • Dire comment répondre à chaque question (par exemple, choisir toutes les possibilités qui s’appliquent, cocher une case, entourer la réponse ou rédiger une réponse courte) ;
                                                                    • Classer les réponses du niveau le plus faible vers le niveau le plus élevé, en allant de gauche à droite (par exemple, 1 – Pas du tout, 2 – Parfois, 3 – Souvent, 4 – Toujours).

                                                                    Déclaration liminaire/lettre d’introduction

                                                                    La déclaration liminaire/lettre d’introduction doit être brève et facile à comprendre. Voici les principaux éléments qui y figurent généralement :

                                                                    • Objectif et importance de l’enquête ;
                                                                    • Nom de l’organisation qui réalise l’enquête ;
                                                                    • Importance de la participation de la personne interrogée ;
                                                                    • Raison pour laquelle la personne interrogée a été sélectionnée pour participer à l'enquête ;
                                                                    • Temps approximatif nécessaire pour répondre à l’enquête ;
                                                                    • Garantie que les informations fournies resteront anonymes et confidentielles ;
                                                                    • Remerciements pour le temps et les efforts consacrés par la personne interrogée ;
                                                                    • Nom et coordonnées d’une personne de contact pour toute demande de renseignements complémentaires ;
                                                                    • Proposition de retour d’informations sur les résultats de l’enquête.

                                                                    Établir une relation 

                                                                    Au début d'une enquête (ou d'un entretien, voir la section relative aux entretiens), il est important d'établir un bon contact avec la personne interrogée. La relation est l’aptitude à nouer un lien avec la personne interrogée de sorte à établir un certain degré de confiance et de compréhension. Comment établir une bonne relation avec la personne interrogée ?

                                                                    a) Veiller à ce que la première impression soit bonne.

                                                                    Dès votre arrivée sur le lieu de rendez-vous pour réaliser l'enquête, faites de votre mieux pour mettre la personne interrogée à l'aise. Avec quelques mots bien choisis, il est possible de mettre la personne interrogée dans un état d'esprit favorable. Commencez par un sourire et des salutations telles que « Bonjour » ou « Bonsoir », puis passez à l'introduction.

                                                                    b) Obtenir le consentement de la personne interrogée. 
                                                                    c) Répondre avec franchise à toute question posée par la personne interrogée. 
                                                                    d) Garantir l’anonymat et la confidentialité des réponses.

                                                                    Si la personne interrogée hésite à répondre à une question ou demande à quoi serviront les données, expliquezlui que les informations recueillies resteront confidentielles, qu'aucun nom ne sera utilisé à quelque fin que ce soit, et que toutes les informations seront regroupées lors de la rédaction des rapports. Il est également conseillé de ne pas mentionner d’autres enquêtes déjà réalisées ni de montrer des formulaires d'enquête complétés à d'autres enquêteurs devant une personne interrogée ou toute autre personne.

                                                                    e) Toujours adopter une approche positive. 
                                                                    f) Interroger la personne seule.

                                                                    La présence d'une tierce personne pendant l'enquête peut empêcher la personne interrogée de donner des réponses franches et honnêtes. Il est donc très important que l'enquête soit menée en privé et que ce soit la personne interrogée qui réponde à toutes les questions.

                                                                    Si d'autres personnes sont présentes, expliquez à la personne interrogée que certaines questions sont privées et demandez-lui de pouvoir l'interroger dans un endroit où vous serez seul avec elle. Il peut arriver que le fait de demander d’être seuls éveille la curiosité des autres personnes et qu’elles veuillent écouter la conversation. Le fait de protéger la vie privée dès le début permettra à la personne interrogée d'être plus franche et plus attentive aux questions.

                                                                    S'il est impossible d'être seuls, il est alors envisageable de réaliser l'entretien en présence de tiers. Dans ce cas, éloignez autant que possible la personne interrogée des autres personnes présentes.

                                                                    g) Cosidérer les participants comme des experts.

                                                                    Les personnes sont invitées à participer à une étude parce qu'elles sont réputées posséder des connaissances importantes et nécessaires pour le suivi ou l'évaluation d'un projet, d'un programme ou d'une politique précis. Dans ce cas, il est conseillé de dire aux participants que l'enquête a pour objectif d’apprendre d’eux. Le fait d'exprimer cela aux participants est une manière de reconnaître avec respect les contributions précieuses qu'ils apporteront au suivi et/ou à l’évaluation.

                                                                     

                                                                    RESSOURCES

                                                                    Références et lectures complémentaires sur la structure des enquêtes

                                                                    King, N. and C. Horrocks

                                                                    • 2018    Interviews in Qualitative Research. SAGE Publications, , Londres.

                                                                    Mack, N., C. Woodsong, K.M. MacQueen, G. Guest and E. Namey

                                                                    Révision, traduction, pré-test et pilotage d’une enquête 

                                                                    Une fois la version initiale de l'enquête rédigée, il est recommandé d'inviter les principales parties prenantes et les experts locaux à examiner attentivement le projet et à le modifier en fonction des commentaires reçus. Il se peut que ce processus doive être répété plusieurs fois avant que l'enquête ne soit prête à être pré-testée. Si elle doit être menée dans la langue locale, elle doit être traduite avant le pré-test. Le(s) traducteur(s) doit(vent) parler couramment les deux langues et, dans la mesure du possible, être familiarisé(s) avec les questions abordées. Une fois l'enquête traduite dans la langue locale, un second traducteur doit la traduire à nouveau dans la langue d'origine. Ce processus garantit l’exactitude de la traduction. Toute lacune ou malentendu doit être corrigé avant que l'enquête ne puisse être pré-testée.

                                                                    Lors de la réalisation d'un pré-test, il est important de tester l'enquête auprès d'un groupe de personnes d’horizons divers présentant un intérêt pour les questions de suivi/d’évaluation. L'objectif d'un pré-test est de s'assurer que l'enquête recueille les informations qu'elle est censée collecter. Un bon pré-test doit porter sur trois niveaux :

                                                                    • La totalité : Toutes les sections de l'enquête sont-elles cohérentes ? Y a-t-il des sections différentes où la mêle question est posée ?
                                                                    • Chaque section : Si l'enquête comporte plus d'une section, chaque section recueille-t-elle les informations envisagées? Les principales activités/problématiques visées par le suivi ou l’évaluation sont-elles toutes prises en compte ? Y a-t-il des questions qui ne sont pas pertinentes ?
                                                                    • Les questions : la formulation est-elle claire ? La traduction est-elle correcte ? La question permetelle de donner des réponses ambiguës ? Y a-t-il plusieurs interprétations possibles ?

                                                                    Pour évaluer une enquête à ces trois niveaux, une approche consiste à s'asseoir avec un petit nombre de personnes interrogées et de leur demander de réfléchir à haute voix pendant qu’elles répondent aux questions. Bien qu’elle prenne dutemps, cette approche permet d’obtenir des indications importantes sur la façon dont les futures personnes interrogées interpréteront les questions posées. Toute question mal comprise doit être révisée et testée à nouveau. Ce processus devra peut être être répété plusieurs fois, surtout si l'enquête a été traduite dans une autre langue, ce qui peut entraîner des lacunes ou des malentendus si la traduction n’est pas suffisamment précise.

                                                                    Une fois l'enquête finalisée, vient la phase de pilotage auprès d'un échantillon approprié de personnes potentiellement appelées à participer à l'enquête. Cette étape permettra de se faire une idée de la validité et de la fiabilité des questions de l'enquête. Le pilotage constitue également l'occasion de s'exercer à la mise en œuvre de l'enquête, ce qui peut permettre d’identifier les difficultés susceptibles d’être rencontrées lors de la collecte des données.

                                                                    RESSOURCES

                                                                    Références et lectures complémentaires concernant la révision, le pré-test et le pilotage d’une enquête 

                                                                    Morra-Imas, L.G. et R.C. Rist

                                                                    Programme international de formation à l'évaluation du développement (IPDET), Banque mondiale et Université de Carleton

                                                                    tools4dev

                                                                      Exemple d’enquête

                                                                      Extraits du suivi réalisé par l’OIM après la distribution d’articles non alimentaires au Soudan du Sud, Wau, septembre 2017. 

                                                                      Un questionnaire de suivi post-distribution par téléphone mobile a été utilisé pour recueillir des données auprès des ménages. Il comprenait des observations visuelles et des enregistrements (photos) de l'usage fait des articles distribués et de l’état d’avancement de la distribution. Sur 3 507 ménages, un échantillon initial de 88 ménages a été sélectionné à l'aide de la calculatrice de taille de l’échantillon indiquée dans les directives du groupe sectoriel des abris/articles non alimentaires au Soudan du Sud. En outre, conformément à la recommandation énoncée dans les directives, la taille de l'échantillon initial a été augmentée de 20 % afin de tenir compte des enquêtes viciées et d’une saisie incorrecte des données. Par conséquent, 19 ménages (20 % de la taille initiale de l'échantillon) ont été ajoutés, portant la taille de l’échantillon à 105 ménages. Le niveau de confiance était de 96 %, avec une marge d'erreur de 10 %. Les enquêteurs disposaient de trois jours pour réaliser l’enquête, et chaque enquêteur a collecté des données auprès de sept ménages par jour pendant trois jours. Un enquêteur a interrogé deux ménages supplémentaires, ce qui a permis d'obtenir un échantillon total de 107 ménages.

                                                                      Introduction

                                                                      • Présentez-vous et exposer clairement le but de votre visite à la personne interrogée.
                                                                      • Obtenez la confirmation que la personne interrogée a bien reçu l’abri et les articles non alimentaires (couvertures, moustiquaires, jerricans pliables et kangas) lors de la distribution réalisée par l’OIM en mai 2017.
                                                                      • Demandez le consentement de la personne interrogée avant de démarrer le questionnaire, et précisez que l’entretien durera environ 30 minutes.
                                                                      • Expliquez que vous n'allez pas fournir d’articles supplémentaires et que les informations recueillies serviront uniquement à améliorer les distributions à l'avenir.
                                                                      • Essayez de préserver autant que possible la confidentialité de l’entretien, afin d’éviter tout biais. Cela peut nécessiter de demander poliment aux observateurs présents de s'éloigner et/ou de trouver un espace où les autres personnes ne peuvent pas écouter.
                                                                      • Confirmez que le chef de ménage et/ou la personne qui a été enregistrée et qui a récupéré les articles lors de la distribution est bien la personne avec laquelle vous menez l’entretien.

                                                                      Voici quelques exemples possibles, qui ne donnent qu’un aperçu d’une petite partie de l’enquête.

                                                                       

                                                                      Avez-vous reçu des articles non alimentaires lors de la distribution faite par l’OIM en mai 2017 ?

                                                                       □ Oui □ Non

                                                                      1a. Sélectionnez l’État :

                                                                      □ région administrative d’Abiye □ Équatoria Central □ Équatoria Oriental □ Jonglei 

                                                                      1b. Lieu de l’entretien : ____________________________ 

                                                                      2. Nom de l’enquêteur : ___________________________ 

                                                                      3a. Nom de la personne interrogée (nom du bénéficiaire) : ___________________ 

                                                                      3b. Indiquez le sexe de la personne interrogée :

                                                                      □ Homme □ Femme 

                                                                      3c. Combien de personnes votre ménage compte-t-il ? 
                                                                      □ 1 □ 2 □ 3 □ 4 □ 5 □ 6 □ 7 □ 8 □ 9 □ More than 10 
                                                                      4a. Avez-vous eu le sentiment de recevoir les articles à temps pour pouvoir répondre à vos besoins ? 
                                                                      □ Oui, en temps voulu □ En retard □ Trop tard 

                                                                      4b. Quelle était la qualité du matelas fourni ?

                                                                      □ Bonne □ Moyenne □ Mauvaise 

                                                                      4c. Comment évalueriez-vous l’organisation de la distribution ? 
                                                                      □ Excellente □ Bonne □ Moyenne □ Médiocre □ Mauvaise 

                                                                      4d. Quels changements avez-vous connus depuis que vous avez reçu les articcles ? 
                                                                      (c’est-à-dire, protection contre la malaria, sommeil de meilleure qualité)

                                                                        Structure et questions d’entretien

                                                                        Différentes parties d’un entretien et types de questions posées 

                                                                        Tableau A4.1. Aperçu de la structure d’un entretien et des différents types de questions posées 
                                                                        Ouverture Corps Clôture
                                                                        Questions visant à établir une bonne relation Questions génératives  Questions directives Questions de synthèse
                                                                        • Questions ouvertes sur l’expérience de la personne
                                                                        •  Questions factuelles
                                                                        • • Parcours
                                                                        • Hypothétiques
                                                                        • Comportement et actions
                                                                        • Comparaison – opposition
                                                                        • Motivations
                                                                        • Fermées
                                                                        • Typologiques
                                                                        • Réflexion du participant
                                                                        • Potentiellement menaçantes
                                                                        • Récapitulatives
                                                                        • Renforcement de l’identité
                                                                        • Démographiques
                                                                        Consentement éclairé   Consentement éclairé

                                                                        Ouverture

                                                                        Dès les premières minutes d'un entretien, il est conseillé de donner au participant des informations sur l'entretien en faisant une déclaration liminaire ou introductive similaire à celle prévue pour une enquête. La durée de l'entretien peut être confirmée en disant quelque chose comme ceci :

                                                                        • L’entretien devrait durer environ une heure. Est-ce que cela vous convient toujours ? Je vous invite à développer vos réponses aux questions que je vais vous poser, mais il se peut qu’à certains moments, je sois amené(e) à recentrer notre échange afin que nous soyons sûrs d’aborder toutes les questions en une heure.

                                                                        Les premières questions doivent ensuite viser à instaurer une bonne relation avec les participants, afin qu’ils se sentent à l’aise et bien informés. Par conséquent, les questions ne doivent pas être intimidantes, mais être ouvertes, faciles et engageantes, telles que des questions ouvertes relatives à l'expérience du participant, qui inciteront les personnes interrogées à raconter des histoires (par exemple, « Que pouvez-vous me dire au sujet du projet X ? ») ou des questions factuelles sur les points faisant l’objet du suivi ou de l’évaluation (par exemple, « Quels sont les services de base disponibles dans votre communauté ? »).

                                                                        Corps

                                                                        Après l'ouverture, vous pouvez commencer à poser des questions génératives, c’est à dire des questions non directives, non intimidantes, qui visent à créer un cadre de discussion. Les questions relatives au parcours amènent la personne interrogée à partager des connaissances descriptives familières ou des souvenirs concernant une activité ou un événement. Par exemple : « Pouvez-vous décrire une journée type ? ». Les questions relatives au parcours peuvent être suivies de questions exploratoires qui visent à demander des exemples ou des précisions chronologiques. Par exemple, « Quels sont les événements qui vous ont amené(e) à quitter votre foyer ? » Les questions hypothétiques conduisent les personnes interrogées à imaginer leurs comportements, leurs actions, leurs sentiments ou leurs pensées dans certaines situations. Par exemple, « Imaginez que vous receviez une somme d'argent X ; comment l'utiliseriez-vous ? ». Des questions relatives aux comportements et aux actions peuvent également être posées, ainsi que des questions de comparaison-opposition. Par exemple, « En quoi votre vie quotidienne est-elle identique ou différente de celle que vous aviez avant de quitter votre foyer ? ». Enfin, les questions peuvent porter sur les motivations (de la personne interrogée et/ou d'une autre personne). Ces questions peuvent notamment porter sur des sentiments, des actions ou des comportements et être formulées en commençant par « pourquoi » ou « comment ». Après avoir posé des questions sur les expériences passées et présentes, des questions sur les perspectives d’avenir peuvent être posées pour obtenir d'autres informations connexes, par exemple : « Où vous voyez-vous vivre dans un avenir proche ? ».

                                                                         

                                                                        Pour obtenir des informations précises, on utilise des questions directives. La forme la plus simple de question directive est la question fermée, qui comporte des possibilités de réponse prédéterminées, uniques, dichotomiques ou multiples. Il existe également des questions typologiques, qui invitent les personnes interrogées à organiser leurs connaissances en différents types ou catégories. Par exemple, « Quels types d'activités récréatives pratiquez-vous régulièrement ? ». Des invites peuvent être utilisées pour inciter les participants à énoncer diverses catégories ou différents de types. Si vous souhaitez demander au participant de commenter les données collectées jusqu'à présent, vous pouvez utiliser des questions de réflexion du participant. Par exemple, « Sur la base de mon travail de terrain mené jusqu'à présent, il me semble que l'une des raisons pour lesquelles ... est ... Que pensez-vous de mon interprétation ? » Si des questions potentiellement menaçantes/intimidantes doivent être posées (telles que des questions d’ordre personnel ou politique), celles-ci doivent être laissées pour la fin de l'entretien car elles peuvent être moins problématiques aprèss qu’une bonne relation a été établie avec les participants.

                                                                        Clôture 

                                                                        Il existe plusieurs types de questions pour clore un entretien. Des questions récapitulatives permettent d’éclaircir certains détails ou de compléter des histoires inachevées. Par exemple, « Selon vous, quelle question ne vous ai-je pas posée et que j'aurais dû vous poser ? ». C’est également à la fin d'un entretien qu’il faut poser des questions de renforcement de l'identité, qui permettent à la personne interrogée de quitter l’entretien en se sentant appréciée et reconnue en tant qu’experte. Par exemple : « Quelle est, selon vous, la chose la plus importante dont nous avons parlé aujourd'hui, et pourquoi ? ». Les réponses à ces questions peuvent également permettre d’orienter les futurs entretiens. En ce qui concerne les questions démographiques, le débat reste ouvert sur la question de savoir quand et comment elles doivent être posées. Certains chercheurs et praticiens pensent qu'elles devraient être posées au début d’un entretien, au cas où le participant mettrait fin prématurément à l'entretien. D'autres estiment qu'elles peuvent nuire à l’établissement d’une bonne relation avec le participant. À la fin de l'entretien, n'oubliez pas de remercier les personnes interrogées et de les rassurer quant à l'anonymat et à la confidentialité des réponses données.

                                                                         

                                                                        RESSOURCES

                                                                        Références et lectures complémentaires sur la structure d’un entretien et les différents types  de questions 

                                                                        Tracy, S.

                                                                        • 2013   Qualitative Research Methods: Collecting Evidence, Crafting Analysis, Communicating Impact. WileyBlackwell, West Sussex.

                                                                        Formulation des questions d’entretien

                                                                        Des questions d’entretien bien conçues doivent présenter les caractéristiques suivantes :

                                                                        • Être simples et claires (pas de sigles, d’abréviations ni de jargon) ;
                                                                        • Ne pas comporter de questions doubles ;
                                                                        • Promouvoie des réponses ouvertes et détaillées;
                                                                        • Remarque : S’il a été décidé d’inclure des questions auxquelles il faut répondre par oui ou par non, celles-ci doivent être suivies par une question demandant « Pourquoi ? » ou « De quelle façon ? », ou alors elles doivent être reformulées afin de susciter une réponse plus détaillée (par exemple, « Dans quelle mesure … ? »).
                                                                        • Être claires et directes (pas de double négation), neutres et non suggestives ;
                                                                        • Ne pas être menaçantes à l’égard de la personne interrogée,
                                                                        • Être accompagnées de questions exploratoires appropriées.

                                                                         

                                                                        Questions exploratoires

                                                                        Les questions exploratoires sont des questions réactives posées en vue de clarifier ce qui a été exprimé par la personne interrogée. L'objectif est d'obtenir des précisions, des détails ou une compréhension approfondie du ou des sujet(s) faisant l'objet du suivi ou de l'évaluation.

                                                                        Exemples de questions exploratoires visant à obtenir des clarifications :

                                                                        • Vous ai-je bien compris lorsque vous dites que … ? 
                                                                        • Lorsque vous dites …. Que voulez-vous dire exactement ?

                                                                        Exemples de questions exploratoires visant à obtenir des détails :

                                                                        • Comment avez-vous fait face à … ?
                                                                        • Pouvez-vous m’en dire davantage sur … ?

                                                                        Exemples de questions exploratoires analytiques :

                                                                        • Comment décririez-vous … ?
                                                                        • Qu’est-ce qui est/était important concernant … ?

                                                                        Exemples de questions exploratoires sur les variations possibles ou de questions exploratoires contrefactuelles :

                                                                        • Feriez-vous face à X de la même façon la prochaine fois ?
                                                                        • Certaines des personnes avec qui j’ai parlé m’ont dit que … Quel est votre avis sur la question ?

                                                                        Révision, traduction, pré-test et pilotage d’un entretien 

                                                                        À l’instar des enquêtes, les entretiens doivent également faire l’objet de révisions, d’une traduction (si nécessaire), d’un pré-test et d’un pilotage. Pour savoir comment procéder, voir la sous-section et l'annexe relatives aux « Enquêtes ».

                                                                        Conseils pour mener des entretiens 

                                                                        • nformez la personne interrogée de la finalité et de la durée de l'entretien, de la raison pour laquelle elle est interrogée, de la manière dont elle a été sélectionnée, de la façon dont les données seront utilisées (anonymat et confidentialité), de la possibilité de recevoir une copie du rapport, et précisez que des notes de synthèse de l'entretien seront à sa disposition si elle le souhaite.
                                                                        • Choisissez un moment et un lieu sûr, facilement accessible, calme et exempt de distractions.
                                                                        • Faites appel à un preneur de notes et/ou enregistrez l'entretien si cela est possible.
                                                                        • Si vous prenez des notes, veillez à ne pas vous laisser distraire de la conversation :
                                                                          • Maintenez un contact visuel autant que possible ;
                                                                          • Notez des mots et des phrases clés (ne notez pas tout textuellement) ;
                                                                          • Si vous souhaitez prendre note d’une réponse en particulier, demandez à la personne interrogée de répéter, afin d’avoir suffisamment de temps pour pouvoir tout noter ;
                                                                          • Pour les réponses importantes, demandez à la personne interrogée si les termes exacts qu’elle a employés peuvent être utilisés ou cités.
                                                                        • Respectez l'approche choisie pour l'entretien (structuré, semi-structuré, non structuré).
                                                                        • Établissez une bonne relation avec la personne interrogée et évitez de poser des questions sensibles jusqu'à ce qu’elle semble être suffisamment à l'aise.
                                                                        • Donnez à la personne interrogée suffisamment de temps pour répondre.
                                                                        • Soyez conscient des normes culturelles relatives au contact visuel, à la problématique femmeshommes et aux questions directes.
                                                                        • Rédigez les notes d'entretien aussi vite que possible après l'entretien.
                                                                        RESSOURCES

                                                                        Références et lectures complémentaires concernant la révision, la traduction, le pré-test et le pilotage d’un entretien

                                                                        Kvale S.

                                                                        • 1996   InterViews: An Introduction to Qualitative Research Interviewing. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                        Oxfam.

                                                                        Rubin, H.J. and I.S. Rubin

                                                                        • 1995   Qualitative Interviewing: The Art of Hearing Data. SAGE Publications, Thousand Oaks.

                                                                        Spradley, J.P.

                                                                        • 1979    The Ethnographic Interview. Holt, Rinehart and Winston, New York.
                                                                          Exemple d’entretien

                                                                          Évaluation : Projet de lutte contre la traite d’êtres humains mené par l’OIM au Timor Leste – Protocole d’entretien pour les parties prenantes et le projet. 

                                                                          Des questions pertinentes ont été extraites de la liste exhaustive ci-après, en fonction du rôle de la personne interrogée (par exemple, selon qu’il s’agisse du réalisateur du projet ou d’une partie prenante) et de ses domaines de compétence.

                                                                          Il m'a été demandé de mener une évaluation du projet de l'OIM intitulé « Strengthening government and service provider responses to human trafficking in Timor-Leste: A capacity-building initiative » (« Renforcer les réponses du Gouvernement et des fournisseurs de services à la traite d’êtres humains au Timor-Leste : projet de renforcement des capacités »). Les objectifs de l'évaluation sont les suivants : a) mesurer les progrès accomplis par le projet ; b) identifier les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet ; et c) identifier les enseignements tirés, les pratiques exemplaires et les domaines potentiels de conception et de mise en œuvre de projets futurs. L'évaluation porte plus particulièrement sur les activités menées au titre de ce projet précis, et non sur l'ensemble du programme d'activités mené par l'OIM dans le pays. Dans le cadre de cette évaluation, les principales personnes interrogées sont : le personnel de l'OIM associé à la mise en œuvre du projet, les organisations partenaires d’exécution, les bénéficiaires des activités du projet, et les parties prenantes du Gouvernement et de la société civile. Les réponses individuelles resteront confidentielles, et nous ne partagerons que des constatations généralisées et des commentaires anonymes.

                                                                          Merci pour votre temps et pour votre coopération !

                                                                          Informations de base

                                                                          (a)) Quel est votre titre et votre rôle, et quelles sont vos responsabilités dans le cadre du projet mené par l'OIM ?

                                                                          (b) Depuis combien de temps occupez-vous cette fonction ?

                                                                          Pertinence 

                                                                          (c) À votre connaissance, quels sont les objectifs du projet de l’OIM ?

                                                                          (d) Dans quelle mesure les objectifs du programme sont-ils toujours valides ?

                                                                          (e) À votre connaissance, quels sont les principaux produits et activités du programme ?

                                                                          (f) Les activités et les produits du programme sont-ils cohérents par rapport aux effets directs et à l’objectif visé ?

                                                                          (g) Selon vous, quelles sont les hypothèses qui relient les activités, les produits, les effets directs et les objectifs ?

                                                                          Efficacité

                                                                          (h) Votre organisation a-t-elle été associée à la mise en œuvre de l'une quelconque des activités de ce projet ?

                                                                          i) Si oui, lesquelles ?

                                                                          ii) Si non, avez-vous entendu parler de la mise en œuvre de ces activités ? Si oui, lesquelles ?

                                                                          iii) Quelles ont été les principales réalisations obtenues grâce à ces activités ?

                                                                          iv) D’après votre expérience, quels types d’activités ont été les moins ou les plus fructueuses ? Pourquoi ?

                                                                          v) Quels ont été les principaux facteurs qui ont eu un impact positif ou négatif sur votre travail (ou sur le travail d’autres personnes) dans le cadre de ce projet ?

                                                                          Viabilité

                                                                          i) Quels facteurs favoriseront ou entraveront la continuité des réalisations du projet après son achèvement ?

                                                                          j) Dans quelle mesure les produits du projet ont-ils été institutionnalisés ? Par exemple, des lignes directrices, un mandat, des documents d’orientation, une législation ou d'autres éléments ont-ils été adoptés par des institutions nationales ?

                                                                          État d’avancement du projet (pour les réalisateurs du projet)

                                                                          k) Quelles sont, selon vous, les principales réalisations du projet à ce jour ?

                                                                          l) Quelles ont été les principales déceptions ?

                                                                          m) Dans quelle mesure la mise en œuvre du projet respecte-t-elle le calendrier fixé? Pourquoi ?

                                                                          n) Quels ont été les points forts et les points faibles de la mise en œuvre du projet pilote ? (Par exemple, sur le plan du respect desdélais, de la gestion des risques, des partenariats et de l’affectation des ressources)

                                                                          o) Quels sont les principaux enseignements tirés de la mise en œuvre du projet à ce jour ? Quelles recommandations ou suggestions pouvez-vous formuler en ce qui concerne la période de mise en œuvre restante du projet ? Et au-delà du projet ?

                                                                           

                                                                            Préparer, mener et animer une discussion de groupe

                                                                            Préparation d’une discussion de groupe

                                                                            Une discussion de groupe rassemble en moyenne six à huit personnes, 15 au maximum, et dure entre une et deux heures. Lors de la sélection des participants à une discussion de groupe, il est important de s’assurer que le groupe est homogène, afin que les participants se sentent à l'aise pour exprimer leurs opinions. Pour sélectionner des groupes homogènes, il faut notamment tenir compte des points suivants :

                                                                            • Le sexe : Les hommes et les femmes se sentiront-ils à l'aise pour discuter de ce sujet au sein d’un groupe mixte ? Par exemple, les femmes pourraient se sentir mal à l'aise de discuter de la question X si des hommes font partie du groupe.
                                                                            • L'âge : L’âge influera-t-il la façon dont les personnes réagissent face au sujet ? Par exemple, un jeune peut se sentir mal à l'aise de parler de la question X en présence de membres plus âgés de sa communauté.
                                                                            • Les rapports hiérarchiques : Des personnes occupant des positions hiérarchiques différentes pourront-elles discuter du sujet sur un pied d’égalité ? Par exemple, un habitant du village A pourrait se sentir mal à l'aise de discuter de la question X en présence de l'administrateur local38

                                                                            Parmi d’autres aspects à prendre en considération, on peut citer la participation de fonctionnaires gouvernementaux, qui risquent d’influencer les réponses, ou les différences culturelles, susceptibles d’influer sur les réponses données (en mélangeant des autochtones et des non autochtones).

                                                                            RESSOURCES

                                                                            Références et lectures complémentaires concernant la préparation d’une discussion de groupe

                                                                            Humans of Data

                                                                            Une fois les participants sélectionnés, il est faut obtenir leur consentement éclairé, oralement ou par écrit au moyen d’un formulaire. Concernant le lieu, il est important de choisir un endroit calme et sûr, facilement accessible pour tous les participants. Lorsqu’il n'est pas nécessaire de mener une enquête et de recueillir des données démographiques, un bref formulaire peut être conçu et remis aux participants à la fin de la discussion de groupe.

                                                                             

                                                                            Comment mener une discussion de groupe

                                                                            Introduction

                                                                            Au début de la discussion de groupe, le modérateur doit présenter l'objectif de la discussion et donner un aperçu des sujets qui seront abordés, donner aux participants l’assurance que leurs réponses resteront confidentielles et anonymes, et fixer les règles de base. Voici un exemple d'introduction à lire à voix haute au début d’une discussion de groupe :

                                                                            « Merci d'avoir accepté de participer à cette discussion de groupe. Nous allons discuter de... Je vous rappelle que les informations données seront traitées de manière confidentielle et que vous pouvez refuser de répondre à l'une ou l'autre des questions et mettre fin à votre participation à la discussion à tout moment.

                                                                            Pour que la discussion de groupe se déroule bien et dans le respect de tous, les règles de base suivantes doivent être respectées à tout moment et par tous :

                                                                            • Une seule personne parle à la fois. 
                                                                            • Ce qui est dit dans la pièce reste dans la pièce. 
                                                                            • Chacun doit avoir la possibilité de partager ses idées, son expérience et ses opinions. 
                                                                            • Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses.
                                                                            • Tout le monde écoute activement et dans un respect mutuel. 

                                                                            En plus de ces règles de base, j’aimerais savoir s’il y a d'autres règles que vous aimeriez ajouter à la liste ».

                                                                             

                                                                            Échauffement

                                                                            Avant d’aborder le questionnaire ou le guide thématique avec le groupe de discussion, un temps d'échauffement peut être ménagé pour mettre les participants à l'aise et pour qu’ils se sentent en confiance afin de s'ouvrir et de partager leurs idées, expériences et opinions. Pour ce faire, commencez par demander aux participants de se présenter (par exemple : « Tout d'abord, j'aimerais que chacun se présente. Pouvez-vous nous dire votre nom ? »), ou proposez un exercice destiné à briser la glace (voir l'encadré « Exemple »).

                                                                            EXEMPLE - Exemple d’exercice pour briser la glace

                                                                            Mot unique : Cette exercice permet aux participants de faire connaissance en partageant leurs réflexions sur un sujet commun. Tout d’abord, divisez les participants en sous-groupes de quatre ou cinq personnes en leur demandant de se numéroter. Cela permet aux participants de s'habituer aux autres membres du groupe. Indiquez aux groupes que leur mission consiste à trouver un mot qui décrit X. Donnez-leur une minute pour trouver un mot. Ensuite, le groupe partage le mot qui décrit X à l'ensemble des participants. Par exemple, lors d'une session sur la facilité d’utilisation des téléphones portables, demandez aux membres du groupe de penser à leur smartphone et de trouver un mot pour le décrire.

                                                                            Source: eVOC Insights, 2013.

                                                                             

                                                                            Questionnaire/guide thématique

                                                                            À l’instar des entretiens, les discussions de groupe peuvent être plus ou moins structurées. Si vous avez une idée précise des questions à étudier, envisagez d'élaborer un questionnaire (le nombre de questions dépendra de la durée de la session et du nombre de participants, mais il ne devrait pas dépasser dix questions). Si vous ne connaissez pas bien les questions à étudier, envisagez d'élaborer un guide thématique qui permettra au groupe de définir lui-même l'ordre du jour et le déroulement de la discussion.

                                                                            Synthès

                                                                            • « Qu’est-ce qui vous a paru vraiment important dans ce que vous avez entendu ici ? »
                                                                            • « Merci pour votre temps et votre participation. Cette discussion a été très fructueuse ».
                                                                            • « Les opinions que vous avez exprimées seront précieuses ... Nous espérons que vous avez trouvé la discussion intéressante ».

                                                                            Après la discussion de groupe

                                                                            Si la discussion est enregistrée, ce qui doit avoir été signalé d’entrée de jeu, transcrivez les discussions dès que possible afin de ne perdre aucune des nuances qui ont été faites.

                                                                            Conseils pour animer une discussion de groupe

                                                                            a) Écouter activement les participants et rester neutre. 

                                                                            Une écoute active consiste à entendre ce que dit chaque personne tout en observant l’attitude corporelle et les expressions du visage, ce qui peut donner des indications sur la façon la plus appropriée de faire participer les membres du groupe. Il est important de rester aussi impartial que possible, même si vous avez une opinion tranchée sur un sujet. Si les participants sentent que vous avez votre propre opinion, ils peuvent être tentés de modifier leurs réponses afin de paraître socialement plus désirables, et de ne pas exprimer ce qu'ils pensent ou ressentent réellement à propos d’un sujet.

                                                                            b) Montrer aux participants que vous écoutez ce qu’ils disent.

                                                                            Parmi les signes courants qui indiquent que vous prêtez attention à ce qu’une personne dit, citons le fait de se pencher légèrement en avant, de regarder directement les participants pendant qu'ils parlent, et de hocher la tête aux moments opportuns. Le fait de détourner fréquemment le regard et/ou de regarder votre montre ou, pire encore, de bailler risque de donner aux participants l'impression qu'ils ne sont pas écoutés ou qu'ils sont ennuyeux, ce qui peut les amener à se désengager de la discussion.

                                                                            c) Mettre à profit le silence pour encourager la formulation d’idées plus approfondies

                                                                            Le fait d'autoriser le silence à certains moments de la discussion peut inviter les participants à développer davantage leur propos.

                                                                            d) Utiliser des questions exploratoires.

                                                                            Lorsque les participants donnent des réponses incomplètes ou hors sujet, il est possible de solliciter des réponses plus détaillées et plus claires. Voici quelques suggestions de techniques exploratoires :

                                                                            •  Répétez la question ; 
                                                                            •  Marquez une pause pour attendre la réponse ; 
                                                                            • Répétez la réponse ; 
                                                                            • Demandez quand, quoi, où, qui et comment ; 
                                                                            • Utilisez des commentaires neutres tels que « avez-vous autre chose à ajouter ? »

                                                                             

                                                                            EXAMPLE

                                                                            Exemple de bonne question exploratoire : 

                                                                            « Pouvez-vous expliquer ce que vous voulez dire par … »

                                                                            Exemple de mauvaise question exploratoire :

                                                                            « Donc vous me dites que … c’est bien cela ? »

                                                                            Le fait de poser des questions exploratoires pour obtenir des clarifications permet également de renforcer chez les participants le sentiment de posséder des connaissances spécialisées, fondées sur leur expérience directe des sujets ou des questions visés par le suivi ou l'évaluation. De bonnes questions exploratoires font comprendre aux participants qu'ils sont écoutés et qu'il est intéressant d'en savoir davantage sur ce qu'ils ont à dire. Il faut éviter de poser des questions suggestives, car elles peuvent laisser transparaître une opinion et donner l’impression aux participants que vous ne cherchez pas à apprendre d’eux en les écoutant de manière impartiale. Ce type de questions peut également amener les participants à donner des réponses socialement désirables.

                                                                            e) Laisser parler les participants. 

                                                                            Afin d'éviter d'interrompre les participants lorsqu’il est nécessaire d’approfondir un élément, notez-le mentalement et interrogez-les à ce sujet une fois qu’ils ont terminé leur réflexion.

                                                                             

                                                                            f) Garder la notion du temps.

                                                                            Certaines personnes ont tendance à parler longuement de leurs idées, expériences et opinions. Le modérateur doit structurer la discussion de groupe de manière à pouvoir obtenir des réponses complètes sans brusquer les participants, tout en respectant les contraintes de temps.

                                                                             

                                                                            g) Faire avancer la discussion. 

                                                                            Lorsque les participants partagent des informations moins pertinentes ou hors sujet, il est possible de faire avancer poliment les discussions de groupe, en soulignant par exemple un élément dont parle le participant et qui est pertinent par rapport à une autre question ou à la série de questions préparées pour la discussion. Une autre façon d’avancer consiste à signaler que le temps passe, et d’inviter les participants à passer à un autre sujet en expliquant qu’il y a encore d’autres aspects à aborder.

                                                                             

                                                                            h) Réduire la pression qui pousse le groupe à se conformer à un point de vue dominant.

                                                                            Lorsqu'une idée est directement adoptée sans susciter de discussion générale ni de désaccord, il est probable qu’une pression du groupe pousse participants à se conformer à un point de vue dominant. Pour minimiser cette dynamique de groupe, il est suggéré de rechercher des points de vue alternatifs. On peut, par exemple, poser la question suivante : « Nous avons eu une discussion intéressante, mais tournons-nous vers d’autres idées ou points de vue. Quelqu'un a-t-il une idée ou une expérience différente qu'il ou elle souhaite partager ? ».

                                                                             

                                                                            i) Prise de notes.

                                                                            Les notes manuscrites doivent être exhaustives et dûment refléter la teneur de la discussion de groupe, ainsi que toutes les observations marquantes relatives à l’attitude non verbale, telle que les expressions du visage, les mouvements des mains et la dynamique de groupe.

                                                                            RESSOURCES

                                                                            Références et lectures complémentaires sur la préparation d’une discussion de groupe 

                                                                            eVOC Insights

                                                                            Humans of Data

                                                                              Exemple de l’OIM – Guide de la discussion de groupe

                                                                              Guide de la discussion de groupe : Extraits du suivi réalisé par l’OIM après la distribution d’articles non alimentaires au Soudan du Sud (Wau, septembre 2017)

                                                                              Deux discussions de groupe ont été organisées, l'une avec des femmes (11 participantes) et l'autre avec des hommes (9 participants). Des agents de mobilisation communautaire ont aidé à réunir les participants. Un interprète local était présent pour faciliter les discussions de l'arabe vers l'anglais et vice versa.

                                                                              Efficacité

                                                                              • Quels articles avez-vous reçus ?
                                                                              • Comment avez-vous entendu parler de l’inscription à la distribution ?

                                                                              Protection

                                                                              • Avez-vous constaté des changements après avoir reçu l’abri et les articles non alimentaires ? (Précisez les changements survenus dans vos relations avec la communauté, la famille et d’autres personnes. Y a-t-il eu des jaloux ? Cela a-t-il eu des répercussions sur votre sentiment de sécurité ? Y avait-il des voleurs ?)

                                                                              Pertinence (des articles)

                                                                              • Les articles que vous avez reçus ont-ils répondu à vos besoins ? (Pouvez-vous classer les articles en commençant par ceux dont vous aviez le plus besoin au moment de la distribution)

                                                                              Couverture

                                                                              • Toutes les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ont-elles été inscrites à la distribution ?

                                                                              Qualité de l’intervention (services fournis par l’organisation)

                                                                              • La communauté, les autorités locales et les bénéficiaires ont-ils été associés à l’établissement des critères et des besoins en matière d’articles non alimentaires ?

                                                                              Responsabilité

                                                                              • Un bureau des plaintes a-t-il été mis en place ?
                                                                                Exemples d’observations et planification et réalisation des observations

                                                                                Exemples d’observations

                                                                                Les observations structurées sont réalisées au moyen d’une fiche d’observations ou d’une liste de vérification précisant les observations que l’on souhaite effectuer.

                                                                                 

                                                                                EXAMPLE

                                                                                Tableau A4.2. Exemple d’observations structurées faites au cours d’une discussion de groupe

                                                                                Expression personnelle des participants dans l’ensemble Réticents à partager des réflexions et des sentiments. Ontdu mal à partager leurs réflexions et leurs sentiments Expriment leurs pensées et leurs sentiments lors de conversations sur des questions « sûres ». Expriment leurs pensées et leurs sentiments lors de conversations sur des questions difficiles
                                                                                Écoute des participants dans l’ensemble Ignorent les contributions des autres. Écoutent les membres du groupe mais ignorent les membres extérieurs au groupe. Écoutent attentivement les contributions des autres Posent des questions aux autres pour entendre différents points de vue.

                                                                                Les observations semi-structurées peuvent être faites à l’aide de guides d’observation.

                                                                                EXAMPLE

                                                                                Tableau A4.3. Exemple d’observations semi structurées réalisées lors d’une discussion de groupe 

                                                                                   
                                                                                Comportement verbal et interactions
                                                                                • Qui s’adresse à qui et pendant combien de temps ?
                                                                                •  Qui initie l’interaction ?
                                                                                •  Quel est le ton de la voix des participants ?
                                                                                •  Les participants attendent-ils leur tour pour parler ?
                                                                                •  Les participants font-ils preuve de tolérance dans les propos qu’ils tiennent ?
                                                                                Comportement physique et gestuelle
                                                                                • Que font les participants pendant la discussion de groupe ?
                                                                                • Qui interagit avec qui ?
                                                                                •  Qui n’interagit pas ?
                                                                                • Quelles sont les réactions des participants pendant la discussion. Par exemple, rire (à propos de quoi), surprise (à propos de quoi), désaccord (à propos de quoi), contrariété (à propos de quoi) ?

                                                                                Les observations non structurées sont généralement réalisées en cours de route ou en parcourant le site d’observation (voir le tableau A4.4).

                                                                                EXAMPLE

                                                                                Tableau A4.4. Exemple d’observations non structurées

                                                                                Voici les indicateurs que les chercheurs doivent utiliser pour orienter leurs observations quotidiennes lorsqu’ils sont sur le terrain

                                                                                Gouvernance/situation politique au sein de la communauté
                                                                                • Les participants font-ils preuve de tolérance dans les propos qu’ils tiennent ? (Visibilité des services publics locaux, tels que les centres de santé, les écoles et différentes associations politiques).
                                                                                • Bureaux locaux d'organisations de défense des droits de l'homme ou initiatives de « renforcement communautaire » (telles que la promotion des droits des femmes et des projets éducatifs et sanitaires).
                                                                                • Caractère fonctionnel des autorités locales (visibilité, accessibilité par le public et expériences personnelles éventuelles).
                                                                                • Présence de la police ou de l’armée dans les rues.
                                                                                • Signes visibles d’activités politiques au sein de la communauté (présence de partis politiques, affiches de campagne).
                                                                                • Niveau de confiance ou de méfiance rencontré dans les expériences personnelles vécues par des membres de la communauté locale.
                                                                                • Atmosphère générale dans la localité (sentiment d’optimisme/pessimisme).
                                                                                Situation socioéconomique au sein de la communauté
                                                                                • État des infrastructures locales (routes, services publics).
                                                                                • Présence d’activités de construction (routes, bâtiments officiels et habitations privées).
                                                                                • Présence d’agences de développement ou d’organisations non gouvernementales (internationales ou locales).

                                                                                Planification des observations

                                                                                Lors de la planification des observations, il est conseillé de tenir compte des étapes suivantes :

                                                                                Étape 1: Déterminer sur quoi porte le suivi ou l’évaluation, c’est-à-dire identifier les indicateurs faisant l’objet du suivi, les critères d’évaluation et les questions à analyser.

                                                                                Étape 2:Déterminer les points particuliers pour lesquels des données doivent être recueillies et comment rassembler les informations nécessaires (fiches d’observations et listes de vérification, guides d’observation et/ou notes de terrain).

                                                                                Étape 3: Sélectionner les sites où seront réalisées les observations.

                                                                                Étape 4: Sélectionner et former des observateurs.

                                                                                Étape 5: Tester les procédures de collecte de données d’observation.

                                                                                Étape 6: Planifier les observations de manière à garantir l'observation des composantes de l'activité qui permettront de répondre aux questions d’évaluation39

                                                                                La procédure de collecte de données d'observation doit être testée avant d'être utilisée dans le cadre du suivi et de l’évaluation. Pour ce faire, au moins deux observateurs doivent se rendre au même endroit et remplir la fiche de relevé des observations. Une fois remplies, les fiches doivent être comparées. Si des différences importantes apparaissent, les observateurs auront peut-être besoin d’une formation supplémentaire ou de précisions. S'il y a peu de différences, la procédure peut être appliquée pour le suivi et l’évaluation.

                                                                                Conseils pour effectuer des observations

                                                                                À faire

                                                                                a) Commencer le processus d’observation sans idées préconçues ni attentes prédéfinies.

                                                                                b) Prendre note des observations et des informations fournies volontairement qui concernent des sujets dépassant le cadre des préoccupations de l'évaluation formelle.

                                                                                c) Consigner les informations contradictoires ou inattendues.

                                                                                d) Rester concentré afin de faire des comparaisons utiles.

                                                                                e) Se montrer actif et curieux pendant le processus d'observation, dont le principe consiste à voir, entendre, sentir, goûter, ressentir et toucher.

                                                                                f) Être conscient de ce que vous n’avez pas vu, comme l’absence de personnes, de services et d’infrastructures.

                                                                                g) Respecter la culture locale.

                                                                                À ne pas faire

                                                                                a) Débuter le processus d’observation avec des attentes prédéfinies ou chercher à recueillir des données principalement dans le but de confrmer une hypothèse préexistante.

                                                                                b) Se fier à sa mémoire pour retenir les informations. Consignez les observations sur la fiche d’observations.

                                                                                c) Se concentrer uniquement sur la misère et le dénuement. Être conscient des capacités, des possibilités et du capital social existant au sein de la communauté touchée.

                                                                                d) Être intrusif. Faites en sorte d'être aussi délicat et respectueux que possible.

                                                                                e) Prendre des photos sans en avoir demandé la permission.

                                                                                 

                                                                                RESSOURCES

                                                                                Références et lectures complémentaires concernant les observations

                                                                                US Department of Health and Human Services, Centers for Disease Control and Prevention (CDC)

                                                                                  Étapes de l’analyse des données qualitatives

                                                                                  Étape 1 : Se familiariser avec les données

                                                                                  Avant de commencer l’analyse des données, les praticiens du suivi et de l’évaluation doivent se familiariser avec elles. Ce processus consiste à lire et à relire les notes prises (les données) dans leur intégralité. À mesure qu'ils parcourent les données, ils doivent prendre note de toutes les réflexions qui leur viennent à l'esprit et synthétiser toutes les transcriptions et tous les éléments de données qui seront analysés. À ce stade, l'objectif est de s’imprégner des données recueillies et d'y réfléchir, en notant ses réflexions et ses intuitions mais en réservant son jugement. Les questions ouvertes que l'on peut se poser comprennent par exemple : « Que se passe-t-il ici? » ou « Qu'est-ce qui vous frappe ? »40

                                                                                  Étape 2 : Cycle initial de codage 

                                                                                  Une fois que le contenu des données est connu, il est possible de commencer à coder le matériel pour regrouper les informations en thèmes et sujets clés pouvant aider à répondre aux questions de suivi et d’évaluation.

                                                                                  Il existe deux grandes approches du codage de données qualitatives. La première consiste à créer un cadre indiquant les buts et objectifs du suivi ou de l'évaluation, qui est ensuite utilisé pour évaluer les données recueillies. Il s'agit d'une approche déductive, car les concepts et les questions qui intéressent l’analyse sont d'abord identifiés, ce qui permet de se concentrer sur certaines réponses particulières des personnes interrogées et d’ignorer le reste.

                                                                                  Le cycle initial de codage commence par un examen des données et l'attribution de mots ou de phrases qui en résument l'essence. Ceux qui suivent une approche manuelle peuvent écrire le code dans la marge, et ceux qui utilisent un logiciel de traitement de texte peuvent taper le code dans la fonction « Commentaire » ou dans une autre colonne.

                                                                                  Les codes attribués à ce stade sont généralement, mais pas toujours, des codes de premier niveau, qui se concentrent sur « ce qui » est présent dans les données. Ils sont descriptifs et reflètent des activités et processus de base contenus dans les données (par exemple, RIRE), de sorte qu’ils ne demandent pas à être interprétés. L’interprétation intervient lors de la deuxième phase de codage.

                                                                                  Tout au long du processus de codage, il est important de comparer sans cesse les données applicables à chaque code et de modifier les définitions des codes pour les adapter aux nouvelles données (ou les codes pour en créer un nouveau). Le regroupement des données en de grands ensembles ou leur fractionnement en tranches plus petites présentent chacun des avantages et des inconvénients41  . Ceux qui fractionnent d'abord les données en petits ensembles, chacun ayant son propre code, regroupent généralement ces ensembles en des catégories plus larges lors des phases ultérieures du codage. En revanche, ceux qui commencent d’abord par regrouper les données procèdent généralement à des distinctions plus fines par la suite.

                                                                                  Quelles données doivent être codées en premier ? Nombre d’experts des analyses qualitatives suggèrent de coder d'abord les données représentatives ou qui sont intéressantes d'une manière ou d’une autre, puis de passer aux données contrastives. Les premiers textes de données codés influenceront le système de codage qui en résultera. Lors des phases initiales, il est donc conseillé de choisir des textes qui représentent une large gamme des données disponibles. Par ailleurs, une approche itérative n’exige pas de soumettre tout le corpus de données à un premier cycle de codage fragmenté et détaillé. Après avoir lu toutes les données à plusieurs reprises et procédé à un codage initial ligne par ligne sur une partie d'entre elles, il est possible d'envisager certaines activités en particulier.

                                                                                  Au moment de s’engager dans le cycle initiale de codage, il est utile de créer une liste de codes et de donner une brève définition ou un exemple représentatif de chacun d'entre eux, surtout si les codes ne sont pas explicites. À mesure que le codage devient plus précis, il est judicieux de créer un livre de codes systématique – une présentation des données qui énumère les principaux codes, définitions et exemples qui seront utilisés pour l'analyse. Les livres de codes sont en quelque sorte des « légendes » des données, qui facilitent la tâche de parcourir des pages de transcriptions, de surlignages et d’annotations.

                                                                                  • 40Tracy, 2013
                                                                                  • 41Bazeley et Jackson, 2013.
                                                                                  EXAMPLE

                                                                                  Un livre de codes peut comporter les éléments suivants :42

                                                                                  • Une brève description du code ;
                                                                                  •  Une description détaillée du code ;
                                                                                  • Les critère d’inclusion (caractéristiques devant être présentes pour inclure les données dans le code) ;
                                                                                  • Les critères d’exclusion (caractéristiques axcluent automatiquement les données du code ;
                                                                                  • Exemples représentatifs (exemples évidents pour ce code) ;
                                                                                  • Exemples atypiques (exemples surprenants pour ce code) ;
                                                                                  •  Exemples trompeurs (exemples qui peuvent sembler s’intégrer dans le code mais qui n’y correspondent pas)43

                                                                                   

                                                                                  • 42Bernard et Ryan, 2010, p. 99.
                                                                                  • 43Tracy, 2013.

                                                                                  En plus de la création d'un livre de codes, il est important de revenir fréquemment aux questions de suivi ou d'évaluation. Étant donné que la plupart des praticiens du suivi et de l’évaluation font face à diverses contraintes de temps et de ressources, nombre d’entre eux s’engagent dans des voies d'analyse qui s'accordent non seulement avec les thèmes qui se dégagent du codage initial, mais également avec ceux qui correspondent aux objectifs, à l’expérience et aux délais du suivi et de l’évaluation.

                                                                                  Tout au long de l'analyse, le fait de revenir sur les questions de recherche et sur d’autres notions sensibilisatrices permet de s'assurer qu'elles sont toujours pertinentes et intéressantes. Les intérêts initiaux ne constituent que des points de départ, et d'autres questions plus saillantes peuvent émerger au cours de l'analyse des données.

                                                                                  Étape 3 : Second cycle de codage 

                                                                                  Le second cycle de codage consiste à examiner de manière critique les codes identifiés lors du cycle de codage initial de codage et à les organiser, les synthétiser et les ranger dans des catégories de concepts interprétatifs. Il a pour objectif d’expliquer, de théoriser et de synthétiser les codes définis lors du cycle initial en identifiant les schémas, règles ou relations de cause à effet et en faisant des interprétations.

                                                                                  Par exemple, s’ils identifient des codes qui réapparaissent continuellement dans les données, les praticiens du suivi et de l’évaluation pourront décider de les relier de manière à répondre à la question de suivi ou d’évaluation posée.

                                                                                  Par conséquent, cette étape permet de mieux savoir quelles données seront les plus importantes pour l’analyse. Certaines données, même si elles sont déjà recueillies, n’auront peut-être qu'un rapport indirect avec les questions étudiées, si bien qu’elles seront exclues de l’analyse. C'est également à ce stade que les praticiens du suivi et de l’évaluation verront si des données supplémentaires doivent être recueillies pour étoffer un nouveau code ou expliquer ce qui est observé dans les données existantes. Pour savoir si des données supplémentaires sont nécessaires, une méthode consiste à poser la question suivante : « L'analyse émergente répond-elle de manière intéressante et significative à la question de suivi ou d’évaluation qui est posée ? ». Si ce n'est pas le cas, cela peut signifier qu’il faut davantage de données ou qu’il est nécessaire de procéder à des activités de synthèse additionnelles.

                                                                                  Tout au long du processus de codage, il est important de noter systématiquement les réflexions et idées qui apparaissent. Il faut, tout d’abord, créer un document dans lequel toutes les activités d'analyse sont consignées de manière chronologique (date et description de ce qui a été accompli en matière d'analyse). Il faut, ensuite, rédiger des notes analytiques. Celles-ci non seulement font partie intégrante du processus d’analyse, mais sont aussi un effet direct de l’analyse. Les notes analytiques sont des espaces de réflexion personnelle sur les données à disposition. Elles aident les praticiens du suivi et de l’évaluation à comprendre ce que disent fondamentalement les données et font office de passerelle entre le codage et la rédaction d'une analyse préliminaire. Bien qu'elles puissent prendre de nombreuses formes, les notes analytiques sont généralement caractérisées par un ou plusieurs des éléments suivants:

                                                                                  • Elles définissent le code aussi précisément que possible ;
                                                                                  •  Elles expliquent ses propriétés ;
                                                                                  • Elles fournissent des exemples de données brutes qui illustrent le code ;
                                                                                  •  Elles précisent les conditions dans lesquelles il apparaît, est conservé et évolue ;
                                                                                  • Elles décrivent ses conséquences ;
                                                                                  • Elles montrent en quoi il est corrélé à d’autres codes ;
                                                                                  • Elles formulent des hypothèses relatives au code44

                                                                                   

                                                                                  • Les notes analytiques sont très utiles pour examiner la façon dont les codes sont corrélés.

                                                                                  Les praticiens devront également se faire l'avocat du diable en procédant à une analyse des cas négatifs. Cette pratique consiste à rechercher activement les données discordantes qui ne semblent pas étyaer l'hypothèse émergente, puis à réviser les arguments afin qu'ils correspondent mieux à l’ensemble des données. L'analyse des cas négatifs dissuade de recourir uniquement à des exemples de données conformes aux premières pistes d’explication et d’ignorer les éléments factuels contradictoires. L'analyse des cas négatifs permet donc de garantir la fiabilité et la crédibilité des explications qui se font jour.

                                                                                  En plus des notes analytiques, les praticiens du suivi et de l’évaluation devront créer une trame d'analyse qui reprend les questions posées et indique comment, potentiellement, les codes émergents y répondent.

                                                                                  Une fois les données codées, il faut résumer les thèmes associés aux codes. À ce stade, les praticiens doivent examiner les codes et les regrouper pour représenter des thèmes communs, marquants et significatifs. Pour ce faire, il peut être utile d'écrire les titres des codes sur des bouts de papier et de les étaler sur une table. Ce processus donnera une vue d'ensemble des différents codes et permettra également de les déplacer et de les regrouper par thèmes. L’objectif est de rechercher les schémas et structures sous-jacents – y compris les différences entre les diverses catégories de personnes interrogées (par exemple, entre les adultes et les enfants, ou entre les hommes et les femmes) si celles ci sont analysées ensemble. Il faut ensuite étiqueter ces groupes de codes (voire certains codes uniques) avec un « thème de base » plus interprétatif. Prenez alors une nouvelle feuille de papier, écrivez l'étiquette du thème de base et placez-la à côté du groupe de codes. La dernière étape consiste à examiner les thèmes de base et à les regrouper en « thèmes principaux » d'ordre supérieur ayant une plus haute valeur interprétative.

                                                                                  • 44Tracy, 2013.
                                                                                  RESSOURCES

                                                                                  Bazeley, P. and K. Jackson

                                                                                  • 2013    Qualitative Data Analysis with NVivo. SAGE Publications Ltd., London.

                                                                                  Bernard, H.R. and G.W. Ryan

                                                                                  • 2010    Analyzing Qualitative Data: Systematic Approaches. SAGE Publications, Californie.

                                                                                  Tracy, S.

                                                                                  • 2013   Qualitative Research Methods: Collecting Evidence, Crafting Analysis, Communicating Impact. Wiley-Blackwell, West Sussex.
                                                                                    Calculer des statistiques descriptives

                                                                                    Le calcul de statistiques descriptives peut être facilement effectué avec Microsoft Excel. Pour ce faire, installez le logiciel d’analyse de données (Data Analysis Tool pack). Ouvrez Excel, allez dans FICHIER | OPTION| ADD INS et ajoutez l'outil d'analyse. Une fois cette opération effectuée, l'outil d'analyse des données devrait apparaître à l'extrême droite de la barre d'outils. L'avantage de l'outil d'analyse des données est qu'il peut faire plusieurs choses à la fois. Si un aperçu rapide des données est nécessaire, il fournira une liste de statistiques descriptives permettant d’expliquer vos données.

                                                                                    INFORMATION - Étapes à suivre pour utiliser l’outil d’analyse de données dans Excel

                                                                                    Étape 1. Installer le logiciel d’analyse de données.

                                                                                    Install Data Analysis Tool pack

                                                                                     

                                                                                    Étape 2. Vérifier que le logiciel d’analyse de données est installé.

                                                                                    Step 2. Check that the Data Analysis Tool pack is installed.

                                                                                     

                                                                                    Étape 3. Ouvrir le logiciel d’analyse de données.

                                                                                    Step 3. Open the Data Analysis Tool

                                                                                     

                                                                                    Étape 4. Effectuer l’analyse des données.

                                                                                    Conduct data analysis.

                                                                                     

                                                                                    Étape 5. Interpréter les statistiques descriptives.

                                                                                    Interpret descriptive statistics.

                                                                                    Source: World Sustainable

                                                                                    RESSOURCES

                                                                                    World Sustainable

                                                                                      Types de visualisations

                                                                                      Il existe de multiples méthodes et outils de visualisation des données. Voici quelques-uns des exemples et des types les plus courants.

                                                                                      Tableau récapitulatif

                                                                                      Les tableaux récapitulatifs présentent les données de manière simple et digeste. L'utilisation d'un tableau récapitulatif permet d’apprécier les données et de relever les valeurs ou les relations significatives qui apparaissent. La figure A4.1 présente un tableau récapitulatif des types de sites accueillant des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays en raison du conflit persistant au Soudan du Sud.

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                      Figure A4.1. Exemple de tableau récapitulatif

                                                                                      Tableau 1. Migrants internationaux, 1970-2015

                                                                                      Année Nombre de migrants Migrants en % de la 
                                                                                      population mondiale
                                                                                      1970 84,460,125 2.3%
                                                                                      1975 90,368,010 2.2%
                                                                                      1980 101,983,149 2.3%
                                                                                      1985 113,206,691 2.3%
                                                                                      1990 152,563,212 2.9%
                                                                                      1995 160,801,752 2.8%
                                                                                      2000 172,703,309 2.8%
                                                                                      2005 191,269,100 2.9%
                                                                                      2010 221,714,243 3.2%
                                                                                      2015 243,700,236 3.3%

                                                                                      Source: IOM, 2017c, p. 15.

                                                                                      Faits et chiffres 

                                                                                      Les infographies sont un moyen utile d'attirer l'attention sur des faits et des chiffres importants dans les données. Des icônes et des images, ainsi que différentes tailles de police, peuvent être utilisées pour présenter les valeurs des données de manière attrayante et facile à comprendre (voir la figure A4.2 à titre d’exemple).

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                       

                                                                                      Example of infographic

                                                                                      Source: IOM, 2020b, p. xii.

                                                                                      RESSOURCES

                                                                                      Ressources de l’OIM

                                                                                      Outils en ligne

                                                                                      Noun Project donne accès à des icônes et images qu’il est possible de télécharger et d’utiliser gratuitement.

                                                                                      Canva et Piktochart proposent des modèles d’infographies gratuits et faciles à utiliser.

                                                                                      Comparaison, classement et distribution

                                                                                      Les diagrammes à barres et les cartes thermiques permettent de comparer, classer et montrer la distribution des valeurs des données. Les diagrammes à barres utilisent un axe horizontal (X) et un axe vertical (Y) pour représenter des données catégorielles ou des données longitudinales. Les diagrammes à barres comparent ou classent les variables en regroupant les données par barres. La longueur des barres est proportionnelle aux valeurs que le groupe représente. Les diagrammes à barres peuvent être tracés verticalement ou horizontalement. Dans les diagrammes à barres verticales, les catégories comparées se trouvent sur l'axe horizontal, et dans les diagrammes à barres horizontales (voir figure A4.3), les pays comparés sont placés sur l'axe vertical. Les diagrammes à barres sont utiles pour classer des données catégorielles en examinant comment deux ou plusieurs valeurs ou groupes se situent entre eux du point de vue de leur grandeur relative à un moment donné.

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                      Proportional population change by region, 2009–2019

                                                                                      Source: IOM, 2019b, p. xii.

                                                                                      Les histogrammes sont des représentations graphiques de la distribution et de la fréquence des données numériques. Ils montrent la fréquence à laquelle apparaît chaque valeur différente dans un ensemble de données quantitatives et continues. Les histogrammes regroupent les données en tranches ou en plages pour montrer la distribution et la fréquence de chaque valeur

                                                                                      La figure A4.4 montre la proportion de personnes interrogées ayant déclaré avoir été exploitées sur l’une quelconque des routes de la Méditerranée centrale, par groupe d'âge. Ici, l'âge des personnes interrogées est regroupé par « tranches », plutôt qu’indiqué individuellement.

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                      Figure A4.4. Example of a histogram

                                                                                      Source: IOM, 2019b, p.22.

                                                                                       

                                                                                      Une autre approche pour visualiser la distribution des données consiste à utiliser des cartes thermiques. La figure A4.5 montre la concentration de migrants de retour au départ du Pakistan et de la République islamique d’Iran dans trois provinces d’Afghanistan (Laghman, Nangarhar et Kounar).

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                      Figure A4.5. Exemple de carte thermique

                                                                                      Example of a heat map

                                                                                      Source: IOM, 2020

                                                                                      Note: Cette carte n’est donnée qu’à titre d’illustration. Les frontières et les noms, ainsi que les désignations qui y figurent n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielle de la part de l’OIM

                                                                                      RESSOURCES

                                                                                      Ressources de l’OIM

                                                                                      Outils en ligne

                                                                                      • Carto permet de présenter des données sur des cartes géographiques

                                                                                      Proportion ou partie d’un ensembl

                                                                                      Les diagrammes circulaires ou en anneau sont des graphiques circulaires divisés en parts, la taille de chaque part indiquant la valeur relative, généralement exprimée en pourcentage. Les diagrammes circulaires ou en anneau donnent une vue d’ensemble des catégories à un moment donné (voir les figures A4.6 et A4.7).

                                                                                      Si vous décidez d’utiliser un diagramme circulaire, veillez à limiter le nombre de parts à cinq, car un trop grand nombre de parts risquerait de détourner le lecteur de l’information essentielle. Il peut arriver que des parts aient relativement la même valeur, ce qui complique la comparaison entre elles. Dans ce cas, un diagramme à barres horizontales sera plus indiqué pour montrer clairement la différence entre les part.

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                       

                                                                                       Example of a pie chart

                                                                                      Source: IOM, 2020

                                                                                      Example of donuts

                                                                                      Source: IOM, 2020, p. 4.

                                                                                      Évolution au fil du temps 

                                                                                      Les diagrammes à barres peuvent également être utilisés pour représenter des données longitudinales qui se répètent dans le temps, afin d'aider à identifier des tendances et des schémas temporels (voir la figure A4.8). Pour montrer des tendances, les graphiques linéaires sont eux aussi très utiles (voir la figure A4.9)

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                       

                                                                                      . Share of global migrants under 20 years of age

                                                                                      Source: IOM, 2020, p. 237

                                                                                       

                                                                                      migration context; they exist for t

                                                                                      Source: IOM, 2020, p. 142

                                                                                      Relations et tendances

                                                                                      Les diagrammes de dispersion sont couramment utilisés pour montrer la relation entre les variables, l’axe horizontal et l’axe vertical étant tous deux des axes de valeurs, et non des axes catégoriels. Par exemple, les Nations Unies ont publié une nouvelle étude qui établit une relation de cause à effet entre les sécheresses de longue durée en El Salvador, au Guatemala et au Honduras et l'augmentation de la migration irrégulière au départ de ces pays vers les États-Unis. « La probabilité que des membres de la famille émigrent est de 1,5% plus élevée parmi les ménages touchés par la sécheresse que parmi les autres ménages similaires ailleurs. Bien qu'il s'agisse d'une valeur faible, son importance tient au fait que la corrélation entre la fréquence des sécheresses et l'émigration est positive et que la probabilité d'émigrer est plus grande que pour les familles qui ne sont pas originaires du Couloir sec »45 . Un diagramme de dispersion peut être utilisé pour illustrer cette relation positive (plus la durée de la sécheresse augmente, plus la migration irrégulière augmente). Dans la figure A4.10, le diagramme de dispersion montre une relation positive entre le nombre d'unités vendues par famille de produits et le revenu. Plus le nombre d'unités vendues est élevé, plus le revenu est important

                                                                                       

                                                                                      Le graphique à bulles est une variante du diagramme de dispersion dans laquelle les points de données sont remplacés par des bulles, avec une dimension supplémentaire des données qui est représentée par la taille des bulles. Tout comme le diagramme de dispersion, le graphique à bulles n'utilise pas d'axe catégoriel ; tant l’axe horizontal que l’axe vertical sont des axes de valeurs

                                                                                       

                                                                                      • 45Programme alimentaire mondial, 2017, p. 16.
                                                                                      EXAMPLE

                                                                                       

                                                                                      Example of a scatter chart

                                                                                      Source: IDMC, 2018, p. 61.

                                                                                       

                                                                                       

                                                                                      Analyse de texte

                                                                                      L’analyse de texte désigne divers processus permettant de modifier des données qualitative afin de pouvoir les organiser et les décrires de manière claire et intuitive. Pour résumer des textes recueillis, tels que les notes des discussions de groupe, il est possible d’effectuer des résumés et des analyses de texte sommaires. L'un des moyens les plus courants pour y parvenir consiste à utiliser les fréquences de mots (listes de mots et Rde leurs fréquences) ou les nuages de mots (voir la figure A4.11).

                                                                                      EXAMPLE

                                                                                      Figure A4.11. Exemple de nuage de mots

                                                                                      Example of word clouds

                                                                                      SourceOIM, 2018, p. 106.

                                                                                      RESSOURCES

                                                                                      Ressources de l’OIM 

                                                                                      Autres ressources 

                                                                                      Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC)

                                                                                      Outils en ligne

                                                                                      CONSEIL - Éléments à retenir lors de la création de données visuelles
                                                                                      • Pour créer de bons graphiques, n'utilisez que quelques couleurs contrastées mais compatibles, qui conviennent également aux personnes souffrant de daltonisme et peuvent être réimprimées en noir et blanc.
                                                                                      •  Dans les graphiques, organisez les données selon une séquence logique, avec les plages de données appropriées pour aider le lecteur à interpréter facilement les données (par exemple, de la plus grande à la plus petite ou classées par période de temps).
                                                                                      • Soyez prudent lorsque vous utilisez des graphiques en 3D, car ils sont souvent difficiles à lire et peuvent masquer ou déformer des données.
                                                                                      • Faites en sorte que les graphiques et les diagrammes restent simples. Évitez d'inclure différentes variables sur différentes échelles dans un même graphique, ou de surcharger le graphique avec trop d’effets visuels, des quadrillages ou des informations inutiles. Si un élément n’est pas utile, laissez-le de côté.
                                                                                      • Pour créer des données visuelles réellement puissantes, l'un des moyens les plus efficaces pour communiquer les données consiste à les situer dans un contexte sous forme de texte. Selon Yuk et Diamond (2014), cinq règles principales sont à observer quand on ajoute du texte à des données visuelles :
                                                                                        • Le texte doit être complémentaire ;
                                                                                        •  Employer des mots simples ;
                                                                                        • Le texte doit être succinct ;
                                                                                        • Éviter d’utiliser des couleurs aléatoires afin que le texte se détache bien des éléments visuels,
                                                                                        • S’assurer que le texte s’applique à toutes les situations correspondant aux données présentées.

                                                                                       

                                                                                      Tableau A4.5. Liste de vérification pour évaluer des données visuelles

                                                                                        Éléments à prendre en compte
                                                                                      1 Ai-je éliminé toutes les informations non essentielles ?  
                                                                                      2 Suis-je en train de submerger le lecteur avec trop de données ?  
                                                                                      3 Le type de graphique choisi éclaire-t-il ou obscurcit-il ce que disent les données ?  
                                                                                      4 Le lecteur sait-il clairement quand les données ont été obtenues et d’où elles proviennent ?  
                                                                                      5 Suis-je cohérent dans le choix des couleurs ?  
                                                                                      6 Y a-t-il des espaces blancs entre les zones de graphique et les zones de texte ?  
                                                                                      7 La mise en page est-elle facilement lisible et ne surcharge-t-elle pas les informations présentées ?  
                                                                                      8 Le choix du graphique est-il adapté à l’objectif visé ?  
                                                                                      9 Les icônes aident-elles réellement à mettre en relief les informations importantes ?  
                                                                                      10 Ai-je évité de répéter les informations dans le texte et dans les graphiques ?  
                                                                                      11 Les sections sont-elles clairement délimitées de manière à faciliter la lecture des données visuelles ?  
                                                                                      12 La taille du texte est-elle appropriée (ni trop petite ni trop grande) ?  
                                                                                      13 Les étiquettes sont-elles claires ?  
                                                                                      14 Le style des différentes étiquettes est-il cohérent ?  
                                                                                      15 Le texte est-il visible dans son intégralité (sans être coupé en partie) ?  

                                                                                      Pour plus d'informations et d'exemples sur les points énumérés dans la liste de vérification pour évaluer des données visuelles (figure A4.2), voir le chapitre 13 de Yuk et Diamond (2014) : « Evaluating real data visualizations », dans Data Visualization for Dummies.

                                                                                      RESSOURCES

                                                                                      Référence et lectures complémentaires

                                                                                      Carrington, O. et S. Handley

                                                                                      • 2017   Data visualization: What’s it all about? New Philanthropy Capital (NPC) Briefing, août. Londres.

                                                                                      Hewitt, M.

                                                                                      Programme alimentaire mondial

                                                                                      • 2017   Food Security and Emigration: Why people flee and the impact on family members left behind in El Salvador, Guatemala and Honduras. Rapport de recherche. Clayton.

                                                                                      Yuk, M. and S. Diamond

                                                                                      • 2014 Data Visualization for Dummies. John Wiley and Sons, New Jersey.

                                                                                      Autres outils en ligne de visualisation des données 

                                                                                      Il existe un large éventail d'outils en ligne de visualisation des données, et nombre d’entre eux sont gratuits. Rappelons que Microsoft Excel est l'outil le plus couramment utilisé pour les visualisations de données et qu'il permet de créer de nombreux diagrammes et graphiques de qualité. Pour accéder à des tutoriels gratuits, à des discussions et à des pratiques exemplaires en matière de création de données visuelles dans Microsoft Excel, consultez le blog Excel Charts blog. En plus d'Excel, voici quelques autres outils en ligne gratuits permettant de créer des graphiques :